L’heure est-elle à la médiocratie politique ?

 

En voulant fermer les frontières américaines aux musulmans, le milliardaire américain, candidat à la primaire républicaine, Donald Trump affiche encore une fois son islamophobie à visage découvert. Toutefois, il ne s’attendait pas à provoquer une avalanche de réactions empreintes d’indignation dans les quatre coins du monde. Le candidat républicain à la Maison Blanche en 2016, propose de barrer la route aux musulmans voulant fouler le sol américain.

Cela dit, en dépit de ses propos racistes –qui ne surprennent plus d’ailleurs vu le débit de la récidive- Trump a été applaudi lors d’un meeting en Californie du Sud en déclarant : « J’ai des amis musulmans, ce sont des gens très bien, mais ils savent qu’il y a un problème, et on ne peut plus le tolérer ». Ceci juste quelques heures seulement après avoir annoncé, lundi 7 décembre, son souhait de fermer les frontières des Etats-Unis aux musulmans « jusqu’à ce que nous soyons, indique-t-il, capables de déterminer et de comprendre ce problème ». C’est dire que ce candidat n’y va pas par quatre chemins et annonce la couleur de sa misanthropie sans se soucier de ses plans qui semblent directement enfreindre la Constitution américaine et l’interdiction des discriminations religieuses !

En s’attirant les foudres de ses rivaux républicains, de Marco Rubio à Chris Christie, Donald Trump s’est fait traiter de « déséquilibré » Par Jeb Bush qui avait lui-même proposé d’exclure uniquement les réfugiés syriens musulmans suite aux attentats de Paris. De son côté, Lindsey Graham, un autre républicain, a questionné, mardi matin, en reprenant le slogan de campagne du milliardaire : « Savez-vous comment rendre à l’Amérique sa grandeur ? Dites à Donald Trump d’aller au diable ».

Le milieu démocrate a aussi taclé Trump et la Maison Blanche  s’est immédiatement élevée contre cette idée « contraire à nos valeurs ». « Donald Trump, vous ne comprenez rien. Cela affaiblit notre sécurité », a réagi Hillary Clinton sur Twitter.

Son impulsivité lui a fait rater l’occasion de se taire encore une fois, lui qui, au lieu de fédérer et rassembler des gens autour de lui, les a par contre éparpillés au moment où sa campagne ne fait que commencer. Sa vision fort hostile de l’islam et des musulmans ne peut qu’embraser et envenimer la tension au sein de la société américaine.

Il faut dire que « le lynchage bien mérité » et les condamnations chez les dirigeants mondiaux ont été à la mesure de la pire proposition qu’un candidat- aussi impétueux et irréfléchi soit-il-  puisse faire. Aussi le Premier ministre britannique David Cameron s’associe-t-il aux indignés et manifeste son « désaccord total » avec cette proposition qu’il juge « tout simplement mauvaise, inutile et de nature à semer la discorde », a déclaré un porte-parole du chef de l’exécutif britannique.

A Genève, le Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies s’est aussi dit « préoccupé par la rhétorique utilisée », s’inquiétant pour le programme d’installation aux Etats-Unis de réfugiés syriens. Pour sa part, le Premier ministre français Manuel Valls a fustigé la proposition de M. Trump, estimant qu’il « entretient la haine et les amalgames« . « Notre seul ennemi, c’est l’islamisme radical« .

Or,  aussi paradoxal que cela puisse paraître, le milliardaire, loin d’être affecté ou sensible à toutes ces condamnations internationales,  s’est accaparé, mardi matin, toutes les télévisions américaines pour soi-disant défendre sa proposition discriminatoire et anachronique, estimant lors de son passage sur CNN que Paris « devrait peut-être » adopter la même stratégie, au vu des « immenses » problèmes que connaît la ville avec sa communauté musulmane. C’est dire que la politique réussit plus à des femmes et des hommes qui sèment de plus en plus de polémique, de haine et qui jouent dans la surenchère à la provocation. En effet, Donald Trump ne trouve pas mieux que son allergie épidermique aux musulmans pour jouer le tout pour le tout depuis son entrée tintamarresque en campagne à l’été.  Après les attentats de Paris en novembre, Donald Trump a appelé – comme le reste de son parti – au rejet des réfugiés syriens. Il avait aussi approuvé l’idée de forcer les musulmans à se déclarer sur un registre afin d’être surveillés, déclenchant un premier malaise dans son camp. Pathétique et ahurissant quand on sait que 7% de l’économie américaine provient de fonds arabes ! L’annonce peut aussi se lire comme une réponse à Barack Obama, qui dans un discours à la nation, dimanche, avait enjoint les Américains à éviter les amalgames entre le groupe Etat islamique et l’islam. « Nous ne pouvons pas nous en prendre les uns aux autres en laissant ce combat se transformer en combat entre l’Amérique et l’islam », avait-il asséné.

Pour faire plaisir à Donald Trump, qui se surpasse dans les pires déclarations, peut-être que les musulmans devraient transcrire leur religion sur leur fronton pour lui faciliter leur identification ? Disons que les Etats-Unis peuvent se vanter d’avoir « leur Le Pen » ! Mais que dire, sous le règne de la médiocratie ambiante, « l’idiocratie » ne gêne guère !

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