La femme, avenir de la politique

« Si vous ne vous intéressez pas à la politique, la politique s’intéresse à vous » ! On a coutume de brandir de plus en plus ce vieil adage, lancé autrefois pour sensibiliser les citoyens aux problèmes politiques qui les intéressent et pour lesquels ils sont régulièrement conviés à voter et à s’exprimer. Ce n’est pas de gaieté de cœur que l’on enregistre depuis quelques temps un désintérêt de la politique, traduit à chaque échéance électorale par un abstentionnisme récurrent. Au point que l’on se demande, et des enquêtes ont tendance à le prouver, si le personnel politique n’en est pas la cause principale.

Or, l’échiquier politique national ne reste-t-il pas dominé, on dira même hyper dominé par les hommes ? D’où notre question, légitime à bien des égards : et si les femmes étaient majoritaires dans l’activité politique et dans l’exercice de la politique ? Depuis toujours, en effet, la femme marocaine bénéficie du droit de vote, qu’elle a acquis constitutionnellement et qui en fait – en principe – une citoyenne à part entière, l’égale de l’homme. Il reste, par contre, que dans la pratique, la femme est restée sinon exclue, du moins marginalisée. Sa présence au parlement, comme aussi dans les conseils communaux n’a pas constitué un motif de fierté, tant s’en faut…

Aux dernières élections législatives, et toutes proportions gardées, peu de femmes ont gravi le palier du parlement. Les partis politiques, malgré les discours d’autosatisfaction et les proclamations vertueuses, n’ont pas respecté la parité homme-femme qui est l’expression la plus juste de la représentativité. Un choix arbitraire a été opéré, traduit d’ailleurs dans la constitution du gouvernement de coalition qui en est issu où les femmes tiennent une posture quasi caricaturale.

Les prochaines élections locales pallieraient-elles à ce décalage si aberrant qui n’honore pas notre démocratie ? Il y a trois ans, le Roi Mohammed VI, non content de promouvoir la place de la femme et de lui conférer ses pleins droits civiques et politiques, cinq ans après la réforme du code de la famille, a lancé un appel afin que la femme soit plus impliquée dans la vie politique. Un Fonds a même été crée à cet effet de quelque 10 millions de dirhams pour assurer cette « réhabilitation », digne d’une pleine reconnaissance de la femme…

L’implication de la femme dans les affaires politiques, ce n’est pas seulement la reconnaissance du rôle qui lui revient dans une société en pleine mutation. C’est aussi et surtout un devoir de s’en remettre à son intelligence et à son engagement participatif. Sur un plan sociologique, elle représente la moitié, sinon plus, du corps social. Pourtant le PJD, contrairement à ce que proclamait haut et fort son secrétaire général, Abdelilah Benkirane, s’est contenté de coopter 6 femmes au gouvernement en tout et pour tout sur un total de 39 ministres. Soit à peine 5% …Nous sommes loin des promesses, nous déchantons…parce que ce gouvernement, dès le départ, a déçu les démocrates de tous bords.

L’avenir nous dira, et les prochaines élections locales notamment, si le Maroc démocratique que l’on proclame à tout bout de champ, fera cas de ses femmes ou les enverra de nouveau dans les Calendes grecques ! Il ne faut pourtant pas oublier que les élections communales sont, à coup sûr, plus importantes que toutes les autres, parce que la vie locale, c’est la réalité de tous les jours et les problèmes quotidiens des citoyens qui font de l’éducation, à la santé, en passant par les transports, la sécurité des villes et villages, le cadre de vie, l’écologie et l’environnement…

La femme marocaine ne peut être écartée de la gestion locale comme elle l’a été jusqu’ici, ses compétences prouvées depuis longtemps nous autorisent à penser qu’elle est aussi, sinon mieux en mesure et capable de gérer les affaires de la cité. Elle est de plus en plus au cœur de la politique et du renouveau politique.

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