Pour un axe France-Maroc-Afrique

Par Charles SAINT-PROT

Dans un discours du 18 mars 1944 à Alger, le général de Gaulle posait le principe d’un axe euro-arabo-africain qui constituerait un centre capital d’une nouvelle organisation mondiale. Cette idée sera reprise à la fin des années 1970 par le président Valéry Giscard d’Estaing lorsqu’il appellera à retrouver les solidarités de la géographie, de l’histoire et de la culture, qui sont « une donnée permanente  pour les nations européennes, pour l’Afrique, pour l’ensemble du monde arabe». Ce sera l’objet du trilogue imaginé par la France à partir de 1979, avec la nomination d’un haut-fonctionnaire, Henri Jean-Baptiste, chargé de mettre en œuvre ce projet. Hélas, ce grand dessein sera enterré par le pouvoir socialiste après l’élection présidentielle de 1981.

Nous savons aujourd’hui que l’un des acteurs majeurs du XXIème siècle pourrait être l’Afrique, davantage encore que la Chine. Ce continent révèle un potentiel de croissance considérable sur le plan économique. Le taux de croissance moyen approche les 7%, ce qui en fait le deuxième pôle de développement du monde moderne après l’Asie. En outre, dans les prochaines années, la progression du français sera principalement due à la montée en puissance des francophones d’Afrique (Maghreb et Afrique subsaharienne, en particulier les pays d’Afrique de l’Ouest), sous la double influence de la démographie et des progrès de la scolarisation. L’ensemble africain représentera 80% des plus de 800 millions de francophones en 2050.

C’est dire l’importance de renouer avec une vision dynamique et originale en imaginant une nouvelle politique africaine d’envergure. La lutte contre le terrorisme  dans l’Afrique subsaharienne reste naturellement une priorité, mais on ne peut se limiter à la gestion ponctuelle des crises sécuritaires et migratoires. Il faut concevoir une nouvelle politique africaine.

À cet égard, la diplomatie française aurait tout intérêt à se coordonner avec celle du Maroc où le Roi Mohammed VI est en train de promouvoir un vaste programme de coopération Sud-Sud tout en affirmant  qu’il faut « multiplier les partenariats bénéfiques avec les nombreux pays développés qui marquent un intérêt constant, un engagement sincère et une implication substantielle en faveur du progrès économique et du développement humain (de l’Afrique) ». En vérité, ce qu’expose ici le Souverain est tout uniment la stratégie d’une coopération triangulaire où chacun  trouverait un intérêt majeur. Ce projet concernera aussi bien un Maghreb enfin débarrassé des conflits du passé pour tendre vers une nécessaire intégration, une Afrique dynamique et des nations européennes – en premier lieu la France –  qui doivent reprendre conscience que leur destin se joue de l’autre côté de la Méditerranée et non dans le cadre étriqué de la petite union européenne..

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