L’INDH : Tirs croisés sur les déficits sociaux

La lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale a été un axe ma­jeur de la vision de SM le Roi Mohammed VI depuis son ac­cession au trône pour permettre aux couches défavorisées de vivre dans la dignité.

En effet, dans son discours du 18 mai 2005, Sa Majesté le Roi a lancé l’Initiative Natio­nale pour le Développement Humain et a déclaré que ce vaste chantier « n’est ni un pro­jet ponctuel, ni un programme conjoncturel de circonstance c’est un chantier de règne ». Cette initiative Royale s’inscrit ainsi dans une vision d’ensemble centrée sur trois axes majeurs :

  • Processus politique de consolidation de l’Etat mo­derne : transition démocratique, consolidation de l’Etat de droit.

  • Réforme et projet restructu­rant générateur de croissance : Développement humain dans ses dimensions économiques sociales et culturelles, fondé sur les principes de bonnes gouver­nances à travers l’information, le suivi, et l’obligation de rendre compte.

  • Une vision globale intégrée du développement social et hu­main dont l’objectif est de lutter contre les déficits sociaux aussi bien en milieu urbain que rural.

L’INDH propose en outre de renforcer l’action de l’Etat et des collectivités locales sans se subs­tituer aux programmes sectoriels et au plan du développement économique et social de ces derniers. Sa mise en oeuvre place les déficits sociaux économiques au centre des priorités de la po­litique économique et sociale du pays et procède d’une démarche déconcentrée basée sur le ciblage des zones géographiques et des catégories les plus vulnérables ainsi que sur les principes de participation effective des po­pulations bénéficiaires.

L’INDH et la Fondation Mohammed V pour la solidarité : Fer de lance contre l’exclusion sociale

L’INDH et la Fondation Mo­hammed V pour la solidarité constituent les lustres de cette ac­tion dont l’objectif est de changer le quotidien des Marocains souf­frant de précarité et d’exclusion sociale en améliorant leur niveau de vie, en les dotant de moyens pour une insertion socio-écono­mique optimale et une vie digne et en facilitant leur accès aux infrastructures sociales de base.Ainsi, la Fondation, dont les engagements financiers ont at­teint 5,147 milliards de dirhams depuis sa création et jusqu’à fin 2015, a pu élargir la base des bé­néficiaires de ses activités à 5,7 millions de personnes.

L’INDH  et la Fondation  Mohammed V  pour la solidarité constituent  les lustres de cette  action dont  l’objectif est de  changer le quotidien des Marocains  souffrant  de précarité

Selon le rapport d’activité 2015 de la Fondation Moham­med V pour la solidarité, ces acti­vités ont concerné 15.300 jeunes admis à suivre les programmes des centres de formation et de qualification professionnelle, 9.103 jeunes filles et étudiantes accueillies dans des foyers et in­ternats, 89.400 enfants et jeunes accompagnés en matière éduca­tive, culturelle et sportive, 6.000 femmes qui ont bénéficié des services des centres socio-édu­catifs et de formation et 159.746 personnes qui ont profité des programmes de développement durable (activités génératrices de revenu, microcrédits, sou­tien des artisans, gîtes ruraux).Elles ont concerné également 658.245 personnes démunies qui ont bénéficié des actions des ca­ravanes médicales de solidarité, 14.897 personnes qui ont profité d’opérations médico-sociales et 6.014 handicapés qui sont sui­vis annuellement dans les centres spécialisés. Les statistiques de la Fondation font également état de près de 2,3 millions de personnes (veuves, personnes âgées, per­sonnes à mobilité réduite) qui ont reçu un soutien alimentaire pendant la période du Rama­dan essentiellement et environ 2.474.348 Marocains résidant à l’étranger qui ont bénéficié des services d’accueil, dont 80.266 personnes assistées pour des pro­blèmes d’ordre administratif, de transport, pour rapatriement de corps et pour assistance médicale pendant la période estivale.

Pour sa part, l’INDH a per­mis de mettre en place plus de 42.000 projets ayant bénéficié à 10 millions de citoyens, grâce à un budget global de 37,4 mil­liards de dirhams. L’INDH a apporté, dans ce cadre, près de 24 milliards de dirhams. Des réalisations qui lui ont permis d’occuper la troisième place au niveau international parmi 135 programmes de développe­ment social à travers le monde. Levier de développement social par excellence, l’INDH a axé son action, pour sa deuxième phase (2011-2015), sur le désenclave­ment des régions rurales éloi­gnées et enclavées dans le but de réduire les disparités et d’en finir avec les situations d’inéga­lité sociale.

Dans ce sens, plus de 3.300 douars relevant de 22 préfectures et provinces ont pu profiter de 23.000 projets mis en place et fi­nancés par l’Initiative qui a éga­lement permis de financer près de 8.300 activités génératrices de revenus (AGR) dont la moitié est gérée par des femmes. Ces AGR sont situées à hauteur de 40 % au niveau rural.

Agadir, Azilal : deux cas de figures

La préfecture d’Agadir-Ida Outanane, a atteint 435.637.854 dirhams durant la période 2005-2015. Un total de 840 projets, répartis sur toutes les communes de la préfecture, ont été réalisés ou sont en cours de réalisation, durant la première décennie de la vie de l’INDH, selon des don­nées délivrées par la Division de l’action sociale (DAS) de la pré­fecture d’Agadir-Ida Outanane.

La contribution de l’INDH à la réalisation de ces projets, qui ont profité à 142.542 personnes, a atteint un montant global de 317.740.030 DH.

Après deux aides financières  de 100 puis 300 millions de dollars, le gouvernement serait à nouveau  en négociation  avec l’institution financière.

Les projets visant la lutte contre l’exclusion sociale viennent en tête avec un budget de 183.108.955 DH, dont une contribution de l’INDH de 152,9 millions de dirhams, suivis de ceux relatifs au programme horizontal avec 109.910.321 dirhams (69.204.395 DH de l’INDH) et de ceux dédiés à la lutte contre la vulnérabilité et la marginalisation (96.709.842 DH), alors qu’une enveloppe de 45.908.754 DH a été dédiée à la lutte contre la pauvreté en milieu rural.

Ces projets ont couvert tous les secteurs pour concrétiser les attentes et les besoins des classes cibles, ce qui a permis de créer une dynamique économique et sociale qui a eu un impact positif sur la population concer­née, qu’il s’agisse des catégories à faibles revenus ou encore la communauté rurale. Par ailleurs, L’INDH participe activement à développer les compétences et les savoir-faire des acteurs territoriaux, en instaurant un programme de formation dont le nombre des bénéficiaires a atteint, lors des dix dernières années, 17.055 personnes des deux sexes, tandis que 11.205 autres ont profité des activités de communication.

L’INDH a constitué, en outre, une rupture avec la gestion ar­chaïque des affaires sociales et cherche à passer à un autre stade de son opérationnalisation en élargissant la base des béné­ficiaires, à travers l’incitation à monter des entreprises, afin d’améliorer le niveau de vie des individus et des ménages.

S’agissant de la province d’Azilal, cette dernière est constituée d’un ensemble de villages, de petits douars épar­pillés entre de gigantesques montagnes et qui sont majori­tairement isolés. Elle contient deux petites citées, Azilal et Demnate, qualifiées officielle­ment de villes. Mais cette dé­nomination ne répond pas aux critères mondiaux qui feraient d’elles de vrais centres urbains.

roi2C’est une terre dure, monta­gneuse où s’embrassent le Haut Atlas central et le Moyen Atlas. Environ 90% de son territoire atteint des altitudes de 800 à 4.000 mètres. Sa superficie est estimée à 9.800 km2 avec une population de plus de 504.000 habitants. Riche en eau, elle est, par contre, classée parmi les provinces les plus pauvres du pays avec un taux de pau­vreté dépassant 40%. Ses habi­tants souffrent d’une précarité et d’une vulnérabilité alarmante.

Dans cette région existe une pauvreté humaine extrême qui, si l’on se réfère à la définition du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), correspond à «l’absence des capacités humaines de base à savoir l’analphabétisme, la mal­nutrition, la longévité réduite, la mauvaise santé maternelle et enfin la présence de maladies pouvant être évitées».

Conscients de cette situation, les pouvoirs publics ont lancé des initiatives pour s’occuper du monde rural et quels que soient l’intention et le degré de sérieux de ses décisions, elles sont réelles et palpables. Du­rant la période 2011-2015, la province d’Azilal a connu la réalisation de plusieurs projets s’élevant à 461,3 millions de dirhams, relatifs aux cinq pro­grammes de l’INDH, à savoir le programme de lutte contre la pauvreté en milieu rural, le pro­gramme de lutte contre la préca­rité, le programme transversal, le programme de lutte contre l’exclusion sociale en milieu urbain et le programme de mise à niveau territoriale. Mais cela reste insuffisant.

L’INDH et l’appui de la Banque mondiale

Après deux aides financières de 100 puis 300 millions de dollars, le gouvernement se­rait à nouveau en négociation avec l’institution financière. Durant 10 ans, 42.000 projets ont été lancés, bénéficiant à 10 millions de personnes pour un budget de 37,4 MMDH dont 24 MMDH injectés directement par l’INDH. A travers ces chiffres, l’INDH s’avère un chantier ou­vert sur l’avenir et conscient du défi selon le nouveau paradigme du développement régional du pays.

L’institution financière met l’accent sur l’inclusion des femmes et des jeunes ainsi que le renforcement de la capacité des acteurs locaux outre la mise en place d’un système de suivi et d’évaluation. En effet, la pre­mière phase a fait l’objet d’un appui de la BM de 100 millions de dollars, qui a été multiplié par trois pour la deuxième phase avec un focus sur l’amélioration de l’accès aux services sociaux et l’inclusion économique. Un troisième appui est aujourd’hui en négociation entre le gouver­nement et la Banque mondiale.

L’INDH : un satisfecit mais…

Cette année, l’INDH souffle sa 11ème bougie. Ce programme a permis aux couches les plus défavorisées de faire émerger d’importantes capacités de pro­duction et un potentiel phéno­ménal parmi les catégories so­ciales ciblées. Certes, l’INDH reste un modèle intéressant, toutefois, elle devrait pallier à certaines insuffisances, essen­tiellement dans le choix des bénéficiaires pour passer à la vitesse supérieure, car si les ac­quis de ces dix dernières années plaident pour une reconduction, ce programme requiert une auto­critique constructive pour mieux amorcer un nouveau virage. Se­lon un expert français «le Maroc profond se porte mieux avec l’INDH».

Pour certains responsables associatifs, plusieurs éléments de l’INDH sont à revoir. Quelques-uns proposent la mise en connexion des associa­tions en créant un observatoire au service du milieu associatif, d’autres s’insurgent contre les lourdes procédures administra­tives qui viennent remettre en cause la fluidité du système. Il y a ceux qui remettent en cause l’omniprésence et l’hégémonie du ministère de l’Intérieur dans les actions de l’INDH.

Ainsi, les avis face à l’ini­tiative sont partagés. Si elle est considérée comme un boulever­sement en faveur d’un dévelop­pement humain visant à tirer le pays vers le haut, quelques ajus­tements restent à faire. Et c’est en étant à l’écoute des associa­tions que le changement pourra porter ses fruits.

Enfin, il ne s’agit pas d’un ex­cès de satisfecit mais d’un fait, l’INDH a de beaux jours devant elle si elle prend en compte les recadrages nécessaires.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page