Femmes : Comment le Maroc recule

Dossier du mois

Qu’elles soient physique, psycholo­gique, sexuelle ou économique, ces vio­lences affectent, selon l’ONU, 30 % des femmes dans le monde. Dans certains pays, 70 % de femmes seraient victimes de violences physiques ou sexuelles per­pétrées par un partenaire à un moment de leur vie. Des chiffres, bien évidemment, effrayants pour le moins qu’on puisse dire. C’est dire qu’un peu partout dans le monde, la situation des filles d’Ève ne constitue pas une priorité. En effet, au­jourd’hui, il est très difficile de pointer du doigt certains pays plus que d’autres quant à la violence faite aux femmes. Rappelons que dans des pays où il y a des conflits armés comme la RDC ou la Colombie, les viols sont utilisés comme une arme de guerre. En Arabie saoudite, les femmes naissent et meurent mineures. Donc nous avons beau vivre dans le plus beau pays du monde, les droits de la femme représentent le talon d’Achille et la maltraitance du sexe faible constitue un fléau universel. C’est une sorte de continuum et de fil rouge qui se tisse au-delà des frontières. À coup sûr, les femmes issues de pays tiers-mon­distes –de culture arabo-musulmane plus particulièrement- restent toutefois la cible privilégiée d’une violence prédatrice.

Et dans les quatre coins du monde, cette violence ne touche pas que des couches pauvres de la société ou des femmes au foyer. Bien celles qui occupent de grands postes peuvent être victimes de violence conjugale, agression trop ignorée par la société tout entière et dont les auteurs bé­néficient d’une impunité quasi universelle.

Paradoxalement, l’Espagne, où le ma­chisme a son mot à dire, reste le meilleur élève de l’Europe en matière de lutte contre la violence faite aux femmes. De facto, le bracelet électronique est distribué par milliers aux hommes violents pour les empêcher de s’approcher de leurs familles et afin de protéger la femme violentée.

L’image de la femme est réduite à sa dimension physique

Ouassama Lahlou, Psychologue clinicien-Psychothérapeute, Directeur du cabinet l’éveil psychologique

 

Le statut de la femme, au Ma­roc, reste toujours dirigé par des croyances archaïques enra­cinées dans la mémoire collective, un discours patriarcal, validé et intégré aussi par beaucoup de femmes, le plus souvent par sincérité naïve, parfois par ignorance et aussi parce que je nomme « une vulnérabilité au sacré ».

Parler du statut de la femme au Ma­roc, de ses droits au regard des diffé­rents événements de maltraitance, de viol et de violence soulevés dans notre pays dernièrement, n’est pas une pro­vocation mais une nécessité. Il ne s’agit pas de fâcher mais de clarifier la confu­sion qui réside entre le sacré et son inter­prétation, de rectifier le grand nombre de préjugés et de croyances archaïques, mais aussi souvent de dénoncer la dé­valorisation de la femme.

Qu’est ce qui pourrait justifier une quelconque violence envers les femmes ?

On peut répondre RIEN avec certi­tude, quels que soient les arguments de ceux qui semblent être convaincus du contraire.

Malgré les avancées certaines en droit et les acquis de notre société, le corps des femmes reste, en général, soumis à un rapport de force qui demeure en faveur de la domination des hommes, où l’image des femmes est restée, malheu­reusement, otage d’une idéologie qui ré­duit le féminin à son unique dimension physique. Le corps des femmes devient, par la force des frustrations culturelles cumulées, ce lieu invétéré de toutes les violences.

Cependant, il est d’une obligation éthique et morale, aujourd’hui, d’initier ce travail de réforme de la pensée et des croyances archaïques qui stipulent que la femme est juste un corps à exploiter, sans sentiments, sans un simple regard à tout ce qu’elle porte comme énergies. Et c’est à partir des valeurs éthiques de la constitution et des conventions interna­tionales, principalement, de l’exigence absolue de justice et d’équité, qu’il faut dire, aujourd’hui, « Non » à toutes les injustices, discriminations sexistes, et marginalisations des femmes. Nous devons insister donc, énormément, sur la nécessité d’une éducation sexuelle.

Aucune justification du viol ou de la violence n’est admissible. Il est im­portant donc de revendiquer le droit légitime d’abroger ces arguments ar­chaïques afin de prôner la pédagogie de la non violence…

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