SIAM 2016 : L’agriculture familiale une solution pour combattre la famine

En marge de la 11e édition du Salon International de l’Agriculture au Maroc (SIAM), la 3e édition du  Forum sur le financement de l’agriculture en Afrique  a été organisée par le Crédit Agricole Maroc sous le thème «  Pour une agriculture durable Africaine ».

Une pléiade de personnalités et d’experts ont répondu présents à ce forum, entre autres Michel EDDI, président du CIRAD, Ibrahima Seck, coordinateur FENAB et Massimo Pera, agroéconomiste à l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

A l’échelle internationale, l’agriculture engendre au moins 14% des émissions mondiales de gaz à effet de serre,  responsables du changement climatique. Selon l’Organisation de coopération et développement économique, ces émissions sont dues au labour qui libère du CO2 dans le sol et l’élevage émettant de grandes quantités de méthane qui ont un pouvoir de réchauffement supérieur à celui du CO2.

En plus de cela, l’Afrique connaît une croissance démographique urbaine galopante. Alors comment nourrir les populations ? Lors de ce forum, les experts ont essayé de trouver une solution à la famine étant donné que 240 millions d’Africains souffrent de famines. « Sur les 570 millions d’exploitations agricoles dans le monde, neuf sur dix sont gérées par des familles, ce qui montre la prédominance de l’agriculture familiale et lui confère le rôle d’agent de changement potentiel essentiel pour assurer la sécurité alimentaire et éradiquer la faim. Les exploitations agricoles familiales produisent environ 80% des denrées alimentaires mondiales. Du fait de leur prévalence et de leur production, elles sont vitales pour la solution du problème de la faim qui afflige plus de 800 millions de personnes dans le monde », indique Massimo Pera, agroéconomiste à l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Pour l’heure, la seule solution qui a été donnée lors de ce forum est qu’il faut s’intéresser à l’agriculture familiale qui est, d’ailleurs,  la gardienne d’environ 75% des ressources agricoles mondiales. Elle est de ce fait essentielle à la durabilité écologique et à la conservation des ressources naturelles. Dans le même temps, elle est parmi  les plus vulnérables à l’impact de l’épuisement de ces mêmes ressources et aux effets pervers du changement climatique. Bien que les chiffres montrent des rendements impressionnants sur les terres gérées par les exploitations agricoles familiales, beaucoup de fermes de petite taille sont incapables de produire suffisamment pour assurer une vie décente aux familles qui en tirent leurs moyens d’existence.

« Si nous ne prenons pas de décision drastique, nous aurons plus tard des problèmes. L’agriculture familiale est une composante clé des  systèmes alimentaires sains dont nous avons besoin pour conduire une vie plus saine », explique Michel Eddi, Président du CIRAD.

En ce qui concerne le modèle productiviste des années 70 et 80, il n’a pas fait des ravages que dans les pays occidentaux. En introduisant un modèle de production intensive basé sur la mécanisation et la monoculture, la coopération a fait beaucoup de dégâts, notamment au niveau des sols qui se sont retrouvés épuisés par cette agriculture agressive.  Dans certains pays africains, des milliers d’hectares ont ainsi été détruits. Mais aussi progressivement la petite agriculture, incapable de faire face à cette concurrence. Aujourd’hui, tout est à faire.

Néanmoins, les systèmes d’agriculture durable sont complexes et s’insèrent dans une dimension beaucoup plus globale et holistique, allant de l’exploitation familiale à l’environnement international, en passant par le terroir, le niveau national et sous-régional. Ainsi, pour une bonne réussite des systèmes d’agriculture durable, il est nécessaire de prendre en compte certains éléments comme,  les politiques de développement agricole et rural et les politiques sectorielles et doivent donc donner la priorité à l’agriculture familiale et prendre en compte le nouveau contexte national et international. Cette politique n’exclut pas les autres formes d’agricultures mais elle les replace dans un ordre de priorité correspondant à des critères d’efficacité et d’équité concernant l’affectation des ressources publiques mais aussi , la nécessité d’avoir dans les zones d’expérimentation, des organisations paysannes engagées dans le domaine de l’agriculture durable.

« Nous constatons également que la situation des investissements n’est pas coordonnée entre le privé et le public, les investissements sont très difficiles à suivre, d’ailleurs il faut l’exiger pour que les Etats construisent une vision globale », explique le Président du CIRAD.

 En effet, les investisseurs semblent réticents à financer le secteur agricole du fait de nombreux risques comme les catastrophes naturelles. « L’agriculture coûte très cher. Le seul budget de l’Etat ne peut pas suffire. Il faut donc faire appel aux bailleurs de fonds qui posent un certain nombre de principes et de critères d’éligibilité », ajoute  Michel Eddi, Président du CIRAD.

Présent lors de ce forum, le coordinateur du FENAB Ibrahima Seck a expliqué que son pays, le Sénégal, doit s’inspirer du modèle marocain en matière d’agriculture. «  Je pense que nous devons apprendre du Maroc, le Plan Maroc vert, le modèle marocain en matière agricole est une vraie réussite. Grâce à ce plan, le Royaume a su lier l’agriculture moderne intensive avec l’agriculture traditionnelle ».

Egalement, le livre blanc sur le développement durable a été présenté lors de ce rendez-vous.

 

 

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