Le Séisme politique annoncé par SM le Roi Mohammed VI

Le Discours du Roi Mohammed VI, à l’occasion de l’ouverture de la première session, de la 2ème année législative de la 10ème législature, a fait trembler toute la classe politique marocaine et a interpellé tous les observateurs et spécialistes de la chose politique et économique nationale ainsi que tous les citoyens, par la force de son message et la portée de ses orientations.

En effet, devant le laxisme du monde politique, le Roi a tiré la sonnette d’alarme sur le laisser aller des politiques et de l’administration qui impacte activement et dans le mauvais sens la vie du pays. Il a d’ailleurs mis l’accent sur l’ensemble des dysfonctionnements qui minent la bonne marche des affaires de l’Etat en rappelant à l’ordre les représentants de la Nation et en conjuguant le verbe d’une manière sévère sur la responsabilité et l’urgence, qui leur incombent pour remplir leur mission avec scrupules et dont ils sont tenus devant les citoyens et la Nation : «En outre, Nous appelons tout un chacun à faire montre d’objectivité en appelant les choses par leur nom, sans complaisance ni fioriture, et en proposant des solutions innovantes et audacieuses, quitte à s’écarter des méthodes conventionnelles appliquées jusqu’ici, ou même, à provoquer un véritable séisme politique» Extrait du Discours du Roi Mohammed VI du 13 octobre 2017 à l’occasion de la première session de la 2ème année législative de la 10ème législature.

Un séisme politique : une expression très forte utilisée pour la première fois, à ma connaissance, dans le langage politique marocain officiel et de surcroît, par le Chef de l’Etat dans un discours adressé aux représentants de la Nation, lors de l’ouverture de la législature et qui fait office de la feuille de route qui trace la politique générale du pays.

Des mots forts qui sonnent et raisonnent dans le système acoustique des politiciens et produisent dans leur esprit des tremblements sismiques à très haute échelle de Richter et nous invitent comme observateurs à une réflexion profonde à propos du sens qu’ils portent et de leur impact sur la scène politique nationale.

Sommes-nous devant ou sur le chemin de l’article 51 de la Constitution Marocaine de 2011 qui stipule que : « Le Roi peut dissoudre, par dahir, les deux Chambres du Parlement ou l’une d’elles dans les conditions prévues aux articles 96, 97 et 98. » ? Ou bien, c’est un rappel à l’ordre de la classe politique et des responsables. Un autre avertissement qui vient après plusieurs autres rappels évoqués par le souverain dans ses derniers Discours, afin d’éveiller chez eux « une prise de conscience » et faire « évoluer les mentalités qui font obstruction à la réalisation du développement global », et réveiller ma foi, un tant soit peu leur foi et leur devoir de loyauté pour servir la Patrie et remplir leurs fonctions comme il se doit, d’une manière sincère et intègre.

Une Analyse approfondie du Discours Royal nous permet d’avoir des réponses très explicites à notre questionnement. En effet, le Discours du Souverain qui est le Garant de la pérennité et de la continuité de l’État et Arbitre suprême entre ses institutions, porte tous les éléments de la réponse. Il nous met devant une équation qui repose sur le schéma général de la situation actuelle du pays avec toutes ses composantes, ses acteurs, ses variables, ses exigences, ses dysfonctionnements et ses attentes. D’ailleurs, il nous offre, d’une manière limpide et expresse, la résolution de ce paradigme avec une feuille de route et des grandes lignes à suivre.

Le Souverain dans son Discours a défini clairement la problématique et a mis le doigt sur les responsabilités de tout un chacun tout en appelant à faire « une réflexion critique » par les responsables politiques et en conviant les forces vives de la Nation et les acteurs sérieux à adhérer à cette « approche participative » et contribuer à « l’élaboration d’une conception intégrée » qui répond aux attentes des citoyens.

Par ailleurs, le Discours Royal vient comme une pierre angulaire qui met les bases solides aux actions futures pour pouvoir aller de l’avant sans tergiverser et atteindre concrètement les objectifs escomptés tout en imposant un suivi de rigueur et des délais impartis afin que la population en général et la jeunesse en particulier puisse dépasser les maux et bénéficier des conditions d’une vie digne dans tous les sens et l’essence des mots.

LA PROBLEMATIQUE 

La problématique identifiée par le Roi dans son Discours s’articule autour de deux volets majeurs qui sont :

  • Les difficultés qui empêchent l’évolution du modèle de développement du Maroc
  • Les dysfonctionnements qui sévissent à tous les paliers de l’Administration et au niveau des conseils élus et des collectivités territoriales.

Pour pallier à l’ensemble des maux et résoudre cette équation qui ne fait que durer, le Roi, a précisé que les problèmes sont connus et les priorités sont claires et que le temps des diagnostics est révolu. Il a d’ailleurs appelé et a exigé une « réflexion critique » pour la mise en place d’une corrélation effective entre la responsabilité et la reddition des comptes ainsi qu’une recherche active des réponses et des solutions appropriées aux problèmes urgents et aux questions pressantes des citoyens pour atteindre les objectifs suivants:

  • le redressement de la situation
  • la rectification des erreurs commises
  • la correction des dysfonctionnements constatés.

Pour ce faire, le souverain à donné le ton à la marche à suivre par le biais d’une dynamique de réforme qui s’inscrit sur quatre points cardinaux et qui sont :

  • La gestion responsable de la chose publique.
  • L’application de la loi et la sanction des personnes responsables de la négligence dans l’accomplissement du devoir national ou professionnel.
  • La plus grande fermeté.
  • La rupture avec les pratiques frauduleuses qui nuisent aux intérêts des citoyens.

LA FEUILLE DE ROUTE

Les grandes lignes qui caractérisent la feuille de route tracée par le souverain s’inscrivent autour de Projets de Développement efficaces et concrets qui constitueront des solutions pratiques et réalisables et aussi porteurs de réponses adaptées aux demandes raisonnables et aux attentes légitimes des citoyens en termes de développement, d’éducation, de santé, d’emploi. Par ailleurs, un suivi rigoureux et continu est de mise pour l’accompagnement des travaux engagés, leurs états d’avancement ainsi que leurs évaluations régulières d’une manière intègre et vertueuse.

Pour répondre aux nombreuses doléances et inscrire les nouveaux projets de développement dans le cadre de cette vision réformatrice, le Discours Royal a mis l’accent sur l’ensemble des besoins et des attentes des marocains et qui sont :

  • Un développement équilibré et équitable, garant de la dignité de tous, générateur de revenus et d’emplois, notamment au profit des jeunes,
  • Un développement qui contribue à instaurer un climat de tranquillité et de stabilité,
  • Une insertion réussie dans la vie familiale, sociale et professionnelle,
  • La généralisation de la couverture médicale et la facilitation de l’accès digne de tous à de bons services de santé.
  • Un enseignement de qualité qui permet d’accéder au marche du travail et contribue à la promotion individuelle et collective et non un enseignement qui fonctionne comme une machine à fabriquer des légions de diplômes chômeurs.
  • Une justice équitable et efficace,
  • Une administration au service des citoyens et de l’intérêt général pour satisfaire les demandes pressantes et les besoins croissants des citoyens,
  • La réduction des disparités catégorielles et des écarts territoriaux
  • La réalisation de la justice sociale.

LES RECOMMANDATIONS

Le Discours Royal définit clairement les portes de sortie de la crise et les solutions adéquates pour résoudre les dysfonctionnements que connait le pays et ce à travers une dynamique insufflée et des moyens opportuns que le Gouvernement, le Parlement et les différentes institutions ou instances concernées doivent mettre en place pour reconsidérer le modèle de développement et concrétiser dans les faits:

  • La régionalisation avancée.
  • La déconcentration administrative.
  • La mise en place du conseil consultatif de la jeunesse et de l’action associative.

I – Régionalisation avancée

Le souverain fait appel aux responsables pour donner une vie réelle au concept de la régionalisation avancée, car celle-ci porte d’une part les « réponses Tangibles » aux demandes sociales et aux attentes en développement qui s’expriment dans les différentes régions du Royaume et d’autre part, constitue le support d’une approche pratique en matière de « gouvernance territoriale » et reste surtout le moyen le plus efficient pour résoudre les problèmes locaux des populations qui en sont affectées.

Pour la réussite de la Régionalisation avancée et arriver aux objectifs, le Chef de L’Etat invoque deux Outils nécessaires, à savoir

  • L’ajustement des politiques publiques aux préoccupations des citoyens, en fonction des besoins et des spécificités de chaque région.
  • Le transfert des compétences aux régions doit être accompagné par celui des ressources humaines qualifiées et des moyens financiers suffisants.

A ce niveau le gouvernement est exhorté à établir un échéancier rigoureux de parachèvement de la régionalisation avancée.

II – Déconcentration administrative.

La déconcentration administrative reste l’un des instruments les plus efficaces pour lutter contre l’engorgement du pouvoir central qui se caractérise en général par la lenteur dans le traitement et le règlement des affaires des citoyens. Elle est aussi un très bon outil qui contribue au rapprochement de l’administration des administrés sur le plan local.

Le message royal s’inscrit dans cette démarche et incite à entreprendre cette voie pour remédier à toutes les entraves qui empêchent l’instauration d’un climat serein et confiant entre l’administration et les citoyens. Il recommande expressément:

  • L’élaboration et à l’adoption d’une charte avancée de la déconcentration administrative.
  • la fixation d’un échéancier précis pour l’application de cette charte.

III- La mise en place du conseil consultatif de la jeunesse et de l’action associative.

Le Roi, après avoir poser les jalons à suivre et la procédure générale à emprunter pour résoudre cette problématique, il a tenu à préciser que les effets des dysfonctionnements touchent une partie très importante de la population, en l’occurrence les « jeunes citoyens » qui ne profitent du progrès du pays.

Il a d’ailleurs fait le constat sur la situation des jeunes qu’il qualifie d’ « insatisfaisante » malgré les efforts consentis, alors que cette jeunesse comme il l’explique est la « véritable richesse » du pays et non un « frein » au développement, mais plutôt son « moteur ».

A ce niveau, le souverain va inciter les responsables à prendre les initiatives pour innover avec des projets concrets, « susceptibles de libérer leurs énergies, de leur assurer un emploi, un revenu stable » pour que cette jeunesse puisse s’insérer et contribuer  activement dans développement du pays.

Le souverain appelle dans ce sens à l’élaboration d’une nouvelle « politique intégrée dédiée aux jeunes » qui prendra en considération l’esprit de la constitution et l’« exploitation judicieuse » des rapports et des études qu’il a ordonnés sur «la Richesse globale du Maroc», et la «Vision 2030 pour l’Education et la Formation» à travers la mise en place du « Conseil consultatif de la jeunesse et de l’action associative ».

LESUIVI ET LE CONTROLE

Deux décisions majeures émanent du Discours Royal pour garantir la réussite de ce nouveau projet de développement à travers le suivi et de contrôle des réalisations:

  • La mise en place de DEUX CELLULES DE SUIVI, l’une au Ministère de L’INTERIEUR et l’autre au Ministère des FINANCES.
  • L’efficience des MISSIONS DE SUIVI et D’EVALUATION des projets publics lancés dans les différentes régions du Royaume par la COUR DES COMPTES.

 AFRIQUE MOTEUR DE DÉVELOPPEMENT

Sur la grande voie de la politique extérieure du Maroc, le Discours Royal vient consolider le choix du développement de la coopération Sud-Sud avec nos partenaires Africains, avec qui nous partageons le continent et l’avenir pour un essor commun et une croissance prospère pour tous les enfants de l’AFRIQUE.

La décision du Roi arrive à bon port pour renforcer les relationsdu Maroc avec tous les pays d’Afrique à travers la CREATION D’UN MINISTERE DELEGUE auprès de celui des Affaires étrangères, chargé des affaires africaines, et plus particulièrement de l’investissement.

Par Ali Lahrichi

Docteur en Sciences politiques et juridiques

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