Coopération avec le Soudan du Sud : le Maroc à l’œuvre en terrain inconnu

Venir en aide à un pays qui, il n’y a qu’un peu plus d’un an, était au bord du cataclysme, est vraiment une initiative peu ordinaire. Quand le Maroc s’est engagé avec l’avènement de la nouvelle ère pour une « coopération Sud-Sud solidaire et agissante », ce n’était pas un slogan, mais plutôt un engagement. Chose qu’il ne cesse d’en donner les preuves. Au fil des ans, ce modèle de coopération internationale basé sur l’entraide et le respect de l’autre s’est érigé parmi les axes fondamentaux de la politique étrangère du Royaume. Une énième preuve de cette volonté de partage et d’entraide vient d’être donnée par le Roi Mohammed VI au Soudan du Sud où il a présidé en compagnie du président de la plus jeune nation du monde (193ème Etat membre de l’ONU depuis 2011), Salva Kiir Mayardit, mercredi au palais présidentiel à Juba, la cérémonie de signature de neuf accords bilatéraux qui jettent les jalons d’un partenariat durable entre les deux pays.

A travers ces accords, le Maroc s’est engagé à mettre son expérience en termes de développement socio-économique à la disposition de ce pays qui reste confronté à des handicaps structurels qui l’empêche aux mêmes titres que les tentions d’origine interne et externe qui font peser une menace sur la paix et la stabilité durables de mettre son train de développement sur les rails. Rien qu’une première lecture de ces accords permet de déduire qu’ils ont été conçus dans une approche globale visant à répondre aux plus importants dysfonctionnements de cette économie un par un et reconstruire une société ayant vécu des expériences traumatiques.

Au chevet d’un pays en construction 

Avant de se pencher sur les détails des accords, il y a lieu de souligner que le Maroc s’est engagé d’emblée à l’égard de ce pays en construction à « partager son expérience en termes d’urbanisation et du développement urbain, en vue de soutenir la construction d’une nouvelle capitale », a assuré le ministre de l’Intérieur, Mohamed Hassad. Cet engagement est d’un apport capital pour ce pays qui enregistre un déficit énorme en matière d’infrastructure. Ce pays de 644 329 km² (plus vaste que la France) ne dispose que, faut-il le rappeler, que de 100 km de routes goudronnées seulement.

Etant donné les énormes problèmes d’ordre économique et budgétaire, notamment le déficit budgétaire abyssal dû à l’effondrement de ses recettes pétrolières, le Royaume a accepté de financer les études de faisabilité technique et financière de ce grand projet à hauteur de 5,1 millions de dollars. M. Hassad a, dans ce sens, précisé que les études préliminaires vont se concentrer sur l’urbanisation et les aspects sociaux, économiques et environnementaux du projet. Selon lui, ces études donneront lieu à un projet de plan directeur, un montage technique et financier et un plan de réalisation. Le Maroc qui a confié de son côté la gestion déléguée de dudit projet au groupe Al Omrane sous la supervision d’un comité exécutif nommé par le souverain qui devrait se réunir au moins deux fois par an compte apporter son assistance à la République du Soudan du Sud durant les différentes phases de la mise en œuvre de ce projet.

Le Maroc à l’œuvre en terrain inconnu 

Déchiré par les guerres (20 ans avec le régime d’Omar El- Bachir sans compter la guerre civile depuis l’indépendance en 2011), le Soudan du Sud est un des pays des plus tributaires du pétrole au monde. Celui-ci représente à la fois la quasi-totalité de ses exportations, environ 60 % de son produit intérieur brut (PIB) et plus de 95 % des recettes publiques des exercices antérieurs. La forte chute de la production (de 250 000 barils/jour jusqu’en 2012 à seulement 160 000 barils/jour aujourd’hui) en plus des 25 dollars de frais de transit payés au Soudan au titre des frais de transit (accords de coopération de 2012) ont rendu quasi-nulles les recettes budgétaires issues des exportations de pétrole. Cette forte baisse de la rente pétrolière a empêché l’Etat, qui en est entièrement dépendant, d’investir dans des activités de développement et l’a mis à rude épreuve. Et au moment où les investisseurs étrangers se sont montrés réticents vu l’environnement des affaires pour le moins instable, le Maroc lui a choisi délibérément de s’introduire sur ce terrain qui reprend lentement sa stabilité. A travers les neufs accords signés devant le Souverain et son hôte, l’apport marocain devrait être vital pour cette économie « embryonnaire » qui ne dispose pas d’industrie, ni de ressources humaines et dont le fort potentiel en agriculture reste sous-exploité.

Les réponses marocaines aux dysfonctionnements de l’économie sud-soudanaise

 
Aux différentes entraves citées, lesdits accords devraient normalement apporter des solutions. Sur le volet du développement industriel, un mémorandum d’entente sur la coopération industrielle a été signé par le ministre de l’industrie, Moulay Hafid El Alamy, et son homologue du Soudan du Sud, Moses Hassan Ayet. Au même moment, un autre mémorandum a porté sur la coopération minière a fait le bonheur des responsables de ces pays. Selon le ministre sud-soudanais de l’Energie et des Mines, M. Gabriel Thokuj Deng, son pays qui regorge de richesses minérales et que des efforts sont déployés pour développer ce secteur souhaite « bénéficier davantage de l’expertise du Maroc dans le domaine des mines », a-t-il indiqué dans une déclaration à la MAP. Cet accord devrait permettre à ce pays, qui a subi des décennies de pillages, de profiter équitablement de ces richesses et d’entrer dans une ère de prospérité.

Le domaine agricole qui s’avère très prometteur pour ce pays dont le potentiel reste insuffisamment mis en valeur, n’a pas été en reste. Il a lui aussi fait l’objet d’un mémorandum d’entente qui a été signé par le ministre de l’Agriculture et de la pêche maritime, Aziz Akhannouch, et son homologue sud-soudanais Kornelio Kon Ngu.
Et parce qu’on ne peut prétendre à aucune sorte de développement sans des ressources humaines qualifiées, d’autant plus dans un pays où le taux d’alphabétisation n’excède pas 27%, cet aspect n’a pas échappé aux responsables des deux pays. Ainsi, un accord de coopération dans le domaine de la formation professionnelle a été signé côté marocain par le directeur général de l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail, Larbi Bencheikh, et l’ambassadeur, Directeur général de l’Agence marocaine de la coopération internationale, Mohamed Methqal, et côté sud-soudanais par Juac Agok Anyar représentant du ministère de l’éducation générale et de l’enseignement.

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