Shinya Tsukamoto à Marrakech: Un très gros budget peut empêcher la créativité dans un film

Le maître incontesté du cinéma underground, le Japonais Shinya Tsukamoto, a relevé qu’un très gros budget peut empêcher la créativité dans un film, estimant qu’avec moins d’argent le cinéaste est forcé de se creuser plus la tête pour trouver des astuces et des idées.

La créativité est plus stimulée avec un petit budget, a confié, dans un entretien à la MAP, le réalisateur japonais en marge de sa participation à la 16ème édition du festival international du film de Marrakech qui lui rend hommage.

Persuadé que l’argent ne fait pas la qualité d’un film, il réfute l’idée que l’argent fasse un bon film.

« J’ai toujours fait des films avec de très petit budget », a-t-il affirmé.

Evoquant son hommage à Marrakech, Tsukamoto s’est dit impressionné par l’effervescence et l’enthousiasme du festival international du film de Marrakech.

« Je suis très agréablement surpris et très heureux d’être ici », s’est réjoui avec humilité l’artiste japonais aux multiples talents, remerciant le festival pour cet hommage qui va sûrement lui permettre de faire le point sur sa carrière passée tout en l’encourageant à faire plein de films dans le futur.

Interrogé sur son rapport à la thématique de l’environnement urbain qui a fait sa renommée internationale, il a expliqué cet intérêt par le constat que la plupart des gens aiment vivre dans la ville, mais se sentent en même temps oppressés par la brutalité du milieu urbain.

« C’est plutôt le combat continu entre ces deux sentiments contradictoires. Ce tiraillement que ressentent les gens qui fait l’objet de la plupart de mes films », a-t-il précisé.

Inquiet par les luttes d’influence géopolitique et l’instabilité internationale, le génie du système D a tenu à diffuser un message de paix lors de son hommage à Marrakech, soulignant que son dernier film « Fires on the Plain » met en scène la réalité de la guerre.

« Le but c’est qu’à la sortie du film les spectateurs sachent à quel point ils sont heureux et ont de la chance de vivre dans un environnement de paix », a-t-il soutenu.

« Il y a 70 ans le Japon était sorti d’une période de guerre et là à nouveau notre pays se dirige dangereusement vers la reprise des armes », a averti Shinya Tsukamoto, notant que le but de son film est de décourager l’envie éventuelle de retour à une période de guerre pour protéger le peuple japonais.

Sur ses multiples talents, scénariste, réalisateur, comédien, directeur de la photographie, cadreur, monteur, directeur artistique et producteur, l’artiste japonais a assuré qu’il s’agit de métiers indissociables dans son parcours de cinéaste. D’où le besoin, a-t-il dit, de « passer par l’ensemble de toutes les étapes » pour réaliser un film.

« C’est l’ensemble de ces étapes qui m’intéressent et me procurent du plaisir », a-t-il expliqué.

Sur ses critères pour accepter ou refuser un film, il a précisé que lorsqu’il participe à des projets autres que les siens généralement en tant qu’acteur, il ne choisit que les réalisateurs qu’il apprécie et pour lesquels il a du respect.

« C’est toujours l’idée d’être une partie de ce film qui me fait plaisir et qui me réjouit et comme je ne suis pas acteur professionnel proprement dit je ne participe pas à tous les films qu’on me propose », a avoué Shinya Tsukamoto.

En tant que réalisateur, il a affirmé toujours avoir plusieurs idées et envies dans la tête, notant que la réalisation d’un un film demeure conditionnée à la rencontre de cette envie avec une nécessité qui s’impose de l’extérieur, soit parce que c’est une thématique qui le préoccupe dans la société soit parce qu’il y a quelque chose qu’il trouve dans l’air, l’atmosphère ou encore l’état du monde.

Pour lui, « un film est comme une sorte de tourbillon sur la surface de l’eau et tout d’un coup ça jaillit ».

« Il faut qu’il y ait une rencontre entre ce que je ressens et ce qu’il y a dans l’environnement pour donner naissance à un film » a-t-il conclu.

Né à Tokyo en 1960, Shinya Tsukamoto est fasciné par le cinéma d’horreur des années 1960 et la culture cyberpunk. Il compte à son actif une riche filmographie notamment Tetsuo (1988), qui l’a consacré maître incontesté du cinéma du System D et du cinéma Underground.

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