Cessez-le-feu globalement respecté en Syrie

Le cessez-le-feu en vigueur en Syrie depuis minuit était globalement respecté vendredi par le régime et les rebelles, en vertu d’un accord négocié sous l’égide de la Russie et la Turquie prévoyant l’ouverture de négociations de paix pour mettre fin à la guerre.

Seuls quelques accrochages isolés ont été rapportés dans la nuit, sans toutefois remettre en question l’accord qui ne concerne pas les groupes classés « terroristes » tels que l’organisation jihadiste Etat islamique (EI).

Cet accord, conclu sans les Etats-Unis, avait été annoncé jeudi par le président russe Vladimir Poutine et confirmé par l’armée syrienne et la Coalition nationale syrienne (CNS), principale composante de l’opposition en exil.

« Il n’y a pas eu de violations importantes » du cessez-le-feu, a indiqué à l’AFP le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane. « Depuis minuit, nous n’avons enregistré aucune perte civile », a-t-il souligné.

La guerre en Syrie, qualifiée de « cancer à l’échelle mondiale » par Antonio Guterres –qui succède le 1er janvier au secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon– a fait plus de 310.000 morts et des millions de réfugiés depuis mars 2011.

Des correspondants de l’AFP en territoire rebelle, dans la province d’Idleb (nord-ouest) et dans la Ghouta orientale à l’est de Damas, ont indiqué que la situation était calme depuis le début de la trêve.

Mais dans la nuit, des factions proches de la mouvance jihadiste, donc vraisemblablement exclues de l’accord, ont attaqué des positions du régime près de la ville de Mahrada dans la province de Hama (centre), selon l’OSDH, qui fait état de victimes parmi les forces du régime. D’autres incidents, tel un tir d’obus imputé aux forces du régime dans la province de Deraa (sud), ont également été signalés, selon l’Observatoire.

Le cessez-le-feu intervient une semaine après la reprise totale de la ville septentrionale d’Alep par le régime de Bachar al-Assad, sa victoire la plus importante, qui n’aurait pas été possible sans le soutien de ses alliés indéfectibles, l’Iran et la Russie.

Depuis le début du conflit en 2011, plusieurs cessez-le-feu négociés par Washington et Moscou ont rapidement volé en éclats.

Mais cette fois-ci, les Etats-Unis, qui soutiennent la rébellion et sont en désaccord avec la Russie sur la Syrie, ont été écartés des négociations alors que la Maison Blanche attend l’arrivée prochaine du président élu Donald Trump.

« Tout effort pour arrêter la violence, épargner des vies et créer les conditions pour une reprise de négociations politiques constructives est le bienvenu », a toutefois réagi jeudi soir le porte-parole de la diplomatie américaine Mark Toner, reconnaissant « une évolution positive ».

En revanche, c’est la première fois que la Turquie, soutien des rebelles, parraine pareil accord. La coopération russo-turque sur le dossier syrien avait repris en juin après des mois de crise et avait permis d’imposer un cessez-le-feu à Alep et l’évacuation de civils et des combattants des derniers quartiers insurgés de la métropole.

Selon la Russie, le cessez-le-feu a été approuvé par « les principales forces » de la rébellion. Au total, sept groupes rebelles, dont le puissant Ahrar al-Cham, ont approuvé l’accord.

« Trois documents ont été signés: un premier entre le gouvernement et l’opposition armée sur un cessez-le-feu sur l’ensemble du territoire syrien », et le deuxième sur des mesures visant à contrôler le respect de la trêve, avait indiqué jeudi M. Poutine.

« Le troisième est une déclaration sur la volonté (des parties en conflit) de lancer des négociations de paix », avait-il poursuivi.

A Ankara, le président turc Recep Tayyip Erdogan a rappelé que les « organisations terroristes » étaient exclues du cessez-le-feu, ajoutant que l’offensive de la Turquie contre le groupe Etat islamique (EI) dans le nord de la Syrie se poursuivrait « avec la même détermination ».

Le nouveau cessez-le-feu, qualifié d' »opportunité historique » pour mettre fin à la guerre en Syrie par M. Erdogan, doit ouvrir la voie à de nouvelles négociations de paix prévues en janvier à Astana, la capitale du Kazakhstan.

« Nous commençons avec les Turcs et les Iraniens à préparer la rencontre d’Astana », avait ainsi indiqué jeudi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.

MM. Poutine et Assad avaient estimé lors d’un entretien téléphonique que le lancement de ces négociations « serait un pas important vers le règlement définitif de la crise », selon le Kremlin.

La réunion d’Astana précèdera des négociations inter-syriennes qui doivent être organisées par l’ONU le 8 février à Genève. Astana n’est pas « une alternative à Genève », selon le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu mais « une étape complémentaire ».

Le conflit en Syrie, déclenché en 2011 par la répression sanglante de manifestations prodémocratie pacifiques, s’est transformé en une guerre complexe impliquant une multitude d’acteurs, syriens et étrangers.

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