Sahara : Ce qu’il faut savoir et comprendre du rapport de Guterres soumis au Conseil de sécurité

Il n’a pas encore été entériné par les membres du Conseil de sécurité des Nations unies et déjà il circule comme un samizdat, sous le manteau et suscite un débat passionné. Je veux dire le rapport qu’Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU a préparé et supervisé sur les derniers développements du dossier du Sahara.

Son traitement, on ne le dira jamais assez, a connu un changement radical, d’autant plus qu’il rompt avec la méthode de son prédécesseur qui, de son propre avis, ne maîtrisait pas le dossier. Ban Ki-moon se laissait fourvoyer délibérément par un Christopher Ross complètement acquis depuis sa nomination comme émissaire spécial au Sahara en janvier 2009, à la thèse du pouvoir algérien ! Nul ne s’étonnait de son alignement, car Christopher Ross avait été en poste à Alger pendant longtemps comme ambass   adeur des Etats-Unis.

Le rapport d’Antonio Guterres sur le Sahara a cette particularité de clarifier le langage pour nous. Il appelle un chat , un chat et, pour la 1ère fois de manière officielle il situe la responsabilité engagée du gouvernement algérien considéré comme partie prenante , impliquée et non comme «  partie intéressée » ou concernée comme n’a cessé de le ressasser sa propagande tout au long de ces dernières années !

L’œuvre de sabotage de Christopher Ross

Ce que Ban Ki-moon n’a pas accepté de faire et dire avec la neutralité exigée, son successeur Antonio Guterres le proclame haut et fort, sans ambages, à savoir la lourde responsabilité de l’Algérie dans le conflit ! Il renverse pour ainsi dire la logique désastreuse de Ban Ki-moon portée par son émissaire Christopher Ross dont la mission, in fine, était de détruire les efforts de son prédécesseur Peter van Walsum . Un fin diplomate hollandais dont l’Algérie a  réclamé en 2008 le départ parce qu’il mettait en œuvre avec succès un processus de négociations directes à Manhasset , dans la  banlieue de New York à travers 4 rounds.

En succédant à Peter van Walsum, Christopher Ross a voulu imposer sa propre méthode, il  à mis un terme aux négociations de Manhasset, donc à une solution politique que les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité avaient recommandée, et qui faisaient suite à la présentation par le Maroc en avril 2007 du plan d’autonomie au Sahara!

On rappellera que le Conseil de sécurité de l’ONU, et à tire individuel les États Unis, la France, la Grande Bretagne, la Russie, la Chine et la communauté internationale avaient salué le Plan d’autonomie du Maroc le qualifiant de sérieux, de crédible et loué le réalisme « l’esprit de compromis »qui le caractérisent.

Autant Ross tergiversait, en s’inscrivant dans le droit fil de la politique algérienne, autant il ruinait tout espoir de règlement du problème ! Il avait détruit en un revers de main tout ce que Walsum avait mis du temps à construire : un processus laborieux de négociations! Ross, manipulateur à la solde d’Alger avait écarté du processus le Corcas (Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes) et tout ce qui incarnait une représentativité des populations sahraouies de l’intérieur, alors  que son prédécesseur voulait renforcer leur participation au règlement ! A la tête du CORCAS se trouvait un ancien membre fondateur du polisario , Khali Henna Ould Rachid qui avait rejoint le Maroc en 1975 et dont Alger réclamait la tête après l’avoir pressenti, en collusion avec Franco dans les années 70 comme « futur président de l’Etat sahraoui »…

Guterres, un retour à la raison

Le pouvoir algérien mettait un point d’honneur à éloigner les authentiques sahraouis au profit des mercenaires ! Et Ross a joué le rôle d’exécuteur des basses œuvres du pouvoir algérien !

Dix ans plus tard , aujourd’hui donc, on se réjouit qu’Antonio Guterres reprenne à son compte le même argumentaire que son avant prédécesseur, Peter Walsum, avec une conviction chevillée au corps , exprimée sous forme de plaidoyer «  pro domo » , invoquant dans son rapport l’esprit de compromis et le réalisme et, ce qui n’est pas le moindre détail, lançant un appel solennel au pouvoir algérien à faire un effort pour une solution politique !

L’adresse en direction de l’Algérie et du polisario est claire et l’ordre de quitter la zone de Guerguerate immédiatement et sans condition ne sacrifie à aucune ambiguïté !  Guterres en fait une condition sine qua non

L’une des recommandations impérieuses d’Antonio Guterres, adressée à Alger par le biais officiel du Conseil de sécurité est certainement celle imposant un recensement des soi-disant réfugiés sahraouis dans les camps de Tindouf – terme qui nous récusons ! Car il s’agit en vérité de séquestrés soumis aux exactions du polisario. À la tête du HCR (Haut Commissariat aux Réfugiés ) pendant des années, Guterres avait du mal à visiter les camps de Tindouf pour authentifier qui est sahraoui et qui ne l’est pas ! Il s’était heurté des années durant au veto du gouvernement algérien.

L’appel à un  recensement d’authentification à Tindouf

Le fait est que le nombre d’authentiques sahraouis dans les camps ne dépassait pas les 30.000 ou moins et qu’Alger, voulant en gonfler le chiffre, s’emparait et recrutait des groupes dans le Sahel qui en provenance du Niger, du Mali, de la Mauritanie même en pleine déshérence parce que fuyant les dures sécheresses des années quatre-vingt, franchissant allégrement les territoires et les frontières pour des points plus cléments. Ils étaient récupérés par l’armée algérienne pour devenir ensuite « sahraouis » de force…

Le recensement de ces populations exigé désormais par Antonio Guterres, devrait donc dévoiler une imposture. On imagine qu’Alger est à présent en mauvaise posture ! De la même manière, le secrétaire général de l’ONU a assuré dans son rapport que les élections législatives du 7 octobre dernier au  Maroc et notamment au Sahara s’étaient d’autant mieux déroulées qu’elles constituaient un exemple significatif d’intégration des populations au processus démocratique du Maroc ! C’est une sorte de référendum, puisque les habitants du Sahara ont participé au vote dans une liberté totale et une sérénité à toute épreuve. La phrase du rapport indiquant expressément que « le Maroc a réussi les élections dans le sud » est en elle-même une manière d’hommage à l’engagement du Maroc de s’inscrire dans la légalité.

Autodétermination et autonomie ne sont pas antinomiques

Le référendum, tel qu’il avait été défini dans les années quatre-vingt-dix en ses différents critères n’a plus lieu d’être de nos jours, il est dépassé de l’avis même des hauts responsables de l’ONU, et Peter van Walsum l’avait déclaré en 2007, « irréaliste »…On se souvient pourtant que le Roi Hassan II en avait accepté le principe au Sommet de l’OUA organisé en 1980 à Nairobi… On se souvient également que lorsque l’opération de recensement des votants sahraouis avait commencé avec notamment l’identification des tribus, le polisario et l’Algérie voulaient imposer leur diktat sur le choix et la participation de certaines de ces dernières, au prétexte fallacieux que des tribus entières marocaines depuis la nuit des temps, et non des moindres ne représentaient pas les critères de Sahraouis.

Pour Antonio Guterres, en filigrane, l’autodétermination passe par l’adhésion et l’expression de l’autonomie, large et complète, que le Maroc défend depuis 2007. L’autonomie n’est pas antinomique à l’autodétermination, elle en est l’expression à présent compte tenu de l’évolution du dossier du Sahara et surtout d’une réalité intangible : la présence du Maroc et la prééminence des résolutions  successives adoptées en  2007, 2008, 2009 et jusqu’à  nos jours.

Force nous est de souligner que l’autonomie est là, à prendre ou à laisser. Le rapport du secrétaire général des Nations unies qui propose aussi la prorogation du mandat de la MINURSO d’un an, et entérine l’acceptation par le Maroc du retour des 17 membres de sa composante civile expulsés l’année dernière, change désormais la donne à la fois sur le plan diplomatique et sur le terrain…

 

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