Hillary Clinton, Donald Trump, l’Amérique à l’heure d’un choix crucial

 

Par Omar Hasnaoui Chaoui*
L’art de manier l’ambiguïté

Les Etats-Unis, dans quelques jours auront choisi leur Président (e) , au terme d’une campagne électorale considérée comme la plus pitoyable de l’histoire politique du pays qui a donné lieu à une lutte féroce, entre des candidats qui ont usé d’une rhétorique inédite au cynisme absolu. Ils nous ont livré l’image d’une Amérique, non pas triomphante, mais désabusée, aux prises avec un profond climat de défiance et de remise en cause. Loin de rassembler, ils ont par leurs discours, contribué à creuser davantage le fossé, entre une Amérique profonde, et celle de ses élites. Les derniers sondages donnent les deux candidats, au coude à coude !

Tout au long de cette campagne interminable, nous avons écouté des  candidats qui promettaient tout et son contraire. La lutte pour le pouvoir a été quasi obsessionnelle. Car, il ne faut pas perdre de vue, qu’aux Etats-Unis, la politique repose sur la personnalité du candidat plus que sur son programme politique. Les prises de position du parti ne servent que durant le moment où les délégués réunis, choisissent leur candidat à la présidence. Aussi, tout est dans l’art de manier l’ambiguïté et d’aboutir à un large suffrage.

Sur le plan International, l’image n’est guère rassurante ! Barack Obama, excédé par les expériences en Irak et en Afghanistan, aura par sa conception des relations internationales, tourné le dos au Moyen-Orient, la Syrie, et l’Europe ; privilégiant  ce qu’il considère comme le pivot central de la nouvelle politique des Etats-Unis, à savoir , l’Asie, région où se jouera l’avenir du monde, et même de l’humanité.

Ce basculement géostratégique inquiète les alliances traditionnelles des Etats-Unis, et nombre de pays alliés se demandent ce que sera la politique étrangère des Etats-Unis, après Obama.

L’Amérique de la désillusion

D’un côté, nous avons le choix entre un Donald Trump qui vend du réalisme et pas du rêve, un homme en colère qui nous ramène à la réalité du monde dans toute sa laideur et ses divisions, « un monde rude et conflictuel » dit –il . Tout en dénonçant  » la culture démocratique, celle qui a ses yeux  affaiblit la nation et produit de l’incompétence  » lui préférant la culture de la populocratie, en faisant la promesse de se battre pour les siens d’abord, dans un monde de rapports de force.

http://lheure-est-elle-a-la-mediocratie-politique/

Face à une Amérique « isolationniste » de Donald Trump, nous aurons Madame Hillary Clinton qui n’inspire aux américains qu’une sympathie et une confiance relative. Elle est au cœur d’un débat qui agite les politiques, les financiers, les intellectuels et le scandale des emails dans lesquels elle est convaincue de parjure. Héritière des années Obama dont le bilan laisse sceptique ; interventionniste, jusqu’au-boutiste ; elle a dit oui et a voté la guerre en Irak. Comme elle a planifié l’intervention en Libye, et soutenu les groupes armés islamistes en Syrie. Barak Obama, disait d’elle en 2008 :  » Elle a permis à Georges Bush de prendre une décision qui a été nuisible stratégiquement pour les Etats-Unis « . En effet, ce fut une opération déclenchée, sur la base de l’un des plus terribles mensonges de l’histoire : la possession par Sadam Hussein, des armes de destruction massive. Au-delà de la morale et du concept de guerres justes et de guerres injustes, il y a autant d’alibis pour permettre aussi de conforter des intérêts militaro industriels.

Considérée comme un faucon, Hillary Clinton a légitimé la nouvelle doctrine néoconservatrice des frappes préventives. C’est dans ce climat de cynisme généralisé, que le coup de théâtre vient de la réouverture par le FBI de l’enquête sur les Emails. Va t-elle sonner le glas pour Hillary Clinton ? Rien n’est moins sûr !

Plaidoyer pour une réciprocité dans les domaines fondamentaux

Quel que soit le locataire désigné à la maison blanche, nous considérons qu’il devra prendre en compte les intérêts fondamentaux du Royaume du Maroc, notamment en dépassant les confusions dans les prises de position, en évitant « le double langage dans l’expression de l’amitié et de l’alliance » comme l’a souligné à juste titre SM Le Roi Mohammed VI, devant ses pairs des pays du Conseil de Coopération du Golfe. Tenir compte des intérêts américains pour en définir les nôtres, c’est un axe majeur qui doit être désormais en tête dans la conduite des rapports entre le Royaume et les Etats-Unis.

Ce faisant, sauf rebondissements, nous devons nous préparer à toutes éventualités. Si c’est Hillary Clinton qui l’emporte , il ne faut pas pour autant baisser la garde, à moins d’un changement radical de toute l’équipe de l’ère Obama, qui a laissé faire une frange de son équipe hostile, notamment, Susan Rice, (conseillère à la sécurité nationale, qui a une autorité dictatoriale, même sur le département d’Etat souvent court-circuité, et dont les manipulations machiavéliques se sont révélées au grand jour. Et une Samantha Power, toutes deux travaillées par l’incontournable Kerry Kennedy, dont on connaît la détestable influence et le travail de sape contre les intérêts fondamentaux du Maroc.

Il nous appartient de déterminer la nature de la menace et des intentions des Etats-Unis dans notre sous-région, de définir en permanence les diverses options, leurs coûts, leurs risques, et enfin, l’interaction entre la politique du Royaume et celles des grands pays intéressés par le développement de notre région, l’Europe, notamment l’Espagne, la Grande-Bretagne, la France, et les émergents la Russie et la Chine, qui accordent la plus haute importance à leurs relations avec le Royaume avec lequel ils viennent de conclure des accords de partenariat stratégique .

*Président de la Fondation Hélios pour le dialogue et le développement

Ancien Directeur des Affaires Américaines et Asiatiques. MAEC

 

 

Articles similaires

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page