COP22 DE MARRAKECH: Quand la dimension politique et citoyenne interpelle les Etats

Mohamed Abdi, ancien membre du Cabinet François Fillon, l’ancien Premier ministre français

La conférence de Paris (COP 21) s’est achevée le 12 décembre 2015 par un accord international salué comme historique qui sera formalisé le 22 avril, lors du Sommet de New York. Si ce texte est en très grande partie non contraignant, les représentants de 195 pays se sont engagés à partir de 2020 à limiter le réchauffement de la planète à moins de 2°C, et à tenter de ne pas dépasser 1,5°C. Mais le succès diplomatique de l’accord de Paris, chef d’œuvre en matière de compromis historique, a occulté la faiblesse du texte où de nombreux points restent encore vagues. La Cop 22, qui aura lieu à Marrakech au mois de novembre prochain, sera donc cruciale dans l’implémentation et le suivi de l’Accord de Paris pour définir des outils et des mécanismes devant contraindre les parties à respecter, à partir de 2020, leurs engagements pris à Paris. Il faut maintenant préciser les contours de l’accord, le compléter et l’améliorer. La COP de Marrakech sera en cela la COP de la clarification et « le chemin de l’audace et de l’avenir ».

Les trois engagements majeurs du document signé le 12 décembre

Dans le chapitre «Atténuation » (page 6/paragraphe 36) : « Les parties s’engagent à communiquer d’ici à 2020 leurs stratégies de développement à faible émission de gaz à effet de serre à long terme pour le milieu du siècle. » C’est l’un des points clés qui devrait permettre de savoir en 2020 quels seront les objectifs espérés en termes de réduction d’émissions. «Financement» (page 18/paragraphe 115) : « la COP demande fermement aux pays développés d’amplifier leur aide financière en suivant une feuille de route concrète afin d’atteindre l’objectif consistant à dégager ensemble 100 milliards de dollars par an d’ici 2020. » C’est un point essentiel que celui de la contribution financière des pays développés pour aider les pays émergents et vulnérables à réduire leurs propres émissions.

Dans l’Annexe (page 23), on relève aussi que « les parties reconnaissent la priorité fondamentale consistant à protéger la sécurité alimentaire et à venir à bout de la faim, et la vulnérabilité particulière des systèmes de production alimentaire aux effets néfastes des changements climatiques. Replacer en priorité absolue la satisfaction des besoins alimentaires de la planète constitue un rappel important de l’ordre des priorités qu’il convient de respecter. »

Les pays développés doivent continuer à réduire le volume de leurs émissions de GES, les pays en développement peuvent encore les augmenter, mais devront eux aussi inverser ensuite, et rapidement, la tendance pour qu’à partir du milieu du siècle les émissions nettes soient nulles; autrement dit, à partir de 2050, les émissions de GES ne devront pas dépasser le niveau de ce que peuvent absorber la nature et les instruments de stockage de CO2 conçus par l’homme.

Les avancées de la COP21

Le protocole de Kyoto ne prévoyait que des engagements pour les pays dé- veloppés. Maintenant, il est acquis que tous les pays doivent participer à l’action avec des «responsabilités communes, mais différenciées». La signature d’un accord contraignant pour 195 États prêts à s’engager sur une voie vertueuse afin de limiter l’élévation moyenne des températures de la planète constitue en soi une performance. L’objectif de maintenir l’élévation de température nettement en dessous des +2°C qui figure dans l’article 2 est un objectif très ambitieux et les moyens d’y parvenir restent à mettre en place.

Vouloir réunir 100 milliards de dollars par an pour aider au développement énergétique vertueux des pays émergents et vulnérables constitue une vraie avancée. L’accent est mis sur l’éducation, la formation, la recherche et l’innovation ainsi que le transfert de technologie. Chacun doit apporter sa contribution, qui sera revue tous les cinq ans, sachant que chaque contribution devra être meilleure que la précédente. Reconnaissance des responsabilités communes mais différenciées des pays: le texte d’accord grave dans le marbre l’idée que les efforts à fournir ne sont pas les mêmes en fonction du degré de développement et d’industrialisation des pays.

Les pertes et dommages irréversibles pour les populations déjà concernées par le réchauffement climatique sont reconnus. C’est une avancée car ce point était bloqué par les Etats-Unis depuis le début des négociations climatiques.

Objectifs

Contenir la hausse de la température moyenne de la planète «nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels et en poursuivant l’action menée pour limiter l’élévation des températures à 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels». Les pays développés doivent continuer à réduire le volume de leurs émissions de GES, les pays en développement peuvent encore les augmenter, mais devront eux aussi inverser ensuite, et rapidement, la tendance pour qu’à partir du milieu du siècle les émissions nettes soient nulles. Autrement dit, à partir de 2050, les émissions de GES ne devront pas dépasser le niveau de ce que peuvent absorber la nature et les instruments de stockage de CO2 conçus par l’homme.

Chaque pays est incité à ne pas attendre la date d’entrée en vigueur de l’accord (début 2020 au plus tôt, si suffisamment de pays l’ont ratifié) pour accélérer ses efforts. Il est prévu également de coopérer pour arriver à une mutualisation du risque face aux «pertes et préjudices» liés aux effets néfastes des changements climatiques (beaucoup de choses restent à préciser en ce domaine). L’accord de Paris, c’est une somme d’actions à engager dès maintenant qui forment un ensemble cohérent.

Parmi les grosses faiblesses de l’accord, beaucoup d’ONG ont relevé la très grande réussite qu’ont eue les multinationales à faire échapper des pans entiers de l’économie mondiale à cette cure de sobriété énergétique. Nulle trace de taxations sur les transports aériens et maritimes qui sont pourtant responsables de 10% des émissions de gaz à effet de serre.

Les faiblesses de l’accord de Paris

Venons en aux faiblesses de l’accord de Paris: L’accord de Paris n’est pas « l’accord rêvé » parce qu’il ne dit pas explicitement comment faire pour tenir ces objectifs, tant du point de vue des instruments pour réduire les émissions (aller vers 100% d’énergies renouvelables à la moitié du siècle notamment) que du point de vue des financements post-2020 pour les pays les plus vulnérables au changement climatique.

On sait que la somme de ces contributions conduit, si elles sont vraiment respectées, à un réchauffement au-dessus de 3°C. On sait également qu’afin d’atteindre l’objectif des 2°C, il faudrait diminuer les émissions de 70 % à l’horizon 2050 puis les amener vers zéro à partir de 2070. L’accord dit simplement que les parties feront leurs efforts pour atteindre un pic d’émissions aussitôt que possible. On renvoie à des réunions ulté- rieures l’amélioration des valeurs de ces contributions nationales. L’accord offre la possibilité de passer de l’irresponsabilité actuelle à une responsabilité qui nous évite le chaos, mais sans dire clairement qu’il faut « décarboniser » l’économie réelle. Alors que l’idée de la conférence était de donner au moins quelques points de repère datés, plus d’un observateur aura été surpris de voir que la date de 2020 pour le pic des émissions s’est réduit en un «plafonnement mondial des émissions de gaz à effet de serre dans les meilleurs délais».

Les réductions des émissions relatives aux engagements des pays notamment les plus pollueurs ne sont ni identifiées ni chiffrées et le calendrier prévisionnel de ces réductions ne sera connu au mieux qu’en 2020. Financement imprévisible : L’accord reprend l’objectif d’un « fonds vert » de 100 milliards de dollars par an à partir de 2020. Il doit servir à financer les projets des pays en développement en matière de réduction des émissions et d’adaptation au changement climatique. Mais l’accord ne détaille pas l’origine ni la forme de cet argent. Les pays contributeurs et les montants des contributions financières ne sont pas identifiés et ne le seront probablement pas avant 2020. Or sans contribution financière significative pour aider les pays émergents à aborder leur transition énergétique, l’accord de 2015 risque de rester inopérant.

La notion de « pertes et dommages » est très limitée car l’accord dit explicitement que «l’article 8 ne peut donner lieu ni servir de fondement à aucune responsabilité ni indemnisation» des pays pauvres par les principaux pays responsables du changement climatique. Parmi les grosses faiblesses de l’accord, beaucoup d’ONG ont relevé la très grande réussite qu’ont eue les multinationales à faire échapper des pans entiers de l’économie mondiale à cette cure de sobriété énergétique. Nulle trace de taxations sur les transports aériens et maritimes qui sont pourtant responsables de 10% des émissions de gaz à effet de serre.

De façon plus stupéfiante, le secteur de l’agrobusiness s’en sort bien avec la disparition de toute mention à la « sécurité alimentaire » au profit de la « production alimentaire ». Les droits de l’homme comme l’importante question de la protection des déplacés environnementaux ont été relé- gués dans les préambules. On pourra se souvenir que le jeudi 10 décembre 2015 (le jour anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme) les délégations russes et saoudiennes ont réussi à reléguer et déconstruire ainsi la mention relative aux «droits de l’homme» clairement définie au départ dans l’article 5.3. La référence figure dé- sormais dans les préambules d’une façon beaucoup moins contraignante.

La reconnaissance qui était aussi faite aux déplacés environnementaux et qui aurait ouvert une voie à la reconnaissance de leur statut a notamment disparu dans le même mouvement avec une simple référence au mot «migrants» dans un paragraphe fourre-tout des préambules. La Cour Suprême américaine a décidé de suspendre le Clean Power Plan (CPP) du président Obama imposant aux centrales électriques des réductions draconiennes de leurs émissions de CO2, de 32% d’ici 2030 par rapport à 2005. Cet ensemble de mesures fédérales était au cœur des engagements présentés par les Etats-Unis au début pour préparer la conférence climat de Paris et parvenir à l’accord adopté mi-décembre dernier par 195 pays.

L’accord apparaît comme une succession de bonnes intentions et de déclarations de principe qui reflètent, sans doute, les difficultés d’obtenir un engagement ferme des parties dès 2015.

La contribution du Maroc à la COP21

A l’ouverture de la COP21, le Maroc a rehaussé les ambitions de sa contribution nationale. Le Roi Mohammed VI a confirmé le passage à 52% de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique à partir de 2030, au lieu de 42% comme c’était prévu. les subventions aux énergies fossiles son levées et la libéralisation du prix à la pompe est acté. Le Maroc parle de «climate chance» et pas de «climate change». Le Maroc en fait une cause nationale et construit sa politique de développement durable autour d’un facteur qui est structurel et que les Marocains connaissent depuis cinquante ans.

Dans sa contribution nationale, le Maroc s’engage à réduire de 32% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, dont 19% sont conditionnés à des financements internationaux, venant des pays du Nord. Les financements n’existent pas encore mais le Maroc pense que l’argent se trouve dans le secteur privé et dans les multinationales. La société civile, les territoires, les entreprises vont plus loin et plus vite que les Etats. En 2014, les entreprises privées ont investi 250 milliards de dollars dans les énergies renouvelables. Si on parle des territoires, il y a des villes maintenant avec des quartiers à énergie positive. Demain, ils n’auront plus besoin des Etats.

Déclaration de Mohammed VI lors de la COP21 de Paris

Mohammed VI a rappelé la stratégie en faveur du climat entamée par le Maroc «depuis plus d’un demi-siècle», et notamment la politique des barrages mise en œuvre depuis le début des années 60 par Feu Sa Majesté Hassan II.

«Conscient de l’importance de cet acquis structurel et central pour l’avenir du Maroc, nous avons veillé à son renforcement, ce qui a permis au royaume de se doter de 140 grands barrages classés, dont près du tiers ont été construits au cours des 15 dernières années ». Le Maroc a aussi « mis en place et défendu, non sans difficultés, lors des négociations avec ses partenaires, une politique de pêche responsable pour protéger ses ressources halieutiques». La Charte de l’Environnement, le Plan Maroc Vert, le Plan d’Investissement Vert, l’interdiction des OGM ou encore la récente loi sur les déchets plastiques, « sont autant d’expressions de cette mobilisation et de cette cohérence ».

«Le Maroc est devenu plus récemment l’un des acteurs majeurs de la transition énergétique dans le monde et plus particulièrement sur le continent africain ». « Le continent africain mérite une attention particulière en tant que continent d’avenir ». « Le Maroc est devenu l’un des acteurs majeurs de la transition énergétique dans le monde et plus particulièrement sur le continent africain », a déclaré le roi du Maroc lors de l’ouverture de la COP21. Le pays veut devenir un chef de file en Afrique et « donner l’exemple» sur les énergies renouvelables mais aussi l’interdiction des OGM et des sacs plastiques. La conférence de Paris et celle que le Maroc accueillera dans un an à Marrakech, seront les « conférences fondatrices du futur que nous avons le devoir et la responsabilité de léguer à nos enfants ».

Le défi de la COP22 à Marrakech

Après la COP 21 de Paris, la COP 22 se réunira à Marrakech en décembre 2016. En choisissant d’organiser ses retrouvailles annuelles au cœur du Royaume chérifien, la communauté internationale a voulu aussi mettre à l’honneur un pays écologiquement exemplaire, c’est-à-dire un modèle qu’il faut suivre impérativement si l’on veut assurer une croissance durable pour les prochaines décennies. Le Maroc n’a pas attendu qu’on lui confie l’organisation de la COP 22 pour se distinguer comme l’un des acteurs majeurs africains de la lutte contre le réchauffement climatique et dans la pré- servation de l’environnement. Déjà organisateur de la COP 7 en 2001, le royaume s’est engagé bien avant la COP 21 à limiter ses émissions de gaz à effet de serre, en les réduisant de 13% d’ici 2030, par rapport à 2010.

Le Plan national de l’Eau initié par le Maroc en 2013 avait, par exemple, pour objectif de répondre à cette situation de stress hydrique préoccupante. Parmi les actions qu’il préconisait, le dessalement de l’eau de mer, le captage des eaux de pluie, la déminéralisation des eaux saumâtres et la réutilisation des eaux usées épurées, devaient permettre d’y remédier un minimum. On notera également que le Maroc fut le deuxième pays africain, après le Gabon, à s’engager à réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Le pays s’était fixé l’objectif de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 13% en 2030, avec une possibilité de réduction additionnelle de 19% sous réserve d’un appui financier international, qui porterait ainsi l’effort de réduction à 32% à l’horizon 2030.

Le Maroc défend également un tourisme durable, respectueux de l’environnement et des valeurs du développement durable, à travers des engagements forts. Ainsi, aucun golf ne peut être construit sans unité de recyclage des eaux usées ; 23 plages sont déjà labellisées «Pavillon Bleu» ; la médina de Fès bénéficie d’un ambitieux programme de restauration des monuments historiques; l’Écolodge Atlas Kasbah d’Agadir vient d’être couronné meilleur hôtel du monde pour la valorisation locale.

D’après l’ONG Climate Action Tracker, le Maroc se classe comme quatrième pays le plus écologique du monde, derrière le Bhoutan, le Costa Rica et l’Éthiopie. Le Maroc peut déjà se prévaloir de réalisations exemplaires en matière d’écologie :

  • Le plus grand parc éolien d’Afrique inauguré l’année dernière à Tarfaya ; à Ouarzazate, mise en service prochaine de la plus grande ferme solaire au monde ; plus d’1 million de personnes bientôt logées dans des cités vertes…
  • L’ambitieux plan de développement des énergies renouvelables : construction d’une gigantesque centrale solaire thermodynamique dans le sud du Maroc près d’Ouarzazate, baptisée Noor, 7ème centrale de ce type dans le monde. La centrale solaire n’est que le début d’un projet pharaonique géré par l’Agence marocaine de l’énergie solaire. Deux autres centrales solaires thermodynamiques (Noor II et III) et une autre photovoltaïque sont incluses dans les plans de l’Agence marocaine de l’énergie solaire sur une étendue de 2 500 hectares, soit une capacité dépassant les 500 MW. A terme, le projet Noor constituera de loin le plus grand complexe solaire du monde. «Le Maroc est en passe de marquer l’histoire lorsque la première phase de l’un des plus grands parcs solaires du monde commence à générer de l’électricité », se réjouit la Banque mondiale.
  • La compagnie des eaux de Marrakech (RADEEMA) récupère le méthane qui se dégage des eaux usées, et le transforme pour booster l’alimentation en électricité de l’agglomération. Elle évite ainsi de rejeter dans l’atmosphère l’équivalent d’au moins 60 000 tonnes de carbone par an. Par ailleurs, les eaux ainsi nettoyées servent à arroser les parterres et terrains de golf qui font la réputation de Marrakech. Cette performance, reconnue officiellement par les Nations Unies, illustre, de manière éclatante, le rôle pionnier que joue désormais le Maroc dans la lutte contre le changement climatique.                                                                                   Du côté des transports, les préoccupations environnementales se concrétisent. Les lignes de tramways qui se multiplient : deux entre Rabat et Salé, une à Casablanca et trois en projet à Marrakech, Tanger et Fès. Et le programme de TGV qui verra l’entrée en service de la première ligne, entre Tanger et Casablanca dès 2017.    En matière d’urbanisme, les villes nouvelles de Tamansourt et Tamesna, ainsi que les chantiers de Sahel-Lakhiayta et de Chrafat, programme de cités vertes, offrent d’ores et déjà, ou vont offrir, avant 2020, des logements écologiques pour près d’1 200 000 habitants.                                                                                                      Le Maroc défend également un tourisme durable, respectueux de l’environnement et des valeurs du développement durable, à travers des engagements forts. Ainsi, aucun golf ne peut être construit sans unité de recyclage des eaux usées ; 23 plages sont déjà labellisées « Pavillon Bleu » ; la médina de Fès bénéficie d’un ambitieux programme de restauration des monuments historiques ; l’Écolodge Atlas Kasbah d’Agadir vient d’être couronné meilleur hôtel du monde pour la valorisation locale. Ces exemples sont parmi les multiples réalisations fortes qui positionnent le Maroc à la pointe du Continent africain, et peut-être même de la planète, en matière de technologies vertes.                                                                                                                                   Toutes ces innovations « bas carbone » relèvent d’une stratégie volontaire de développement durable à laquelle participent tous les secteurs de l’économie du pays, notamment l’agriculture, le bâtiment, les transports, l’aménagement du territoire, et bien sûr le tourisme. L’objectif est d’assurer l’essor économique grâce à une croissance équilibrée qui évite autant que possible l’exode rural et les maux qui l’accompagnent : la généralisation de bidonvilles encombrés de populations déracinées, foyers de pollutions en tous genres.

    L’action et la mobilisation citoyenne seront déterminantes pour engager la transition

    Au regard des faiblesses de l’Accord de Paris, l’ensemble des citoyens et de la société civile doit se mobiliser pour le climat à tous les échelons territoriaux, au sein des associations, ONG, collectifs ou mouvements écologistes et citoyens qui, chacun à leur manière et à leur niveau, travaillent au renforcement des alternatives citoyennes et initiatives de transition dans les territoires; à la pression sur les entreprises et les États ; à la construction d’un rapport de force permettant de gagner des batailles décisives pour le climat dans les années à venir.

    On citera comme initiative : la Coalition marocaine pour la justice climatique. Cette initiative s’inscrit dans le prolongement et la convergence des actions menées depuis des décennies par les associations marocaines et internationales de protection de l’environnement, contre la désertification, la préservation des ressources en eau, et la protection de la biodiversité et pour une gestion équitable des ressources naturelles. Cette coalition met en avant l’importance capitale qui échoit à la COP22 : l’occasion d’amplifier de manière significative la conscientisation de la société marocaine aux enjeux environnementaux et changements climatiques et leurs conséquences pour l’avenir du Maroc. Leader dans le continent africain, le Maroc est appelé aussi à fédérer l’ensemble des pays africains pour entrer dans ce cercle vertueux d’avoir des économies faibles en carbone voire décarbonées.

    Le Royaume occupe depuis plus de 50 ans une position de leader au sein du continent. La coopération entre le Maroc et ses partenaires africains a connu plusieurs temps forts: celui de la coopé- ration militaire, celui de la coopération politique, avant d’entrer dans l’ère de la coopération économique depuis la fin des années 1990. Aujourd’hui vient le temps de la coopération en matière de préservation de l’environnement pour les générations futures.

    L’Afrique détient les meilleures ressources d’énergies renouvelables au monde. Par-dessus son potentiel considérable en matière de production hydraulique et géothermique, le continent bénéficie d’abondantes radiations solaires tout au long de l’année. En amont de la COP 22, qui se tiendra en 2016 à Marrakech, d’autres partenariats, à destination notamment de la Côte d’Ivoire et du Nigeria, sont en cours pour un transfert de technologie ou une aide à la construction en Afrique subsaharienne. En choisissant d’organiser sa prochaine Conférence des Présidents en novembre 2016 au Maroc, juste à la veille de la COP 22 (Conférence des Nations-unies sur les changements climatiques), prévue dans le Royaume, l’Union des parlementaires africains (UPA) veut signifier toute sa mobilisation derrière le Maroc en tant que porte-étendard des préoccupations environnementales du continent et avocat de ses grandes causes.

    Le Maroc, sous l’impulsion et le leadership du Roi Mohammed VI, possède une importante crédibilité internationale pour reprendre le relais et le flambeau de la France, afin de concrétiser et de viabiliser les espoirs nés de la Cop 21. Marrakech devra arrêter le chemin, le consolider et s’assurer que tout le monde l’emprunte. La COP22 offre aussi l’occasion de renforcer le débat public sur l’ensemble des enjeux liés à l’environnement et au climat (eau, déchets, préservation de la biodiversité, désertification, pollutions, etc.), d’évaluer les politiques publiques en la matière en vue de donner un nouvel élan sur une question vitale pour l’avenir des populations, d’autant plus que le Maroc est engagé dans des programmes ambitieux dans le domaine des énergies renouvelables et non fossiles.

    La COP22 constitue une opportunité pour accélérer la prise de conscience des citoyens, pour faire pression sur les Etats pollueurs, les autorités publiques et les entreprises pour des actions et des mesures concrètes, tant sur le plan national qu’international. C’est aussi l’occasion pour contribuer à l’élaboration de propositions sur des thématiques nouvelles comme genre et climat, les réfugiés climatiques, la place et rôle des jeunes dans la protection de l’environnement. Eu égard aux éléments ci-dessus, on comprendra aisément que la cop 22 ne se résume pas seulement à un événement prestigieux. c’est un rendez crucial à même de faire accéder le Maroc au niveaux supérieur. Ce rendez-vous doit donner de l’éclat et des reliefs à la dynamique en cours au Maroc pour l’inscrire définitivement dans la bonne gouvernance, la démocratie et l’Etat de droit. Dans ce nouveau paradigme qui s’ouvre à nous tous ; l’éducation à l’environnement doit être le point cardinal de la citoyenneté.

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