Les réseaux sociaux sont-ils en train de bouleverser notre rapport à la vérité?

Dossier du mois

Mohamed Laroussi, Écrivain, Chroniqueur

Le réseau du plus fort…

Aujourd’hui, on ne parle plus, on ne se parle plus, ou si peu, mais qu’est-ce qu’on communique ! Oui, tout le monde communique, même ceux et celles qui ne parlaient jamais à personne et qui étaient tout le temps dans leur petit coin à se morfondre et à se ronger les ongles ou la plume. Aujourd’hui, presque tout le monde est entré, de gré ou de force, pas content ou consentant, dans l’ère de l’Internet ou de ce qu’on appelle si joliment «les réseaux sociaux». Quand on imagine que les connecté(e)s à ces réseaux sociaux que ce soit Facebook, Twitter, Instagram, WhatsApp – pour ne parler que des plus connus et des plus utilisés – se comptent en milliards, on imagine l’étendue du phénomène ou ce que les attardés et les ringards appelleraient -et l’appellent d’ailleurs- «l’épidémie» ou, plus pudiquement, «le mal nécessaire».

Personnellement, je ne suis ni inquiet ni préoccupé par l’importance que prend, chaque jour, dans notre vie, ce monde dit virtuel. Je ne sais pas d’ailleurs pourquoi on s’évertue à l’appeler « monde virtuel » alors qu’il est bel et bien réel. Ceux qui l’appellent comme cela veulent, en fait, en minimiser la portée et espèrent ainsi lui ôter toute existence «réelle». Qu’on m’explique alors pourquoi les outils de communication de nos aïeux, et que nous avons presque tous connus et utilisés, tels que le téléphone classique, le télex, le fax, etc… seraient moins virtuels que Skype, FaceTime, Tango ou Imo ? Tiens ! En quoi le morse serait plus réel que le SMS ? N’importe quoi ! Pour vous dire le fond de ma pensée, ceux et celles qui n’aiment pas les nouveaux médias et tout ce qu’on appelle communément « les nouvelles technologies » et «l’ère numérique», auraient tant aimé qu’on reste à l’ère de la pierre taillée et au silence sidéral. Ce qui doit probablement les gêner, c’est cette formidable démocratisation de la communication et de l’information qu’ont pu apporter tous ces médias et toutes ces technologies à tous les citoyens et citoyennes du monde.

Et la presse ? Justement, parlons de cette presse papier qui a toujours été craintive et fébrile. Depuis quelque temps, elle n’arrête pas de chialer comme une madeleine et d’annoncer sa mort prochaine. Non ! Comme la télé n’a jamais pu tuer le cinéma, je ne pense pas que les réseaux sociaux vont assassiner la presse classique. Par contre, elle n’a plus qu’un seul choix : s’adapter ou mourir. Quant à ses lecteurs et ses lectrices, ils et elles vont continuer d’aller chercher l’information là où elle est, sur papier ou sur Internet. Ce n’est pas une question de combat entre service payant et gratuité, mais entre archaïsme et disponibilité. J’ai toujours été intimement persuadé que c’est celui qui est devant et qui nous devance qui a toujours raison. Pourvu qu’on ne perde jamais le réseau.

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