Brexit : l’UE veut dicter les conditions des négociations

L’Union européenne a fixé vendredi ses conditions pour l’épineuse négociation du Brexit, rejetant la demande de Londres de mener dès le départ des tractations parallèles sur l’accord de divorce et sur leur « relation future », notamment commerciale.

Cette première mise au point, avant même que les tractations n’aient vraiment commencé, illustre à quel point cette séparation sans précédent dans l’histoire de l’UE sera complexe, après plus de 40 ans d’une relation tourmentée.

Et elle aura des répercussions en cascade, comme l’a rappelé la demande reçue vendredi par la Première ministre britannique Theresa May de la part de son homologue écossaise Nicola Sturgeon, qui lui demande formellement « le pouvoir d’organiser un second référendum d’indépendance ».

L’UE a précisé de son côté ses exigences.

Certes, les discussions sur la « relation future » avec Londres pourront commencer avant le retrait effectif du Royaume-Uni, selon le projet d' »orientations de négociations » présenté vendredi à la Valette par le président du Conseil européen Donald Tusk.

Mais il faudra d’abord que des « progrès suffisants » aient été faits sur l’accord réglant le retrait britannique et il ne s’agira que de « discussions préparatoires », est-il précisé dans ce texte, que les dirigeants des 27 pays fidèles à l’Union devront adopter lors d’un sommet le 29 avril.

Une fois l’accord de divorce en bonne voie, les 27 sont prêts à préparer « des dispositions transitoires » pour combler le vide entre le moment du Brexit et la conclusion d’un accord sur la relation future, que ce soit sur le plan commercial mais aussi dans d’autres domaines comme la sécurité.

Mais pas question de « commencer des discussions parallèles sur tous les sujets en même temps, comme suggéré par certains au Royaume-Uni », a martelé M. Tusk, prédisant des négociations « difficiles, complexes et parfois même conflictuelles ».

Les 27 veulent ainsi imposer leur cadence, face à un gouvernement britannique désireux de pouvoir négocier en parallèle, et dès le départ, l’accord qui règlera les modalités de sortie de l’UE et celui qui définira les futures relations entre les deux parties.

Dès les premières heures qui ont suivi la notification formelle du Brexit mercredi, une autre pomme de discorde était aussi apparue. Elle concerne la future coopération de Londres avec l’UE en matière de sécurité, que Theresa May a semblé mettre dans la balance pour obtenir des conditions de départ avantageuses.

« Cela doit être un malentendu », a voulu croire vendredi M. Tusk, se disant convaincu que les Britanniques étaient des « partenaires sages et décents ».

« Le Royaume-Uni a un engagement pour la sécurité et la défense de l’Europe », a assuré vendredi le chef de la diplomatie britannique Boris Johnson, à Bruxelles pour une réunion de l’Otan. « C’est inconditionnel et ce n’est pas l’objet d’un marchandage », a-t-il insisté.

Les « orientations » des 27 publiées vendredi ont par ailleurs rappelé les grandes priorités de l’UE pour l’accord de divorce.

Elle veut clarifier le sort des plus de trois millions de ressortissants européens au Royaume-Uni et du plus d’un million de Britanniques résidant dans un autre Etat membre.

« Nous nous assurerons que les citoyens ne soient pas utilisés comme des objets d’un marchandage par quelque partie que ce soit », a prévenu vendredi le Premier ministre maltais Jospeh Muscat.

L’UE voudra aussi lever les incertitudes pesant sur la frontière entre la République d’Irlande et l’Irlande du Nord, province britannique, et exigera que Londres « honore tous ses engagements » financiers.

La Commission a évalué la facture entre 55 et 60 milliards d’euros, selon un haut responsable européen.

Mais Londres « ne reconnaît pas les montants parfois très importants qui ont circulé à Bruxelles », a averti jeudi le ministre britannique des Finances Philip Hammond, laissant présager des tractations particulièrement difficiles sur ce point.

Après le sommet européen à 27 prévu le 29 avril à Bruxelles, il faudra encore que les Etats membres se réunissent en mai, au niveau ministériel, pour adopter des « directives » de négociations plus détaillées.

Le Français Michel Barnier, négociateur en chef de l’UE, devrait alors avoir son mandat en mains pour commencer les tractations avec Londres, presqu’un an après le référendum par lequel les Britanniques ont choisi de quitter l’UE.

Selon un haut responsable européen, le feu vert pour commencer concrètement les négociations devrait être donné le 22 mai par l’UE.

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