Plus de 50% du flux migratoire en Afrique est inter-africain

Plus de 50% du flux migratoire en Afrique se produit à l’intérieur du continent, a fait savoir, jeudi à Rabat, le secrétaire général du ministère délégué auprès du ministère des Affaires étrangères, chargé des Marocains résidant à l’étranger et des Affaires de la migration, El Habib Nadir.

Dans une allocution à l’ouverture d’un colloque international sur « L’Afrique en mouvement: migrations, diasporas et mobilités », M. Nadir a souligné que l’Afrique connait une intensification et une accélération de la mobilité humaine, notant que « loin des clichés et des rapports alarmants des médias, cette migration est majoritairement intra-africaine. Elle est non seulement causée par les crises humanitaires, mais aussi encouragée par la dynamique de développement économique que connait plusieurs pays africains, a-t-il affirmé.

« Si l’Afrique bouge c’est bien dans des proportions bien plus importantes à l’intérieur de son périmètre que vers l’Europe ou d’autres continents », précise encore le secrétaire général, notant que « le défi qui se pose, aujourd’hui, est comment faire de cette migration humaine un véritable vecteur du développement du continent ».

Conscient des implications de sa position géostratégique et sa nouvelle réalité migratoire en tant que pays d’accueil et non seulement d’immigration et de transit, le Maroc n’est pas excepté de cette tendance de migration internationale orientée davantage vers le sud, souligne M. Nadir.

Le responsable a, par ailleurs, souligné que sur Hautes orientations de SM le Roi Mohammed VI, le Maroc a entrepris depuis 2013 une « politique migratoire courageuse et volontariste, basée sur une approche globale, humaniste et responsable, en harmonie avec les engagements internationaux du Maroc ».

Il a, ainsi, rappelé que le Maroc a procédé à l’ouverture des services de base devant les réfugiés et les migrants dans les domaines de la l’éducation, la santé, la protection sociale, le logement, la formation professionnelle et l’emploi, de même qu’il a procédé à la mise à niveau du cadre législatif et réglementaire, notant que trois projets de lois ont été élaborés, récemment, sur la migration, l’asile et la traite des êtres humains et que ce dernier a été adopté en août 2016.

En lançant, le 15 décembre 2016, la 2ème phase d’intégration des migrants en situation irrégulière et en relevant la durée de validité de leur titre de séjour d’un à 3 ans, le Maroc exprime son engagement à poursuivre sa politique d’ouverture et d’hospitalité, qui coïncide avec la réintégration du Maroc à l’Union africaine (UA) et sa demande d’intégration de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a-t-il dit.

M. Nadir n’a pas manqué de souligner que le Maroc est confronté, aujourd’hui, à plusieurs enjeux et défis liés à la migration, pour permettre aux migrants de maintenir le lien avec leurs pays d’origine, gérer la diversité culturelle, faire face aux discours xénophobes et permettre au diaspora marocaine de contribuer davantage au développement du Maroc et du continent africain.

Pour sa part, le Secrétaire perpétuel de l’Académie du Royaume, Abdeljalil Lahjomri a souligné que le continent africain est devenu un véritable objet de réflexion pour les Africains eux-mêmes, notant la nécessité d’accompagner les mutations profondes que vit ce continent et de critiquer « les présupposés de soubassement idéologique du regard de l’autre et des réalités culturelles qui privent l’individu africain de sa liberté ».

Il a également noté que le Maroc est conscient que « son avenir se trouve en Afrique » et que la question de la migration a besoin d’être « réinterprétée à la lumière d’une réflexion décomplexée et audacieuse sur les identités, les frontières et l’interculturalité, car la migration constitue un facteur profond du changement des sociétés ».

« Penser la mobilité est une opportunités privilégiée pour approcher les migrations des corps et des imaginaires, réfléchir sur les différentes formes de déplacement, de transport et de mode de création des liens de synergie et d’amitié entre les Africains », a noté M. Lahjomri.

Initié dans le cadre de l’événement « Afrique en Capitale », coordonné par la Fondation nationale des musées (FNM), le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), l’Université internationale de Rabat (UIR), l’Académie du Royaume du Maroc, l’Agence marocaine de coopération internationale (AMCI) et le Musée Mohammed VI d’art moderne & contemporain (MMVI), cet événement s’est déroulé en présence, notamment, du président du CNDH, Driss El Yazami, du directeur général de l’AMCI, Mohamed Methqual et le vice-président de l’UIR, Abdelaziz Benjaouad.

Ce séminaire, qui rassemble des anthropologues, des politologues et des sociologues spécialistes des migrations du Maroc, du Sénégal, du Burkina Faso, du Rwanda, de France et du Royaume-Uni, propose plusieurs tables rondes portant notamment, sur: « Circulations des imaginaires aux prises de l’identitaire », « Les migrations africaines entre résistances et contournements » et « Au-delà des territoires, des appartenances en tensions ».

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