Commissaire principal Souad Azi, une pionnière qui a balisé la voie du succès pour des générations de Marocaines

Si, aujourd’hui, les femmes marocaines accèdent de plus en plus aux postes de responsabilité dans divers domaines, c’est en grande partie grâce à des pionnières qui ont surfé sur la première vague et fait preuve de beaucoup de persévérance et de compétence pour leur baliser le chemin du succès. 

Sur ce registre, le Commissaire principal Souad Azi, chef du 1-er arrondissement au district de Kénitra-centre et mère de 5 enfants, est une parfaite illustration. Cette femme ambitieuse au regard déterminé a, en effet, intégré le corps de la Sûreté nationale en 1998 dans le cadre de la première promotion de policières, à une époque où on croyait peu, ou pas, à la capacité de la gente féminine de suivre la cadence dans un métier exceptionnel exigeant beaucoup de disponibilité et de sacrifices.

Dans un univers complétement étranger aux femmes, où seule la compétence compte, Souad a réussi à se forger une carrière et gagner la confiance de ses supérieurs hiérarchiques, en faisant preuve de patience et d’assiduité et en répondant présent à chaque fois que de nouveaux horizons étaient ouverts. Le secret de ce succès réside, en grande partie, dans la perception que porte Souad à son métier, qu’elle considère comme « un rêve qui a fini par se réaliser« .

« L’accès au corps de police n’a été ni le fruit du hasard, ni le fait du destin. En fait, quand j’étais enfant, à chaque fois que je passais devant l’Institut royal de police, qui se trouve dans la ville de Kénitra où j’ai vécu, le rêve d’accéder à cet établissement traversait mon esprit, sans vraiment croire qu’il allait se réaliser un jour« , a confié Souad à la MAP. « Mais quand le premier concours d’assistantes de police a été lancé, je n’ai pas hésité une seconde à postuler et c’est un choix que je n’ai jamais regretté« , a-t-elle affirmé.

Ainsi, Souad, licenciée en littérature française, a totalement changé le cap pour rattraper son rêve d’enfance et embarquer, elle et ses collègues femmes de la même promotion, dans une expérience inédite dont la réussite dépendait de leur rendement. « Certes, il s’agit d’un domaine difficile, car qui dit police pense immédiatement à la lutte contre la criminalité avec tous les risques que cela implique« , affirme Souad. « Mais cela n’a pas empêché les femmes policières, grâce à l’encadrement et les orientations assurés, de s’adapter et de faire leur preuve dans les différentes tâches qui leur ont été confiées, ce qui leur a ouvert d’autres horizons, que ce soit en termes de promotions ou de missions« , a-t-elle noté.

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Et les premiers fruits ne tardèrent pas à apparaître, avec l’ouverture, en 2002, des promotions aux différents grades d’officier devant les femmes policières, qui n’avaient jusque-là accès qu’au rang d’assistante. Un tournant que Souad aborde avec détermination, en revenant aux bancs de la fac pour pouvoir obtenir une licence en droit, exigée pour l’accès au rang d’officier.

« A l’époque où j’ai débuté en Sûreté nationale, le seul grade accessible aux femmes était celui d’assistante, qui les cantonnait dans des tâches administratives loin du terrain« , raconte-t-elle, mais à partir de 2002, de nouveaux horizons ont été ouverts aux femmes policières, avec la possibilité d’accès au rang d’officier.

« Il a fallu tout d’abord obtenir une licence en droit qui était une condition pour accéder au rang d’officier, puis j’ai passé plusieurs concours pour gravir les échelons et multiplier les promotions jusqu’à l’obtention de mon grade actuel« , a-t-elle poursuivi, ajoutant que la formation juridique l’a énormément aidée dans sa vie professionnelle.

Aujourd’hui, Souad chapeaute le 1-er arrondissement de Kénitra englobant dans sa circonscription le centre de la ville, qui se caractérise par une concentration des commerces, des lieux de loisir, des administrations et des différents établissements et institutions et, par la même, par un trafic dense tout au long de la journée, autant de facteurs qui multiplient les risques et exigent de la rigueur, de la vigilance et beaucoup de professionnalisme pour gérer des situations aussi multiples que différentes.

Mais, les tâches administratives et sécuritaires de la police n’ont plus de secret pour Souad et, du haut de ses 20 ans d’expérience, elle était naturellement prédestinée à superviser un des arrondissements les plus importants de Kenitra. « Un chef d’arrondissement de police, ou la +grande école+ comme nous l’appelons, est appelé à assurer, en tout temps, toutes les missions de police dans sa circonscription, que ce soit de nature administrative ou judiciaire ou de maintien de l’ordre public. Il est responsable de sa circonscription territoriale de A à Z« , affirme Souad sur un ton sévère.

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« A l’intérieur des locaux de l’arrondissement, les tâches sont multiples, comme la réception des plaintes des citoyens ou l’accueil et l’orientation des usagers pour différents services administratifs. Sur la voie publique, nos missions portent sur la lutte contre la criminalité, le maintien de l’ordre public et la protection des biens des citoyens et de leur sécurité« , a-t-elle précisé.

« Le 1-er arrondissement est l’un des plus importants de la ville de Kénitra, étant donné qu’il couvre plusieurs points chauds et des établissements publics majeurs, en plus de la densité de la population et l’importance des activités administratives et commerciales« , explique-t-elle, ajoutant que cela implique pour le chef d’arrondissement et son staff assurent des missions diversifiées et multiplies, sans oublier les tâches liées à la permanence qui couvre la période nocturne et qui est assurée en rotation par les différents arrondissements.

« Le mot ennui n’a aucune place chez nous« , a-t-elle lancé sur un ton ironique, assurant maîtriser parfaitement sa matière : « En 20 ans d’expérience, j’ai exercé presque toutes les missions qu’un policier est appelé à accomplir« . Cette confiance dont fait montre Souad est doublée d’une forte prise de conscience quant à sa responsabilité en tant que femme pionnière dans un domaine aussi délicat que la sûreté, ce qui lui donne une forte motivation pour pouvoir concilier entre sa vie privée et sa profession, avec le soutien de son époux.

« Être parmi les premières femmes à intégrer un domaine signifie être responsable de la réussite -ou de l’échec- d’une expérience donnée et, par la même, du degré d’ouverture de ce domaine à d’autres générations de femmes« , a-t-elle dit, ajoutant « nous sentons la charge de cette responsabilité et c’est pour ça que nous ne ménageons aucun effort pour être à la hauteur des attentes de nos supérieurs hiérarchiques« . « Étant mère de 5 enfants, il est évidemment très délicat de maintenir l’équilibre entre la vie personnelle et la vie professionnelle. Heureusement, mon mari, qui travaille dans le même domaine, se montre compréhensif, me soutient énormément et me facilite la tâche« , a-t-elle relevé.

Après tant d’années de bons et loyaux services, Souad semble loin d’être saturée ou démotivée. Au contraire, son amour pour son métier semble en faire une femme épanouie qui cache un gros cœur derrière son uniforme. « Le métier de policier représente pour moi un rêve qui s’est réalisé et cela me procure déjà une satisfaction personnelle. C’est également une valeur ajoutée dans ma vie professionnelle et personnelle », a-t-elle affirmé, mettant l’accent sur la dimension humaine de cette profession.

« Chez un policier, l’humain et le professionnel sont indissociables. Personnellement, dans mon parcours, je suis passée par des moments difficiles et des situations qui m’ont marquée« , se rappelle-t-elle, la gorge serrée par l’émotion, avant de poursuivre : « Je suis fière d’être femme policière et d’appartenir à ce corps qui a forgé ma personnalité« . Et Souad de lancer ce message aux femmes marocaines : « Ne jamais hésiter à tenter sa chance« . Une recette de réussite qui, semble-t-il, a prouvé son efficacité.

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