L’irruption du Maroc dans la gouvernance mondiale

Par Omar Hasnaoui Chaoui

 « Le Maroc est libre dans ses décisions et ses choix et n’est la chasse gardée d’au­cun pays ». Le Roi Mohammed VI.

L’année 2016 a été celle, où le Royaume du Maroc sous la conduite et le leadership du Roi Mohammed VI avait opté, de manière irréversible, pour une diversification de ses partenaires stratégiques, imprimant désormais sa marque pour de nouveaux horizons, une nouvelle frontière, un cap nouveau.

Partout à la manoeuvre, le Souverain marocain, aura marqué dans le marbre une orientation, faisant du soft power, sa ligne directrice majeure que ce soit au ni­veau international, que dans ses rapports à l’Occident. Cette ligne se traduit par une coopération pragmatique, réaliste, inédite et d’exception avec les grandes puis­sances émergentes de la planète, la Russie, la Chine et l’Inde, et sur­tout l’Afrique objet de toutes les sollicitudes. «L’Afrique n’est plus un continent colonisé. Il n’y a plus de terrain acquis, pas plus qu’il n’y a de chasse gar­dée». C’est le sens du message du  Souve­rain adressé  à la 69e session de l’Assemblée générale de l’ONU, en appelant à la révision des relations entre l’Occident et les pays du Sud.

Désormais, on ne parle plus que de co-développement, de co-émergence, de coopération triangulaire, autant d’axes stratégiques qui tournent le dos aux pra­tiques de conditionnalités et des consen­sus, des schémas qui pèsent sur les rela­tions nord-sud. Le Maroc ayant donné la primauté à une coopération sud sud, mieux adaptée pour un développement harmo­nieux et mutuellement bénéfique. L’ob­jectif pour le Maroc est de multiplier les initiatives tous azimuts pour renforcer les partenariats économiques avec les pays d’Afrique basés sur les principes de so­lidarité, du respect de la souveraineté, et l’intégrité des Etats.

«Le Maroc partenaire régional essentiel»

Des visites d’Etat que le Roi Moham­med VI, a effectuées durant l’année 2016 , celle qui a connus  les réper­cussions les plus significatives et les plus rapides, est la visite officielle qu’il a effec­tuée en Chine, ce géant du XXIe siècle, en mai 2016. Il s’agissait de passer à une étape supérieure après plus d’un demi siècle de coopé­ration harmonieuse entre les deux nations. Sur quels fon­dements devrions nous ren­forcer nos relations? Partant du principe que le Maroc et la Chine, sont deux pays qui peuvent se vanter d’avoir connu une civilisation mil­lénaire avec les principes de souveraineté et d’indépen­dance. C’est le Président Xi Jing Ping qui devait trouver réponse à nombre d’interro­gations en qualifiant le Ma­roc comme étant «un parte­naire régional essentiel», à l’occasion de la conclusion d’un partenariat stratégique, entre les deux pays. Depuis, une nouvelle dynamique de la coopération bilatérale aux perspectives considérables s’est mise en marche.

Sur le plan politique, le Maroc, comme la Chine, ont en commun, une doctrine basée sur la défense déterminée de la sou­veraineté nationale. La Chine affiche une volonté et un engagement sincère et une implication en faveur du progrès et du dé­veloppement, d’où la nécessité de prospec­ter ensemble les voies et moyens de coo­pérer en identifiant des types d’approches novatrices. La création par la Chine, d’un futur pôle de compétitivité industriel et ré­sidentiel dans la zone de Tanger Med avec le groupe chinois Haité et la mise en place d’ un fonds d’investissement de 1 milliard de dollars, en joint venture avec BMCE Bank of Africa, sont les points d’orgue de cette nouvelle étape dans les relations entre le Maroc et la Chine.

Sur le plan économique, le Maroc de­vrait être éligible aux nouveaux méca­nismes de financement des infrastructures, mis en oeuvre par la Chine. C’est ainsi que la Chine a créé, depuis 2014, sur décision du Président Xi Jinping, une banque mul­tilatérale, la BAII, comme alternative à la Banque mondiale. Près de soixante pays y ont déjà adhéré, dont seize pays du G20. Forte de ses réserves internationales de 4000 milliards de dollars, la Chine a mis en place le Fonds de la route de la soie, et la Banque de développement des BRICS, dont le but est aussi de financer des in­frastructures, cette fois dans chacun des pays émergents, se posant comme alter­native des pays du Sud . Un capital de 100 milliards de dollars a déjà été sous­crit, avec 41% détenus par la seule Chine, pour soutenir les membres en cas de crise financière et contourner le FMI « lié aux intérêts occidentaux ».

La remise en cause de l’ordre américain ?

L’arrivée de Donald Trump à la prési­dence des Etats Unis, son approche sur nombre de questions : relations sino-amé­ricaine, changement climatique, la Syrie, la Corée du Nord, les accords de libre échange, l’Irak , l’Islam radical et les armes nucléaires, n’est pas bien claire, puisqu’elle va dans tous les sens. Mais, il ya une constante dans le discours de Trump. «L’Amérique d’abord ». Mais sa vision du monde globale est que l’Amé­rique est en déclin économique parce que d’autres nations en profitent. La frustra­tion de Trump est que les États-Unis ob­tiennent peu pour protéger d’autres pays ou assurer l’ordre global, qu’il considère comme un actif négociable que l’Amé­rique peut utiliser comme monnaie d’échange avec un allié. Ce qui surprend, c’est qu’il a un faible pour les hommes fort autoritaires. Il éprouve une sorte de fascination pour Vladimir Poutine. D’ail­leurs la nomination de Rex Tillerson, très proche de Vladimir Poutine, président-di­recteur général du géant pétrolier et ga­zier ExxonMobil, à la tête du Secrétariat d’Etat, n’est pas pur hasard.Vont-ils pouvoir coopérer et s’entendre pour que les choses changent en Syrie et en Irak, mutualiser leurs efforts pour combattre l’Etat Islamique, sachant que le monde s’est installé dans un désordre qui sera probablement mieux cerné, dès lors que le droit international n’est respecté que si les intérêts convergent dans le cadre d’un rapport de force ?

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