Jusqu’à où peut aller la science?

Par Gabriel Banon

Lorsque, pour la première fois, j’ai lu qu’un milliardaire de la Silicon Valley finançait des recherches pour éradiquer la Mort, j’ai eu un sourire condescendant. J’avoue que je trouvais saugrenue l’idée même de prétendre faire échec à la Mort.

N’est-ce pas le sort de tout un chacun de mourir, un jour, le plus tard possible, je vous l’accorde? Pour moi, nous sommes tous mortels, et rien ne peut changer cette vérité première.
Médusé, je découvre un monde de chercheurs, ignoré par les grands médias, qui mène une vraie guerre à la mort. Les humains meurent toujours d’un problème technique, et tout problème technique a une solution technique, disent ces chercheurs de l’impossible.

Une minorité croissante de chercheurs et de penseurs parlent ouvertement de cette ambition, et sont convaincus que le projet phare de la science moderne est de vaincre la mort et d’offrir aux humains l’éternelle jeunesse.
Plusieurs écrits et nombre d’ouvrages traitent, aujourd’hui, de la question : l’immortalité est-elle pour demain ?
Pour les religions monothéistes, le sens de notre existence dépend de notre destin dans l’au-delà. Quelle société aurons-nous alors, dans un monde sans mort, un monde sans ciel, sans enfer ni réincarnation, un monde sans but et surtout sans point final?

Jusqu’à ce jour, l’évolution attendue de la science a été l’allongement de l’espérance de vie, dans les meilleures conditions possibles. Mathusalem n’avait-il pas plus de deux cents ans? Mais éradiquer la mort, ne serait-ce pas la fin de l’humanité ? L’homme, n’étant plus un mortel, va se transformer en un des nombreux dieux de l’Olympe. Cet homme, dans un ouvrage récent d’un chercheur, Yuval Noah Harari, a été nommé : Homo deus. Ce rêve vertigineux s’accompagne de nombre de cauchemars.

À écouter ces explorateurs du futur, une guerre implacable contre la mort paraît inévitable. Tant que des hommes mourront de quelque chose, la médecine s’efforcera de l’empêcher.
La peur de la mort, enracinée chez la plupart des êtres humains, donnera à ce combat contre la Mort, un élan irrésistible. Woody Allen, connu pour sa peur et son obsession de la Mort, déclarait : « Je ne veux pas accéder à l’immortalité par mon travail. Je veux l’obtenir en ne mourant pas. »
Pour les religieux, une telle recherche est un blasphème. En recherchant la béatitude et l’immortalité, les êtres humains tentent, en fait, de se hisser au rang de dieux.

Il faut reconnaître, qu’aujourd’hui, si le rêve d’immortalité et de divinité nous déconcerte, on ne traite plus de fous ceux qui cherchent la réponse à ce qui était, il y a encore quelques années, une utopie.
On peut se poser la question : jusqu’à où peut aller la science ? Ne doit-on ou peut-on mettre une limite aux recherches ? Vraisemblablement non.

L’Homme n’arrêtera pas d’avancer, mais pour aller où ?

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