Même s’il perd demain, Trump a déjà gagné

De notre Correspondant à Washington Mohamed Benfadil

L’annonce favorable, aujourd’hui lundi, dernier jour de la campagne présidentielle américaine, par le FBI des résultats de l’enquête sur le scandale de ses courriels, n’est pas certaine de réparer les dommages causés à Hillary Clinton depuis l’ouverture de ladite enquête, il y a dix jours. Il est vrai que les derniers sondages d’intention de vote donnent une certaine longueur d’avance à la candidate du parti démocrate, mais le danger d’installer, demain mardi, jour du scrutin, dans le Bureau Ovale, un président par qui tous les malheurs pourraient arriver, reste on ne peut plus imminent.

Les deux candidats ont passé cette dernière journée de campagne à parcourir les quelques Etats dits indécis dans l’espoir de faire pencher la balance en leur faveur. Selon l’agence Reuters, les deux candidats conservent dans ces Etats “ des chances décentes” de gagner.

Il est vrai, par ailleurs, que Clinton a déjà en sa faveur 275 grands électeurs, soit 5 de plus que ce qu’il en faut pour être élue, demain soir. Pendant que son adversaire traîne encore avec ses 263, peinant à séduire les sept autres votes électoraux qui pourraient lui être salvateurs. Mais le vote populaire de cette élection pas comme les autres demeure des plus imprévisibles. Même si le plus récent sondage donne Clinton vainqueur avec 47,7 % des voix, contre 43,2 % pour Donald Trump.

Loin de toutes ces considérations chiffrées, la question qui est posée depuis le début de cette campagne, et qui restera certainement posée avec encore plus d’acuité après l’élection du nouveau président, c’est de se demander si l’Amérique n’est plus ce pays-continent, inclusif et accueillant. Cette nation d’immigration où chacun, indépendamment de sa race, de sa couleur ou de sa religion, pourrait toujours avoir sa place. En vous déplaçant, ces derniers jours, hors de la grande métropole washingtonienne, ou des grandes villes comme New York ou Chicago, dans les petites villes et les minuscules bourgades qui font cette Amérique profonde, un phénomène jusque-là étranger à la société américaine. Tout ce qui a été reproché à Donald Trump ne semble pas avoir eu d’incidence négative sur le comportement de ces Américains moyens ou même à revenus des plus modestes. Ici le nombre de pancartes affichant le couple Trump/Pence se faisait de plus en plus imposant et agressif. Allez dire à ces colons des temps modernes que construire un mur le long de la frontière avec le Mexique, aux frais en plus de ce pays limitrophe, est discriminatoire et contraire aux valeurs et principes des pères fondateurs de l’Union. Que faire porter aux Musulmans des signes distinctifs ostentatoires n’a rien à envier aux pratiques nazo-fascistes ô combien naguère condamnées. Que qualifier toutes les femmes de cochonnes tout juste bonnes pour le lit est pour le moins misogyne et irresponsable. Que manquer de respect aux parents d’un soldat mort pour l’Amérique parce musulman, est indigne d’un futur chef suprême des armées. Et j’en passe et des plus graves ! Cela veut-il dire, comme le Xénophobe Lepen aimait à le répéter, que Trump “ dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas” ?

Non, l’Amérique ce n’est pas ce que Trump promet d’en faire. Et s’il a réussi à galvaniser l’Amérique profonde, au point de se retrouver presque au coude-à-coude avec la probable Première Femme Présidente des Etats-Unis, c’est que même s’il perd demain…il a déjà gagné !

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