“China Africa Investment Forum”: Les 8 convictions de Othman Benjelloun, un modèle de partenariat agissant

M.Othman Benjelloun, Président du Groupe BMCE Bank of Africa a pris part activement au China Africa Investment Forum, organisé à Marrakech du lundi 27 au mardi 28 novembre, consacré à la coopération triangulaire Chine, Maroc et Afrique, avec ce thème qui nous interpelle : One Belt One Road », « Une  Ceinture, Une Route, ou une Nouvelle Route de la Soie ».

A cette occasion, il a prononcé un discours à la tonalité forte et au contenu novateur. Il a exposé ce qu’il a appelé « les 8 convictions » chevillées au corps et qui sont un véritable plaidoyer de son engagement et de celui de son groupe, mais aussi un programme d’action.

Voici le texte intégral de son discours :

« Monsieur le Ministre, Excellences Mesdames Messieurs,

C’est un véritable bonheur et une fierté  que nous ressentons aujourd’hui d’être partie prenante et d’associer le nom du Groupe BMCE Bank of Africa, à l’organisation de cette édition de China  Africa Investment Forum.  Cette fierté est légitime en tant que Marocains et Africains et, pour ma part,  en tant que Président  d’un Groupe – BMCE BANK OF AFRICA – qui, depuis plusieurs décennies et, plus particulièrement, au cours des deux dernières,  a invariablement affirmé  son crédo sinophile  en même temps que son  africanité , en l’espèce, son africanité financière  en disposant d’une implantation à Pékin dès l’an  2000 et très bientôt à Shanghai ainsi qu’à travers de multiples implantations au Nord,  à l’Ouest, au Centre, à l’Est puis au Sud de notre cher continent. 

Vous avez voulu,  M. le Ministre et Cher Ami Moulay Hafid,  que,  lors de ce panel sur les priorités et le nouveau cadre de développement, on puisse, plus particulièrement, avancer  quelques réflexions et convictions  par rapport à l’évolution de la relation sino africaine, à l’aune de la nouvelle politique chinoise «  Yi Dai- Yi Lu » en Mandarin  « One Belt One Road », « Une  Ceinture, Une Route »,  qu’on appelle également la  «Nouvelle Route de la Soie ». 

Permettez alors, Excellences Mesdames Messieurs, que je puisse  faire part à cet égard,  de quelques convictions que m’inspire ce thème majeur et d’une brûlante actualité. 

1.Une première conviction est que l’annonce, en 2013,  par le président Xi Ping, de l’initiative OBOR – «  One Belt One Road » n’est pas une simple « occurrence » diplomatique, commerciale, ou économique.  Il s’agit  d’une véritable donne géopolitique nouvelle et majeure, émanant  d’une puissance économique et politique planétaire,  destinée à éveiller la conscience du monde. Le message qui en est tiré est que le monde a  besoin d’une « utopie fondatrice et créatrice », d’un dessein planétaire qui représente, ultimement, un cadre global de mondialisation, un cadre qui aura été partagé, un cadre qui soit cohérent,  financé et mutuellement bénéfique aux Nations du monde en ce XXIe siècle. 

2.Notre deuxième conviction est que l’enseignement de l’Histoire,  ici en l’occurrence celle immémorielle chinoise, avec l’Antique « Route de la Soie » du 3èmesiècle avant l’ère contemporaine ( avant Jésus Christ ) , commande qu’un cadre de partenariat mondial, public, privé et multilatéral,  soit nécessairement multisectoriel et multidimensionnel. Il commande  qu’il adresse autant le terrestre que le maritime,  les infrastructures physiques autant que les immatérielles, le réel autant que le virtuel, l’économique  autant que le sociétal, le culturel autant que le sécuritaire.  

  1. Notre troisième conviction est que la nouvelle «  Route de la Soie » doit, à l’égard du Continent Africain, adopter une approche holistique ( globalisante ) pour les activités économiques qu’elle compte promouvoir de même que pour les géographies qu’elle va impliquer. 

L’initiative OBOR avait prévu d’associer, en effet,  le flanc oriental de l’Afrique -Kenya, Ethiopie, Egypte notamment -, à travers des voies maritimes. La Face Nord-Ouest de notre Continent, sa façade atlantique plus généralement, méritent tout autant que les autres d’y être intégrées.  

Car, c’est à travers toutes ses composantes  que  l’Afrique représente une part essentielle du destin de notre planète. C’est de l’Afrique dont dépendent, ultimement, la stabilité et la sécurité de notre monde globalisé. C’est en Afrique dont se nourrira une part importante de la croissance  économique mondiale. C’est parce que l’Afrique est le continent de toutes les promesses et, en même temps, de toutes les fragilités.

  1. Notre quatrième conviction est que cette  approche holistique devrait résulter  d’une «  vision mondiale du développement de l’Afrique ».

Cette vision, que nous appelons de nos vœux, doit être coordonnée  puis appropriée  par l’ensemble de la communauté internationale. Elle devra avoir tenu compte des objectifs de la Vision à Cinquante ans élaborée par l’Union Africaine -« l’Agenda 2063 »-; elle aura englobé  la « Vision 2020 » de la CEDEAO, la« Vision 2050 » de l’East Africa Community. Elle s’intéressera, pareillement, aux travaux prospectifs élaborés par des organismes issus de grands cabinets internationaux de consultants, des organismes multilatéraux comme la Banque Africaine de Développement, la CNUCED, la Banque Mondiale ou le Fonds Monétaire International.

 

Une vision mondiale du développement de l’Afrique

La  « vision mondiale du développement de l’Afrique »  serait déclinée en plans sectoriels, programmés et échéancés à l’issue d’une conférence mondiale sur l’Afrique, à l’instar d’une Cop 22 ou 23. 

L’Afrique le mérite. L’Afrique, berceau de l’humanité, en a besoin pour l’avenir de son milliard de consommateurs qui seront le double en 2050,  ce continent menacé par les changements climatiques, par le Terrorisme, fragilisant des démocraties «  en devenir »,  guettées par l’effondrement de certains États. L’Afrique le mérite parce qu’elle regorge de ressources fossiles et renouvelables, parce qu’elle est riche d’énergies et de talents d’une jeunesse assoiffée de savoir et de progrès, à l’ère des technologies des réseaux et d’une ère de la libération de la parole et de l’image.  

  1.  Notre cinquième conviction est que l’initiative «  Une Ceinture,  une Route », peut établir un nouveau paradigme des relations Sino-africaines et s’affranchir des relations bilatérales« en peine » de coordination entre la Chine et, potentiellement, les  54 pays africains,  en choisissant au Nord-Ouest de notre Continent, un territoire qui est : 

– La  «  porte d’entrée » idoine de l’Afrique,  à 14 kms de l’Europe; 

–  Une vielle nation de 1200 d’âge ;

– Un jeune pays incarné par son Roi, SM Mohammed VI ;

–  Un havre de paix et de sécurité ;

– Un modèle d’émergence économique,  basé sur un partenariat stratégique multidimensionnel avec le monde et, en particulier, avec l’Afrique. 

On l’aura compris : la «nouvelle Route de la Soie» devait associer étroitement le Maroc dans la relation de la République Populaire de Chine avec l’Afrique. Le choix du Maroc est, par ailleurs,  fondé sur une légitimité historique : 

– depuis  plusieurs siècles,  des relations spirituelles et commerciales lient le Maroc avec les  pays du centre et de l’ouest de l’Afrique

Le Maroc a reconnu la Chine en…1958

 – la « Nation de la Longue Marche »-   la Chine – et la « Nation de la Marche Verte » – , le Maroc-  entretiennent  une relation remontant au huitième siècle sous la dynastie chinoise des Tang. C’est une relation qui fut magnifiée par les visites des voyageurs, notamment au XIVe siècle, d’Ibn Batouta, ressortissant de ce que l’on nommait alors « l’Empire Fortuné » qui a séjourné, trois ans durant, dans «  l’Empire du Milieu ».  La relation d’amitié sino-marocaine fut consolidée à l’ère contemporaine quand le Maroc fut à l’ère de Sa Majesté le Roi Mohammed V parmi les tous premiers pays au monde,  à reconnaître la République Populaire de Chine en novembre 1958. Elle fut développée  à un niveau exceptionnel de confiance réciproque à l’ère de Feu SM Hassan II avant de faire l’objet d’un partenariat stratégique en Mai 2016 lors de la visite historique de SM Mohammed VI à Pékin.

  1. Notre sixième conviction, est que le Maroc se trouve le mieux positionné pour représenter une plaque tournante  des relations sino- africaines et au-delà,  pour les relations sino-européennes, sino-atlantiques ou encore sino-arabes.  Notre pays a, en effet, vocation d’être une plate-forme de production et d’exportation pour le rayonnement des industries, des services et en général, du savoir-faire chinois vers le continent africain et de par le monde. Notre pays a bâti une véritable stratégie africaine multidimensionnelle portée  par Son Souverain,  sur laquelle sont alignés l’ensemble des investisseurs,  des opérateurs privés et publics,  nationaux et étrangers. Des zones économiques au Maroc ont été identifiées pour accueillir des plates-formes d’investissement et d’échanges avec des pays essentiellement d’Europe puis,  potentiellement,  avec tous ceux liés au Royaume, par des accords de libre-échange ou de quelconques accords préférentiels. Des  réalisations industrielles remarquables  illustrant ces stratégies réussies d’un « Maroc porte d’entrée en Afrique », sont déjà enregistrées  comme dans le domaine aéronautique à Casablanca ou dans l’automobile à Tanger et, bientôt,  à Kenitra. 

Je voudrais alors souligner l’exemple d’un projet monumental et emblématique qui se trouve au tout début de sa mise en œuvre:   la Cité Industrielle Mohammed VI Tanger Tech. 

Elle est prévue, dans les 10 à 12 prochaines années, de mobiliser jusqu’à 11 milliards de dollars d’investissement, de créer une ville entière, moderne et futuriste, écologique et connectée,  en même temps qu’elle sera  résidentielle. La Cité Mohammed VI Tanger Tech sera mitoyenne du plus grand port de transbordement d’Afrique Tanger Med. D’une superficie totale de 2000 ha, elle devrait accueillir 300 000 habitants et créér plus 100.000 emplois dans une dizaine de secteurs industriels et de services. 

On peut alors entrevoir,  Excellences Mesdames Messieurs, combien sera porteuse de grandes réalisations économiques mutuellement bénéfiques pour l’ensemble des parties prenantes, la prochaine adhésion du Maroc à la communauté des États d’Afrique de l’Ouest, la CEDEAO. 

  1. Notre septième conviction est relative au rôle du secteur financier en général et bancaire en particulier, de Chine et d’Afrique. En son sein, les banques marocaines et, plus précisément,  le groupe que je préside, BMCE BANK OF AFRICA,  peuvent représenter l’effet de démonstration d’un partenariat sino-africain d’excellence. 

L’engagement solennel du groupe BMCE Bank of Africa

De cette tribune, je voudrais réitérer alors, solennellement, notre disposition,  en tant que BMCE BANK OF AFRICA,  à voir s’établir des liens structurels entre nos banques, à travers des Initiatives fortes en même temps qu’elles sont hautement symboliques, des initiatives pouvant aller jusqu’à des prises de participations capitalistiques entre institutions financières chinoises et marocaines.

Nous affirmons à nos amis et partenaires chinois qu’investir dans la banque au Maroc comme BMCE BANK OF AFRICA,  c’est investir autant au Maroc que dans le territoire africain. C’est investir dans une action et dans une volonté de long terme, celle qui fait participer nos établissements à la bancarisation des populations de leur pays d’implantation en Afrique. C’est investir dans des institutions qui œuvrent  à l’élargissement de l’accès au financement de franges diversifiées des populations à travers le continent.

Le bien-fondé d’un partenariat fort entre financiers marocains, africains  et chinois est d’autant plus prégnant que le Maroc a réussi à forger une ambition pour sa capitale économique en l’érigeant en tant que Hub financier pour l’Afrique. Cette ambition et ce programme s’intitulent Casa Finance City.  

Ce credo sinophile et africain,  nous l’avons toujours proclamé en tant que BMCE BANK OF AFRICA, en tant que banque pionnière installée à Pékin dès 2000 et en Afrique dès 1989. 

De par les projets qu’il mène au service de la relation afro-maroco- chinoise, notre Groupe   mérite autant d’être dénommé BMCE BANK OF AFRICA que BMCE BANK OF CHINA. Ce sont d’autres initiatives, notamment dans l’Assurance au service de la Chine et de sa relation avec l’Afrique, qui viendront conforter cette vocation dont nous aurons, dans les tous prochains mois, à en dévoiler la teneur et les enjeux.  

  1. Je voudrais conclure en énonçant une  huitième et dernière conviction: «  l’Histoire  de l’Initiative One Belt One Road » doit constamment être  évolutive et son déploiement s’envisager dans la longue durée. Elle a associé, jusqu’à lors,  une centaine de parties prenantes, des pays et des organismes  multilatéraux et de la société civile… Depuis le vendredi 17 novembre, nous avons appris avec plaisir et intérêt qu’elle accueille,  désormais, un nouveau partenaire: le Royaume du Maroc. 

Le Ministre  marocain des Affaires étrangères et de la Coopération internationale,  M. Nasser Bourita a, en effet, signé avec les autorités publiques chinoises, il y a quelques jours donc, un Mémorandum  portant sur l’adhésion du Maroc à l’initiative OBOR, en vue de permettre au Royaume d’établir des partenariats multipartites dans des secteurs prometteurs  et à valeur ajoutée telles que les infrastructures, les industries avancées ou la technologie. Cette adhésion du Maroc est d’autant plus opportune que la formalisation d’un tel cadre nouveau de partenariat qui représente, précisément,  l’un des axes de réflexion et de recommandation de notre Panel aujourd’hui,  intervient quelques semaines avant  l’année 2018, quand sera célébré le  60èmeanniversaire de l’établissement des  relations diplomatiques entre ces deux grandes nations. 

Voilà, Excellences Mesdames Messieurs, les quelques convictions et autant de recommandations que nous inspire le thème de ce premier Panel du «China Africa Investment Forum»  aux travaux duquel je souhaite plein de succès et qu’il augure de futures et belles opportunités de partenariat et de réalisations  sino-maroco -africaines. »

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