École et incivilité: à qui la faute?

Il était une fois l’école marocaine. Il était une fois ce professeur qui avait ce quelque chose de devin, dévoué et engagé pour le bien de ses élèves, conscient qu’il était le flambeau et le faisceau éclaireur des esprits et des voies. Il était une fois des élèves sages, obéissants et reconnaissants à l’égard de celui qui leur prodiguait savoir et valeurs. Et puis, ce beau monde serein se décompose et s’effondre par des mains malveillantes croyant bien faire ou cherchant à nuire à tout un pays.

Le rapport présenté par le président du Conseil  supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS) Omar Azziman, mercredi  19 avril, pointe du doigt la dégradation des valeurs au sein de l’école marocaine. En effet, l’incivilité, la violence, le harcèlement et bien d’autres travers battent leur plein.

Nous avons appris à nos enfants qu’ils doivent défendre leur liberté, bec et ongles, mais nous avons oublié de leur dire que trop de liberté tue la liberté. Nous leur avons appris à s’exprimer, à être épanouis, mais nous ne leur avons pas tracé de limites. Nous leur avons appris qu’ils ont des droits, mais nous avons oublié de leur souligner que le respect de l’autre est un devoir, nous avons omis de leur mentionner qu’ils ont des responsabilités aussi.

Qu’est-ce qui a fait que nous en arrivions à ce renversement de valeurs et de mœurs? Nos enfants sont ce que nous faisons d’eux, l’école, la rue et nous-mêmes. Il faut bien se le déclarer : notre éducation est plus que défaillante puisqu’à trois, nous avons modelé un «citoyen» qui violente pour avoir ce qu’il estime être un droit et, en contrepartie, refuse de s’acquitter de ses devoirs. Nonobstant, peut-on pour autant leur en vouloir? Bien sûr que non, à moins qu’on ne veuille se voiler la face.

Toutes les bonnes volontés exigent les moyens de leur détermination. Et pour former un «bon citoyen», il faut bien lui donner un modèle. Or les parents, pris dans la foulée, se trouvent dépassés par les événements et devancés par des aléas qui faussent tout leur travail d’éducateurs. Démissionnaires, ils se voient produire une génération sans repères et sans identité.

Il est bien révolu le temps où parents et enseignants œuvraient pour le même dessein et parlaient le même langage. Aujourd’hui, c’est plutôt un dialogue de sourds-muets.

Aujourd’hui, il semblerait que nous ayons basculé dans un autre monde qui a d’autres règles et d’autres objectifs exigeant de nouveaux rapports avec l’Autre. Se soumettre aux règles du collectif devient alors compliqué et des tensions binaires apparaissent partout et surtout entre professeurs et élèves. Les rapports entre «parents, enseignants et élèves» finissent par prendre la forme de ce qu’on appelle «un triangle dramatique» comme si l’intérêt n’est plus le même. L’école est au fond une zone de non-droit, où chaque acteur a, comme qui dirait, sa propre logique.

L’école, puisque c’est d’elle qu’il faudrait parler, est passée du sanctuaire du savoir, du respect et de sécurité à un terrain de rivalité, d’antagonismes, d’animosité et de vengeance. L’enceinte de l’école suinte l’agressivité et l’insécurité.

Le ministre de l’Éducation nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Mohamed Hassad  a du pain sur la planche. Souhaitons-lui beaucoup de courage!

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