Marche du 20 juillet à al-Hoceima : encore une fois, le grand nombre de victimes est chez les forces de l’ordre

En dépit de toutes les mises en garde officielles et officieuses, de l’interdiction formelle aussi par les autorités d’al-Hoceima, les organisateurs de la marche du 20 juillet ont maintenu leur mot d’ordre : défiler envers et contre tout. Des centaines de manifestants, venus de la région et d’autres villes du Maroc, ont donc « marché », tout à leur rage de défier l’autorité de l’Etat et, espéraient-ils peut-être, radicaliser encore le Hirak.

Les interprétations sur la teneur du mouvement, son organisation et son déroulement divergent. Mais il est une chose que personne, sauf mauvaise foi avérée, ne saurait nier : les affrontements ont fait plus de victimes au sein des forces de l’ordre que chez les manifestants. Pas moins de 72 personnes des forces de l’ordre ont été gravement agressés et portés blessés, dont deux dans le coma. En face, bien entendu, ce sont 11 manifestants qui ont été blessés par des bombes lacrymogènes, mais qui se sont déjà relevées aussitôt.

Depuis maintenant plusieurs mois, on a pris l’habitude de compter plus de blessés du côté de la police que des manifestants qui, fait étrange et plutôt inquiétant, débarquent le visage cagoulé. Et ce n’est pas la première fois que ces jeunes inconnus, invisibles et offensifs, surgissent au cœur des révoltes et s’adonnent à leur exercice préféré : jeter des pierres contre les forces de sécurité, porter la dague là où il fait le plus mal, provoquer comme on dit tout simplement.

Ceux qui les poussent à agir ainsi n’ont d’autre objectif que de provoquer une réaction violente et irréversible des forces de sécurité, de manière à accélérer ce redoutable cycle de violence-répression qui est tout sauf souhaitable. Or, comme à chaque fois, il s’est trouvé des groupuscules dont les membres encagoulés sont à la manœuvre. Il s’est trouvé aussi que les membres de la police ont su garder leur sang froid et à se surpasser , à aller contre eux-mêmes pour ne pas céder à ce genre de chantage machiavélique et ne pas être poussés à réagir..

Dans cette sorte de « guérilla » qui ne dit pas son nom, la police a faite preuve de retenue. C’est le moins que l’on puisse dire. Elle a réagi sous la pression, mais conformément aux directives qui lui ont été signifiées dans une situation d’autant plus exceptionnelle et dramatique qu’elle ne laisse aucune autre marge de manœuvre que la volonté d’apaisement et le respect des règles. Personne ne doutera que parmi les manifestants se trouvent toujours ce qu’on appelle les « casseurs », ces groupuscules compacts appelés les « katangais » en mai-juin 1968 à Paris, lâchés pour exécuter des sales besognes contraires…

Le sentiment éprouvé au lendemain de cette journée du 20 juillet est partagé : celui d’un Ouf ! Dieu merci, il n’y a pas eu de situation extrêmement incontrôlable, quand bien même des violences et des affrontements ont opposé protestataires déterminés et forces de l’ordre ! De ce constat, on peut se prévaloir que la Raison a relativement triomphé. Il convient de souligner dans la foulée l’impérieux devoir de tirer une leçon supplémentaire de cet épisode qui nous aura tenus en haleine des jours entiers, que les uns et les autres ont redouté et même décrit à l’avance comme une relance de la révolte et l’alerte ultime au pouvoir…

Le ministre d’Etat et des droits de l’Homme, Mustapha Ramid a sans doute suscité l’ire de beaucoup de commentateurs zélés en affirmant que le nombre des manifestants du jeudi 20 juillet ne dépassait pas les 400 personnes. Ces derniers, tout à leur enthousiasme, revendiquent la plus ample participation mais ne peuvent démentir cette réalité tangible que le Hirak est de plus en plus essoufflé, soumis désormais à l’épreuve de l’usure, de la lassitude qui gagne ses sympathisants au sein de la population et de l’implacable loi du retour de l’histoire. La ville veut respirer sa joie de vivre et son air d’antan, elle est en attente de voir s’accélérer la mise en œuvre des chantiers que, désormais, les pouvoirs publics sont tenus de réaliser sous la supervision directe du Roi Mohammed VI en personne.

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