Un vibrant hommage posthume à Montréal à l’éminente sociologue et écrivaine marocaine feue Fatema Mernissi

Un vibrant hommage posthume a été rendu, samedi à Montréal, à l’icône de la pensée féministe à renommée internationale et à l’éminente sociologue et écrivaine marocaine feue Fatema Mernissi, lors d’une conférence-débat organisée par le Centre culturel marocain « Dar Al-Maghrib », à l’occasion de la célébration de la journée internationale de la femme.

Cette rencontre, initiée sous le thème « Hommage à la Shéhérazade marocaine, Madame Fatema Mernissi », a permis à une pléiade d’intellectuels marocains et canadiens de mettre en avant le combat mené par cette grande militante pour l’émancipation de la femme et la défense de la cause féminine dans le monde arabo-musulman, et de braquer les projecteurs sur le parcours extraordinaire de cette personnalité plurielle, son œuvre intellectuelle et ses écrits traduits en plusieurs langues.

S’exprimant à cette occasion, le directeur de « Dar Al-Maghrib » à Montréal, Jaâfar Debbarh, a indiqué que cette conférence, tenue dans le cadre du « mois de la femme marocaine d’ici et d’ailleurs », se veut un hommage à la mémoire d’une figure féministe marocaine « très emblématique » et d’une personnalité marocaine « exceptionnelle » dont la réputation dépassait largement les frontières du Royaume.

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Il a souligné que feue Fatema Mernissi est une femme qui honore l’Humanité toute entière, mais surtout une femme qui honore toutes les femmes qu’elles soient marocaines ou non marocaines, issues du Maghreb ou de l’Orient, de l’Afrique ou de l’Amérique, de l’Europe, de l’Asie ou de l’Australie.

Et d’ajouter que la défunte était connue par ses innombrables actions, son combat, son parcours atypique et son œuvre colossale qu’elle a léguée à l’Humanité.

De son côté, Mme Magda Popeanu, représentant la mairesse de la ville de Montréal, Valérie Plante, a salué la mémoire d’une « dame d’exception », dont la parole s’est éteinte le 30 novembre 2015 à l’âge de 75 ans, mais dont les mots sont là pour rester.

Elle a ajouté que feue Fatema Mernissi, cette « grande humaniste », qui fut la première sociologue du Maroc contemporain, a laissé une œuvre prolifique traduite en 25 langues, soulignant qu’elle a été aussi une « visionnaire » et une militante à la parole incisive, dont le thème de prédilection était la déconstruction de l’image « fantasmée » qu’a l’Occident de la femme arabe.

Mme Popeanu a indiqué que Mme Mernissi, « la Shéhérazade marocaine » est une femme « à ancrer dans notre mémoire collective », qui a déconstruit des préjugés, lutté pour les droits humains, et uni les femmes de l’Orient et de l’Occident en les invitant à agir par les mots pour contrer la violence qu’elles subissent.

Pour sa part, Yassin Adnan, écrivain, journaliste et membre de la Chaire Fatema Mernissi, a souligné qu’avec la disparition de la « Shéhérazade marocaine », la sociologie arabe a perdu l’un de ses esprits les plus éminents et les plus lus à travers le monde, relevant que la défunte était une conteuse passionnée, fascinée par les histoires : les siennes et celles des autres.

Il a fait remarquer que Mme Mernissi s’est hissée dans le monde arabe et au-delà au rang de sociologue arabe la plus connue et écrivaine arabe parmi les plus influentes en Occident, et dans le monde entier.

Relevant qu’ »il est impossible de catégoriser Fatema Mernissi », car « dans son œuvre, la science et la littérature se fondent, la recherche universitaire et le pouvoir d’imagination s’imbriquent », il a expliqué que son courage à toute épreuve en matière de questions féminines a constitué une source d’inspiration majeure pour les mouvements féministes arabes.

« Fatema Mernissi a toujours dit les choses, abordé et exposé les problèmes d’une façon originale et bien à elle. Mais la valeur sûre de son projet intellectuel résidait dans le dialogue. Encore et toujours, elle a continué à engager l’échange comme solution aux dilemmes culturels », a-t-il soutenu.

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