Projection-débat à Copenhague sur la sécurité dans la région sahélo-saharienne

Les défis de la situation sécuritaire dans la région sahélo-saharienne ont fait l’objet d’un passionnant débat, mercredi soir à Copenhague, en marge de la projection du film documentaire  »Sahel et Sahara connexions- trafic, drogue et terrorisme », du réalisateur marocain Hassan El Bouharrouti. 

Ce film d’une quarantaine de minutes a été projeté dans le cadre d’un séminaire organisé sous le signe « Sahel et Sahara : challenges pour la paix et la sécurité », à l’initiative de la Coordination des Marocains de Scandinavie et d’Europe du Nord, un collectif qui couvre le Danemark, la Suède, la Norvège, la Finlande et l’Islande, en collaboration avec d’autres acteurs associatifs.

Le documentaire traite de l’anarchie qui prévaut dans la zone sahélo-saharienne à cause de la présence d’une pléthore d’organisations terroristes et de gangs criminels et montre comment cet espace est devenu, au fil du temps, une zone de non droit qui a vu se développer une véritable multinationale du terrorisme, alimentée par le business du crime, le kidnapping, le narcotrafic, la traite des êtres humains et les trafics de tout genre.

Témoignages d’experts à l’appui, il retrace l’historique de l’implantation des mouvements terroristes dans cette région depuis la guerre civile en Algérie au cours des années 1990, en passant par la chute du régime de Kadhafi qui a entrainé une propagation des armes dans cette zone et la fusion de divers groupes terroristes.

Le film fait un focus aussi sur le détournement des aides humanitaires par le mouvement séparatiste, comme l’attestent des rapports du Programme alimentaire mondial (PAM) et de l’Office européen de lutte antifraude (OLAF).

A ce propos précisément, l’assistance, composée d’académiciens, chercheurs en sciences politiques, journalistes, activistes des droits de l’Homme et d’acteurs associatifs, ont suivi le témoignage émouvant de la ressortissante italienne Maria Sandra Mariani et le calvaire qu’elle a vécu, pendant 14 mois et 15 jours, en tant qu’otage aux mains d’un groupe d’AQMI, dirigé par un membre notoire du « polisario », en l’occurrence le dénommé Adnane Abou Al Walid Assahrawi.

Mme Mariani est revenue avec moult détails sur son kidnapping le 2 février 2011 à 160 km de la localité algérienne de Janet et comment elle a vécu, dévorée par la peur et l’angoisse, ce très long, très lent cauchemar dans un désert de sable, de chaleur torride, de scorpions, de vipères et de cailloux noirs.

« Je suis, ici, pour témoigner de mon calvaire personnel certes et dont je continue seule à porter les séquelles, mais surtout pour dire que la situation doit changer », a-t-elle lancé en guise de conclusion, suivie immédiatement d’une salve d’applaudissements.

Comme pour éclairer justement cet épisode, Mohamed Ahmed Gain, de l’Université Ibn Tofaïl de Kénitra, a indiqué que trois agendas contribuent à l’aggravation de la situation déjà instable dans la zone sahélo-saharienne.

Il a cité les agendas séparatiste et terroriste, comme en témoignent la montée en force des organisations extrémistes dans ce vaste espace et leurs liaisons, de plus en plus étroites, avec certains groupes ethniques.

Alternant diagrammes et chiffres dans un exposé sur « les groupes non-étatiques dans la région sahélo-saharienne et les défis sécuritaires », le conférencier a souligné que le troisième agenda se rapporte à l’influence accrue des réseaux du crime organisé impliqués dans le trafic d’armes, de drogues et de la traite des êtres humains.

La montée en puissance des groupes non-étatiques s’explique notamment par l’affaiblissement de certains Etats de la région, notamment la Libye, a-t-il fait observer, mettant en garde contre la gigantesque circulation des armes dans cette zone poreuse, et sa collusion avec les réseaux de trafic de drogue (héroïne et cocaïne, notamment) et de trafic des êtres humains.

Autant dire, enchaînera pour sa part Latifa Aït Baala, juriste et politicienne belgo-marocaine, que la communauté internationale, et l’Europe au premier chef, doivent déployer davantage d’efforts en vue de trouver une solution aux défis de la sécurité et de la paix dans la région.

Pour elle, alors que d’énormes drames humanitaires se déploient à son flanc sud, l’Europe ne peut se permettre le luxe d’amadouer, comme par le passé, des courants séparatistes aux connivences désormais établies avec le terrorisme.

« La région sahélo-saharienne, confrontée à d’innombrables défis, dont les changements climatiques causés par les superpuissances mondiales, a besoin d’une réponse globale en terme de développement durable », a-t-elle martelé.

Les intervenants au cours de ce débat ont insisté sur la nécessité de redresser la situation sécuritaire dans la région sahélo-saharienne, rappelant que le terrorisme est un phénomène international qui nécessite une mobilisation collective.

Seule une coopération plus étroite entre tous les Etats pourrait changer la donne et mettre fin à ce fléau qui met en danger la paix et la stabilité mondiales, ont-ils fait observer.

Dans une déclaration à la MAP, M. El Bouharrouti a indiqué que ce film traite de la problématique du terrorisme, un phénomène sans religion ni nationalité, qui intéresse également l’Europe, dont les pays scandinaves.

Selon lui, le message consiste, ici, à démasquer le vrai visage du « polisario » et son implication dans les actes terroristes, ainsi que son intérêt à faire perdurer le détournement des aides humanitaires destinées aux populations séquestrées dans les camps de Tindouf, en mettant à profit la situation sécuritaire en déliquescence dans la région.

Ce film, dont la réalisation a duré 18 mois, a été projeté pour la première fois au siège du Parlement européen (26 avril dernier), à Stockholm et à Oslo, mardi dernier.

M. El Bouharrouti a également révélé que les quatre documentaires en rapport avec la question du Sahara marocain qu’il a réalisés jusqu’ici, seront gracieusement diffusés sur Internet à partir de novembre prochain.

Ainsi, le film « La Marche Verte : Le retour des branches à la racine » sera-t-il diffusé en trois langues (arabe, français et néerlandais), « L’identité d’un front » en cinq langues (arabe, français, anglais, espagnol et italien), « Sahara : Sources et ressources » en trois langues (français, anglais et italien), alors que le dernier-né sera diffusé en cinq langues (arabe, français, anglais, espagnol et italien).

Mieux, « pour contribuer à débusquer la propagande séparatiste, qui s’est pendant longtemps terrée dans les pays scandinaves, nous avons un projet de traduction des quatre documentaires en danois, en suédois et en norvégien ». 

Sur ses projets futurs ou en cours, M. El Bouharrouti a confié qu’il a entamé, depuis juillet dernier, le tournage d’un documentaire sur l’apport du Maroc aux mouvements de libération nationale en Afrique, un travail que « j’espère pouvoir présenter en Afrique du Sud, avec la jeunesse de l’ANC, d’ici avril prochain ». 

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