L’Adhésion du Maroc à la CEDEAO, un « choix stratégique »

L’adhésion du Maroc à la Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est « un choix stratégique » que le pays défendra jusqu’au bout, a estimé, mardi soir à Tanger, l’économiste et consultant en stratégie et risk management, El Mehdi Fakir.

S’exprimant lors d’une conférence-débat organisée sous le thème « Adhésion du Maroc à la CEDEAO: Enjeux, défis et opportunités » à l’initiative conjointe du Rotary Tanger Doyen et du Club des finances du Nord, M. Fakir a indiqué que « le Maroc a déjà bien préparé le terrain et le report de l’adhésion n’est qu’une partie remise dans la mesure où le Royaume a toujours été coriace et prêt à aller jusqu’au bout« , soulignant que ce choix est source d’opportunités mais pose également des défis.

S’agissant des opportunités, l’expert a expliqué que l’Adhésion à la CEDEAO est une véritable aubaine pour les entreprises marocaines qui auront accès à un marché de plus de 300 millions de consommateurs, notant que cela sera de nature à faciliter les échanges commerciaux et à amplifier le mouvement de libre circulation des personnes et des capitaux amorcé depuis par les 15 pays membres de cet espace économique, dont le PIB total est estimé à 730 milliards de dollars.

En tant que premier investisseur africain en Afrique de l’Ouest, le Royaume juge opportun d’être à proximité de ses intérêts, d’autant plus que le ticket d’entrée dans la CEDEAO fera disparaitre les obstacles à l’exportation massive des produits marocains vers cette région, a fait remarquer M. Fakir, également expert comptable et conseiller juridique et fiscal, soulignant que l’espace économique ouest-africain est l’un des plus intégrés du continent.

>>A lire aussi: Adhésion à la CEDEAO prévue en 2018 : Quand le Maroc s’engage à donner l’espoir à l’Afrique

L’économiste a également fait savoir que la libre circulation des biens et des services y est presque une réalité, expliquant que le statut de membre permettrait ainsi au Maroc de se passer d’un accord de libre-échange avec la CEDEAO et de faciliter, sur un autre volet, la concrétisation du gazoduc annoncé récemment, qui doit rallier le Maroc depuis le Nigeria en longeant une bonne partie des pays membres de ce groupement régional. Enfin, sur le plan sécuritaire, l’entrée dans la CEDEAO donnera plus de légitimité au Maroc pour se prononcer sur des dossiers chauds en rapport avec l’espace sahélo-saharien, à l’instar de la lutte contre les groupes armés au Mali ou encore au Nigeria, a-t-il ajouté.

En revanche, M. Fakir a fait état « d’immenses » défis, le premier étant lié à la migration, précisant qu’en intégrant la CEDEAO, le Maroc devra accepter le principe de libre-circulation des personnes ressortissant des pays membres, de même qu’il devra adopter le passeport et la carte d’identité de ce groupement. Sur le plan économique, il a relevé que l’instauration d’un tarif extérieur commun (TEC) identique à celui en vigueur dans l’espace ouest-africain depuis janvier 2015 sera également une nécessité, sans parler de l’harmonisation des politiques budgétaires, surtout dans la perspective de l’adoption d’une monnaie commune à l’horizon 2020.

« Face à cette panoplie d’exigences, certaines voix estiment déjà qu’un statut d’État associé aurait été plus souhaitable. Cependant, le Royaume a sûrement bien étudié la situation avant de se tendre la main à ses voisins du sud« , a fait observer l’expert. Par ailleurs, M. Fakir a mis l’accent sur la nécessité de réunir les conditions pour un développement durable des relations du Maroc avec l’Afrique à travers le renforcement des capacités compétitives de l’offre marocaine, la diversification à l’international des groupes marocains en Afrique et le choix de modes d’insertion appropriés dans l’économie africaine, en nouant des alliances avec les firmes étrangères.

Il a également relevé l’importance de rénover et de renforcer les instruments de promotion économique du Royaume en Afrique, en instaurant un nouveau cadre institutionnel de relations économiques et financières avec les pays africains, en développant les moyens directs de transport terrestre, maritime et aérien à destination des partenaires du Maroc et en dotant les missions économiques des ambassades des moyens d’action nécessaires.

Il a de même plaidé pour faire du Maroc un hub régional dans les domaines de la finance, des transports et de la formation universitaire et professionnelle, précisant que le Maroc doit tirer profit de sa position en tant que trait d’union entre l’Afrique et l’Europe, en renforçant son rôle dans les processus de dialogue et de coopération Afrique-Europe, en participant à l’édification de chaînes de valeur entre les deux continents et en approfondissant la coopération triangulaire dans les secteurs socioéconomiques, à fort impact sur le développement de l’Afrique.

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