Petites phrases et grands pas de Bourita

Deux phrases incisives et décisives qui relèvent d’une cruelle lucidité dominent aujourd’hui ce qu’on peut résumer comme le rocailleux débat maroco-algérien. Elles sont de Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale : « Les relations Maroc-Algérie sont au point mort à tous les niveaux », a-t-il dit la semaine dernière au magazine « Jeune Afrique ».

Ensuite, il y a quelques mois, au lendemain du Sommet de l’Union africaine organisé en janvier à Addis Abéba, marqué par le retour du Maroc dans l’institution panafricaine, M.Bourita s’était fendu d’une déclaration à dimension péremptoire : « Le Maroc ne reconnaîtra jamais la rasd… » ! La presse et les responsables algériens y avaient vu comme un casus belli, ils se sont empressés de le critiquer violemment. A coup sûr, celui qui était désigné par le Roi ministre des Affaires étrangères tranchait bel et bien avec son prédécesseur et ne s’accommodait guère des finauderies langagières.

Nasser Bourita choisit le franc-parler, un style de gestion conforme à son tempérament et au contexte empoisonné des relations entre le Maroc et l’Algérie. Quand il évoque « le point mort » entre les deux pays – euphémisme qui signifie chez lui crise patente- c’est sans doute faute de pouvoir nous rassurer sur un avenir maroco-algérien incertain et improbable à l’heure actuelle.

Depuis maintenant quarante-deux ans et plus que le conflit artificiel,  créé par Houari Boumediene, perdure contre toute raison, mettant en équation le voisinage entre nos deux pays et en péril l’avenir de nos peuples. En tout et pour tout, la frontière entre le Maroc et l’Algérie n’aura été officiellement ouverte que pendant 8 ans : de 1962 à 1963 ; de 1969 date à laquelle avait conclu le Traité d’Ifrane sur les frontières jamais entériné par le Maroc à 1975, année de la Marche verte qui a couronné le retour de notre Sahara par la voie diplomatique, soit 6 ans…Enfin en 1994, quelques mois seulement après la réouverture des frontières, refermées tout de suite après les attentats de l’hôtel Asni à Marrakech où de jeunes terroristes algériens avaient été confondus.

Huit ans d’ouverture sur 43 ans, c’est dira-t-on une dérision pour deux pays qui cohabitent sur un même espace géographique, dont les peuples partagent la langue, la religion, l’histoire mêlée de sang et de faits d’armes, qui ont également combattu la même occupation coloniale et sont confrontés, quoiqu’on en dise, aux mêmes problématiques économiques, sociales et culturelles.

La mémoire populaire est comptable des actes ou non-actes des dirigeants ! Le « point mort » évoqué par Nasser Bourita frappe par sa lucidité et un paradoxal sentiment d’urgence.  Autant son homologue algérien, Abdelkader Messahel, vieux briscard du boumediénisme et de DRS s’emploie à porter l’estocade et à écorner l’image du Maroc, notamment après l’agression anti-marocaine de Maputo il y a quelques semaines, autant Nasser Bourita garde son calme tout en cultivant la fermeté de langage.

L’illusion algérienne est qu’en inventant un « peuple sahraoui », en fantasmant sur un « Etat du Sahara occidental », les Messahel et autres apparatchiks s’y prennent vraiment au sérieux. Pour avoir, pétro-dollars à l’appui, manipulé tout au long des années 60, et la 4ème Commission de l’ONU et l’OUA dans les années 80, ils n’en démordent toujours pas de travestir la réalité juridique et historique.

 

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