Le coaching, mode ou besoin des temps modernes ?

Dossier du mois

Coaching et amateurisme

Jihane Labib, Professional Certified Coach, International Coach Federation, DG du Laboratoire du Coaching « CoachingLab », ICF Morocco President 2013- Avril 2016

Pour comprendre le coaching, il faut remonter à ses origines, même si aucun courant ne peut déclarer sa paternité. Le terme « coach » a été uti­lisé lors du 19ème siècle pour désigner quelqu’un qui transportait d’un point A vers un point B. Ensuite, emprunté par le monde du sport pour définir le rôle du res­ponsable d’amener l’équipe à la victoire. Par la suite, il a été intégré, depuis les an­nées 1980, dans le monde de l’entreprise où il a connu son réel essor, aux USA d’abord puis dans le reste du monde.

Aujourd’hui, nous ne pouvons plus qualifier le coaching comme étant un effet de mode, car il a été introduit dans le système social et a réussi à faire ses preuves par ses résultats probants et im­pactants.

Un métier reconnu mondialement mais non réglementé

Le coaching est un métier qui dispose d’un référentiel reconnu mondialement dont les clients et utilisateurs sont les multinationales, les gouvernements, les organisations non gouvernementales, les instances internationales et le grand public. Ils font appel au coaching pro­fessionnel tel que défini par la Federation Mondiale du Coaching ICF.

En l’absence d’une loi, les profession­nels, ayant la même vision du métier, se sont organisés en associations profes­sionnelles pour défendre la profession selon les mêmes codes éthique et déon­tologique.

L’engouement autour du coaching, ces dernières années, s’explique par les contextes économique, politique et social avec la crise financière, les licenciements, la pression des capitaux pour réaliser plus de chiffre d’affaires, de résultats, de consommation. Ce sont des paramètres qui ont contribué à un épuisement des individus et une perte de sens dans les sociétés modernes.

Travailler ardemment toute une vie pour assurer une certaine qualité de vie selon des standards figés d’un système qui s’est avéré défaillant avec la chute de certaines économies (maison, biens, voitures, voyages, éléments de confort et de luxe, consommation effrénée..) ne répond plus à une raison de vivre.

De ce fait la quête d’un nouveau sens, un équilibre qui tiendrait compte et prendrait soin des individualités a motivé davantage le chemin vers le coaching.

Enjeux du coaching

Le coaching se définit comme suit : « Les coachs professionnels proposent un partenariat pour aider leurs clients à obtenir des résultats gratifiants dans leur vie personnelle et pro­fessionnelle. Ils aident les gens à améliorer leur per­formance et à rehausser leur qualité de vie.

Les coachs sont formés pour écouter, pour obser­ver et pour adapter leur approche aux besoins in­dividuels de leurs clients. Ils cherchent à susciter chez eux l’émergence de solutions et de stratégies : ils considèrent que leurs clients possèdent la créa­tivité et les ressources né­cessaires pour y parvenir.

Le rôle du coach est donc de fournir un sou­tien pour renforcer les habiletés, les ressources et la créativité que les clients possèdent déjà. »

L’objectif principal du coaching est d’amener le coaché vers l’autonomie, c’est-à-dire qu’il définit, lui-même, le meilleur choix et solution qui lui conviennent.

Le sentiment de bien-être et de sérénité sont des résultantes logiques du travail et de l’effort sincère effectués par le coaché dans son cheminement. Il est le premier responsable de son action puisque du­rant tout le travail d’accompagnement, le coach professionnel veille sur la res­ponsabilisation du coaché et met en place un processus bienveillant qui lui permet de mieux se connaître, renforcer sa confiance en soi, clarifier ses objectifs et se challenger.

Aussi le coaching n’est ni une thérapie, ni du conseil, ni du mentoring.

Le terme « coach professionnel » ne s’explique pas par le volet « entreprises ou travail ». Selon ICF et les standards internationaux, le coach professionnel est une personne qui s’est formée au coa­ching, qui a expérimenté le coaching et qui a réalisé un travail de développement personnel sur elle-même et continue de se faire superviser par rapport à sa pratique d’accompagnement.

Axe d’ancrage du développement de l’individu

Les coachs professionnels disposent d’expériences probantes à travers leur précédente profession : cadre, manager, enseignant, médecin, ingénieur…etc.

A titre d’exemple, un coach profession­nel de vie privée veut dire qu’il a suivi des formations adéquates en coaching après sa formation de base et ses années d’exercice professionnel et a décidé de s’orienter vers le coaching de vie privée.

Le coaching est un processus d’accom­pagnement, qui stipule une méthodologie et une structure précises.

Le choix de la spécialité émerge pour chaque praticien en fonction de son expé­rience, son travail personnel et son choix de pratique.

Notre société se distingue par ses ca­ractéristiques culturelles, religieuses et sa dynamique sociale certes, pourtant elle reste aussi variée que d’autres notamment l’Inde, l’Amérique latine, la Chine… et autres. Dans les pays développés et en voie de développement, le coaching a su donner des réponses à plusieurs ques­tionnements, simples et complexes, de la performance à l’identitaire, sans toutefois glisser dans les domaines de la thérapie. Il reste un axe d’ancrage du développement de l’individu avec une meilleure compré­hension de sa propre communauté.

Femmes et coaching

Selon ICF (l’étude Internationale sur le coaching dans le monde et au Maroc en 2015 et restituée en 2016, exécutée par PWC), il ressort que : les femmes représentent 67% des entraîneurs dans le monde. À l’échelle régionale, la part des femmes praticiennes est plus élevée en Amérique du Nord et plus faible dans les marchés émergents. Au Maroc, 61,1% des répondants sont des coachs femmes.

Comment expliquer cela ? A mon avis, la femme est plus ouverte aux changements (vu sa nature physique : donner la vie, veiller sur celle de ses en­fants…) et s’inscrit facilement dans la relation d’aide, elle se pose également plutôt son questionnement existentiel, sa capacité à s’orienter vers l’humain et prendre en charge des émotions intenses et diversifiées. Toutes ces qualités font d’elle un catalyseur de bon potentiel et lui confèrent une assise psychologique forte pour se lancer dans une profession d’accompagnement.

Accompagnement gratuit versus payant ?

Plusieurs formules existent, celles payantes et celles prises en charge par des tiers (des fonds internationaux ou et nationaux ou entreprises).

ICF prévoit, à travers le monde entier, des actions de coaching Probono, c’est-à-dire solidaire et gratuit au profit des cibles démunies. C’est aussi le cas au Maroc.

Par ailleurs, plusieurs coachs et écoles de coaching avec qui j’ai eu le plaisir de collaborer font bénéficier des organismes non gouvernementaux marocains, des étudiants, des jeunes entrepreneurs, de coaching gratuitement.

Toutefois, au Maroc comme partout dans le monde, le métier n’est pas organi­sé vu sa jeunesse. C’est pour cela qu’ICF existe et a mis en place le code d’éthique et de déontologie.

ICF a mis en place également la certi­fication internationale de la pratique qui permet aux coachs de démontrer leurs connaissances et leurs habiletés et aussi un engagement envers les normes pro­fessionnelles les plus élevées et le respect d’un code de déontologie rigoureux.

J’invite toute personne qui souhaite faire appel au coaching de prendre connaissance de ce code pour mieux comprendre quels sont ses droits en tant que client.

Coaching et amateurisme

Le danger réside dans la responsabi­lité des différents acteurs publics à faire connaître le métier et ses exigences, no­tamment les médias à savoir les TV et Radios, la presse électronique et écrite.

Ma recommandation pour les médias surtout ceux qui ont un souci d’audimé­trie est de veiller au respect de la déon­tologie avant de produire des émissions sur le coaching. Notre rôle à tous en tant que professionnels est de transmettre la bonne information au public, de l’aider à faire la différence entre des solutions « cocotte minute » et celles qui durent.

En coaching, nous parlons d’une demande formulée de la part de la per­sonne qui désire un accompagnement et d’objectifs à fixer. Il s’agit de besoins et d’autonomie à atteindre.

Le coaching se passe ici et mainte­nant avec la responsabilité du coaché. On parle alors de client, de coaché, de personne coachée, le coaching est une co-construction de solution qui convient aux ressources du coaché.

Le coach, lui, est responsable du pro­cessus et non du contenu, il n’est pas ex­pert de la problématique. Il n’apporte pas de solution, ne juge pas et n’intervient pas dans les sujets de la thérapie ou qui relève du passé (structure de la personna­lité, problème d’enfance …).

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