Sahara : Concertation bilatérale à Lisbonne entre le Maroc et l’ONU, ni plus ni moins…

Ce mardi 6 mars, Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, rencontrera à Lisbonne Horst Köhler, émissaire spécial au Sahara du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres. Il sera accompagné lors de ce voyage de Omar Hilale, représentant permanent du Royaume du Maroc auprès des Nations unies, de Sidi Hamdi Ould Errachid, président de la Région Lâayoun Sakia al-Hamra et Ynja Khattat, président de la Région Dakhla Oued Eddahab.

En elle-même, la composition de la délégation marocaine est significative : outre l’Etat marocain, elle comprend des élus des deux grandes régions qui forment les provinces du sud. La délégation du Maroc se rend à Lisbonne sur invitation de Horst Köhler et non à sa demande, ce qui marque tout de même une nette différence avec les autres parties, polisario et Algérie notamment qui ont insisté pour faire le voyage à Berlin. Différence également en ce sens que le Maroc, seule partie concernée par son Sahara, s’inscrit dans la démarche des Nation unies depuis septembre 1991 et coopère de manière efficiente et sincère avec le Conseil de sécurité et le secrétaire général, Antonio Guterres.

Il convient de souligner que l’envoyé spécial de M. Guterres, chargé du dossier du Sahara a lancé à la mi janvier dernier un appel aux « parties » engagées dans le conflit à la fois pour les rencontrer et mettre en œuvre un processus de discussions. Une manière de relancer la confiance, perdue si désespérément sous son prédécesseur, Christophe Ross qui s’est laissé noyer dans les manœuvres dilatoires algériennes. Le Maroc, tout en réaffirmant sa volonté de poursuivre sa coopération avec l’émissaire de l’ONU, attaché qu’il est au principe d’une solution politique, telle que définie dans les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, n’entend pas se faire imposer ni processus, ni un plan quelconque ou un calendrier.

>>Lire aussi: Sahara marocain: l’Azerbaïdjan soutient l’intégrité territoriale du Maroc et le plan d’autonomie

Le Maroc est en droit de refuser comme aussi d’accepter tout mécanisme de règlement, à condition qu’il n’altère aucunement ses droits et ses principes, dont celui du respect de son intégrité territoriale et de sa souveraineté sur son territoire. Il en avait donné la preuve lors des rencontres de Manhasset en 2007-2008, conduites alors sous l’égide de l’ONU par Peter van Walsum, à l’époque représentant de Kofi Annan. Le 25 janvier, le dirigeant séparatiste du polisario, Brahim Ghali, accompagné de Khatri Addouh,, « président du parlement sahraoui» et M’Hamed Khadad, coordinateur avec la Minurso étaient reçus à Berlin par  Horst Köhler.

Vingt jours plus tard, c’est au tour de Abdelkader Messahel, ministre algérien des Affaires étrangères d’être reçus à Berlin par l’envoyé spécial de l’ONU au Sahara, dans la même condition, avec la même table et le même décor de sobriété. Il était accompagné de son conseiller, Abdallah Bâali, haut fonctionnaire de son état et ancien ambassadeur d’Algérie aux Nations unies. Tout ce qui a pu filtrer de ces discussions intermittentes et croisées, c’est un communiqué algérien pour reprendre la même antienne d’un « Sahara, (occupé) inscrit depuis 1963 sur la liste des territoires non autonome….de la décolonisation, de l’autodétermination du peuple sahraoui, etc… ».

Prudent, ou circonspect Horst Köhler n’a pas fait, ne fait pas de déclarations, laissant les uns et les autres dans leurs interprétations. A Lisbonne, c’est une autre dimension : terre neutre, temporalité décalée. Il y a lieu de constater d’abord que  les conditions de cette rencontre ont une autre dimension : géographique et dans le temps. Elles sont à l’opposé de ce qui s’est passé auparavant à Berlin. Ce sont une date et un lieu déconnectés, éloignés dans le temps et dans l’espace. Ce qui ne préjuge d’aucun présupposé, autrement dit de négociations, même pas indirectes. A la limite des consultations, un échange bilatérale entre le Maroc et l’ONU, sans préalable ni conditions. On dira : une concertation !

Par Hassan Alaoui

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