Dix-sept ans de règne, dix-sept ans de changements et de challenges

Dossier du mois

Mohammed VI, 17 ans de règne éclairé par 14 siècles d’Histoire

Omar Hasnaoui Chaoui, Président de la Fondation Helios pour le dialogue et le développement

 

  •   Parlez-moi du nouveau Roi

Que de chemins parcourus par le Maroc, sous la conduite de SM le Roi Mohammed VI, depuis cette date de septembre 2007, où de Washington, je me rendis à New York, pour rencontrer le Président David Rocke­feller. Libéré des contraintes de la fonction après un départ volontaire, j’étais persuadé, que les grandes choses ne se réalisent pas dans les insignes du rang, mais dans la fidé­lité des actes ; gardant à l’esprit cette phrase qui résonne toujours en moi, prononcée par John Fitzgerald Kennedy : « Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous. Demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays ».

Je rencontrai pour la première fois, Da­vid Rockefeller, le 31 janvier 1975 à Rabat, alors que j’exerçais aux finances, j’avais été chargé de l’accueillir à sa descente d’avion et de l’assister durant un séjour de travail. Il était accompagné de Joseph Verner Reed, Vice-président de la Chase Manhattan Bank, qui quelques temps après, était nommé, Ambassadeur des Etats Unis dans le Royaume. David Rockefeller repré­sente encore de nos jours, l’incarnation de la quintessence américaine dans ce qu’elle a de plus fécond. C’est auprès de lui qu’on venait rechercher appui. Banquier, indus­triel, mécène, philanthrope notamment dans le domaine de la recherche, protecteur des arts, fondateur avec Zbigniew Brezinski, Conseiller à la Sécurité Nationale des USA à l’époque, du puissant think tank, « la Tri­latérale », et surtout, grand Ami de feu le Roi Hassan II, envers lequel, il avait en toutes circonstances manifesté des marques de dévouement et nourri des nobles sen­timents. C’est David Rockefeller, devant la frilosité des dirigeants américains de l’époque, qui intercéda, auprès de feu SM Hassan II, pour qu’on offrît un exil au Chah d’Iran, banni, même des Etats Unis.

Il n’était pas retourné au Maroc, depuis la disparition du Roi Hassan II. Il avait éprouvé, me confiait-il, beaucoup de peine à l’annonce de sa mort ce 23 juillet 1999, d’autant qu’elle était survenue peu de temps après celle de son épouse. Lorsqu’il me reçut, il n’était pas comme certains person­nages (« importants » que par la fonction), il était resté assis derrière son bureau, mais se tenait à côté de moi comme un proche, un confident, que seul nourrit la confiance. Il voulait tout savoir sur le Maroc de Mo­hammed VI.

A sa question, je fus surpris, gêné voire confus – « Et le nouveau Roi, son fils, com­ment il est ?

– Mais…Monsieur le Président, vous le savez, certainement mieux que moi ; sur­tout, qu’ici à New York et à Washington, il ne manque pas de gens du premier cercle pour vous en parler, mieux que je ne le fe­rais moi-même.

– Non, me répondit-il, personne ne m’en a parlé. »

J’étais perplexe et je ne comprenais plus rien ! « Eh Bien, je vais exprimer une conviction personnelle, et vous faire un aveu: Mohammed VI est une synthèse. Il est un visionnaire comme son père, et il a hérité beaucoup de qualités de son grand-père, le Roi Mohammed V, mais à mon avis, il est mieux que son père », lui ai-je dit, spontanément ! Et pour appuyer mes propos, et comme si les photos pouvaient parler, j’en sortis quelques-unes de ma ser­viette qui représentaient la famille Royale, que j’avais eu soin de prendre avec moi. Il les regardait une à une, lentement, tandis que je commentais, au fur et à mesure.

Loin d’être formel, cet échange était amical, sincère. Je reprenais en disant avec conviction : « l’oeuvre entamée par le Roi Mohammed VI, depuis son intronisation est à mon sens majeure ! D’abord, il a ré­concilié le Maroc avec lui-même, en levant nombres d’interdictions et de tabous. Un signal fort a été donné pour libérer les éner­gies longtemps contenues, entreprendre, in­vestir, et il a commencé à donner l’exemple, lui-même. Il est le premier investisseur et le premier employeur du Royaume. Une page est tournée, laissant derrière nous, le repli sur soi, la peur, l’ostracisme, l’au­tocensure. Oui, il y a un vent d’espoir qui souffle. C’est ce Maroc que nous espérions, que nous voulions, que nous attendions. Et, si dans une certaine mesure, Hassan II a laissé un Royaume apaisé et stable, son fils, jouit d’une très grande popularité, et il a la volonté d’engager le Maroc dans la modernité.

C’est une personnalité attachante, à l’écoute des préoccupations de son peuple et surtout des couches défavorisées les plus démunies, les plus précaires.

D’ailleurs, dès son accession au trône, le 30 juillet 1999, une semaine après le décès de son père, le Roi Mohammed VI a pro­noncé un discours qui constituât la base fondamentale de toute son action jusqu’à ce jour. D’abord, son attachement à la mo­narchie constitutionnelle, au multipartisme, au libéralisme économique, à la politique de régionalisation et de décentralisation, à l’édification de l’Etat de droit, à la protec­tion des droits de l’homme et des libertés individuelles et collectives, au maintien, de la sécurité et de la stabilité pour tous. »

Le Roi Mohammed VI a une vision sociale inédite. C’est une personnalité habitée par une immense compassion. Il est une espérance pour les millions de marocains, laissés sur le bord de la route. Il ne s’en cache pas, ne se prive pas de le rappeler. Très tôt, le Roi Mohammed VI, avait dressé un constat sur la réalité sociale qui prévalait dans le Royaume. Il déplorait l’absence d’une stratégie globale qui prend en considération les problèmes que pose l’exode rural, le déficit de l’habitat, le peu de perspectives pour les diplômés chômeurs, la condition de la femme jusque là margi­nalisée, le problème de la pauvreté et de l’exclusion dont souffre une partie du peuple marocain.

Le Roi avait pris acte que le retard du pays en matière de développement humain a fondamentalement un im­pact négatif sur la croissance écono­mique et constitue une menace pour la cohésion sociale. C’est ainsi que le 18 mai 2005, l’INDH, Initiative Nationale pour le Développement Humain, de lutte contre la pauvreté, les inégalités sociales et l’exclusion est lancée.

Je dois souligner qu’au moment où j’évoquais l’INDH dans le bureau du Rockefeller Plazza, seuls quelques initiés et ceux qui s’y étaient impli­qués en connaissaient le sens, la por­tée, les principes et la philosophie qui sous tendent cet immense chantier de Règne. Je m’efforçais d’expliquer du mieux que je pouvais et de sensibiliser David Rockefel­ler, sur la persistance de défis sociaux qui entravent le développement de la société marocaine, et leurs corollaires que sont la pauvreté, l’exclusion sociale, l’analphabé­tisme..

  • « -Alors, Que puis-je faire pour vous ? me lance-t-il !

– Non pas pour moi, Monsieur le pré­sident, mais pour mon Roi. Accompa­gnez-nous à réussir cette oeuvre de l’INDH, par l’appui à des projets dans les champs d’intervention indiqués ! »

Sans plus attendre, grande fut ma sur­prise quand le Président David Rockefeller, fit convoquer Peter J. Johnson, Associates Rockefeller Family& Associates, en pré­sence de Alice S. Victor ; et c’est dans un bureau adjacent Room 5600 du Rockefeller Plaza, que j’ai évoqué les domaines d’inter­vention du programme INDH, qui portent sur la santé, l’éducation, le renforcement des capacités et l’appui aux activités géné­ratrices de revenus… Pourtant, je n’avais aucun mandat, ni mission, ni instructions pour m’exprimer au nom de mon pays, pour demander quoi que ce soit, mais, c’est à mon avis, une exigence de tous les instants dès lors qu’il s’agit de le servir et d’être utile. Souvent pour réussir, le diplomate, (ou l’acteur de la société civile), est tenu d’aller là où il n’est pas autorisé à s’engager, car il doit ouvrir un chemin qui n’est pas tracé sur les cartes. C’est ma conviction.

Depuis 2007, il serait fastidieux de parler des nombreux chantiers lancés par le Sou­verain, les stratégies sectorielles, autant de piliers porteurs du Maroc nouveau ; que ce soit dans les domaines de l’agriculture, de la pêche, des énergies propres, de l’industrie, à travers le plan Emergence et du PNEI- véritable contrat programme qui définit un cadre de développement global, incluant les activités qui présentent des avantages comparatifs, l’aéronautique, l’automobile, des nouvelles technologies, la politique d’aménagement du territoire à travers les parcs industriels intégrés, etc.

La diplomatie du Royaume, une main tendue au service de la paix.

Faut-il rappeler, que le Maroc est un Etat dûment constitué depuis le VIIIe siècle, que le protectorat fut une parenthèse, que le Sahara a été une pièce centrale et détermi­nante dans la structure du fonctionnement même de l’Etat marocain, que les fonda­teurs des dynasties du Royaume, apparte­naient à cette région, et l’actuelle dynastie Alaouite, est originaire, du Tafilalet, que le Maroc est une terre africaine, que le cordon ombilical qui lie le Maroc à son continent a résisté à l’épreuve du temps et des convul­sions de l’histoire ? Descendant d’une glo­rieuse lignée dont toute l’histoire est lutte et admirateur passionné de son grand-père, le Roi Mohammed V qui choisit de fondre l’histoire de sa vie avec l’histoire du peuple marocain pour son indépendance. Pour le Roi Mohammed VI, la personnalité du Sultan Mohammed V est un exemple, un modèle. Entre la soumission et le peuple, il choisit le peuple et l’engagement profond de solidarité active pour tous les peuples au delà de la race et de la couleur, ont été pour lui, une source inépuisable d’énergie dans les luttes pour l’émancipation de l’Afrique.

Aujourd’hui, quand bien même le contexte évoluerait, et que l’histoire serait en mouvement accéléré, Le Roi Moham­med VI, s’est engagé à traduire, dans les actes, tous les idéaux auxquels il s’identifie parfaitement et qu’incarnait le père de la Nation marocaine. En reprenant le flam­beau et en optant de faire sien, le poids moral d’une telle responsabilité, le Roi Mohammed VI, a fait le serment absolu de poursuive ardemment en le traduisant par des actes sur le terrain, l’oeuvre de son grand-père et de son père, en faveur de notre continent, pour la liberté, le progrès et la prospérité.

Aujourd’hui, plus que jamais, le Maroc, sous l’impulsion du Roi Mohammed VI, manifeste une volonté déterminée à re­prendre la place qui était la sienne au sein de l’Union Africaine. « L’Afrique est un grand continent, … ce n’est plus un continent co­lonisé … Il n’y a plus de terrain acquis, pas plus qu’il n’y a de chasse gardée. Ce serait une illusion de croire le contraire! ».

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