Quelles conséquences du Brexit sur la Grande-Bretagne ?

L’on entend souvent parler, ici et là, de « Brexit », de « divorce à l’anglaise » ou, plus sobrement, de sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne. Toutefois, les manifestations concrètes d’une telle situation, hors effets d’annonce, ne sont pas toujours palpables.

Profitons-en donc pour lister, ci-après, les principales implications réalisées ou anticipées de cette fameuse sortie, fracassante, de l’Union Européenne.

De fait, en dépit de plus de 4 décennies d’adhésion à l’Union Européenne, la Grande-Bretagne a toujours, tropisme insulaire oblige, conservé une profonde indépendance économique et institutionnelle, rejetant notamment en bloc l’abandon de la livre au profit de l’euro. Toutefois, et contrairement aux idées reçues, la Grande-Bretagne s’est retrouvée, du fait de la désindustrialisation massive initiée dès les années Thatcher, somme toute fort peu développée industriellement -le secteur secondaire ne contribuant, hors énergie, qu’à moins de 10% du PIB généré- et par transitivité, fortement tributaire de ses voisins européens.

Dans une telle configuration, à savoir celle d’un pays important plus de 80% de sa consommation et affichant un déficit de la balance commerciale de plus de 160 milliards d’euros en 2015 par exemple, le fait de ne plus bénéficier des avantages et largesses du marché économique européen devrait, en théorie, contribuer à alourdir sensiblement un déficit commercial déjà structurellement pesant. Car en signant sa sortie de l’Union, la Grande-Bretagne devient non seulement un Etat « tiers », pour reprendre une formule chère à Angela Merkel, mais bien plus, un Etat concurrent à 27 autres Etats européens…

Bien entendu, la Grande-Bretagne gagnerait à ne plus subventionner les pays de l’Union à la traîne économiquement –situation qui a, vraisemblablement, lourdement influé sur les choix des électeurs britanniques au moment du référendum- mais perdrait, évidemment, des conditions de marché très intéressantes avec ses principaux partenaires économiques, Allemagne et France en tête.

A partir de cet état de fait, l’anticipation de la suite des événements est relativement aisée. D’un côté, la Grande-Bretagne, exsangue industriellement, profitant pleinement de son adhésion à l’Union Européenne pour acheter « allemand », « français » ou « italien » à moindre coût, se retrouverait à importer ces mêmes produits plus chers. Consécutivement au Brexit, qui supposerait donc un renchérissement du coût des importations, la consommation des ménages et des entreprises devrait marquer le pas (tendance observée déjà fortement en 2017), là où justement, la bonne tenue des dépenses des ménages, comme c’est le cas pour l’ensemble des pays fortement tertiarisés, est absolument indispensable à la croissance économique.

Pour pallier le recul de la consommation privée, l’Etat se trouverait dans la quasi-obligation de renchérir la dépense publique. Principales limites à l’exercice ? D’une part, l’endettement public, excédant déjà les 90% du PIB, ne laisse guère de marge pour une réelle politique volontariste, a fortiori peu adaptée à l’ADN anglo-saxon. D’autre part, le déficit industriel est tellement important, après des décennies de jachère, que la subvention étatique devrait s’étaler sur quelques décennies pour générer un impact réellement palpable…

Par voie de conséquence, la croissance économique est anticipée, en 2017 et en 2018, autour de 1.5%, soit globalement les niveaux enregistrés au cours des 5 dernières années. Toutefois, et c’est là le fait marquant, la croissance du PIB réel (à prix constants) en Allemagne, au Canada ou aux Etats-Unis dépasserait allégrement les 2% au cours de cette période.

En définitive, la tenue de l’économie britannique dépend, dans une très large mesure, de la propension de ses dirigeants à négocier des clauses de sortie de l’Union Européenne à moindre coût, particulièrement, en termes de droits de douane et de libre circulation des biens et des personnes. Autrement, la facture à payer pourrait être difficilement supportable, car comment continuer à attirer notamment l’investissement de multinationales dont les salariés ne pourraient même plus circuler librement sur le territoire européen?

Hicham Bensaïd Alaoui

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