Quand la « Vox Populi » tranche…les partis suivent

 Ahmed Mesk

Le jeu a été lancé, les dés ont été jetés, le choix a été fait. Le PJD rempile pour un deuxième mandat après que les Marocains l’ont, pour la deuxième fois, choisi. « Je crois que ce jour est un jour de bonheur pour les Marocains. C’est le jour où la démocratie a gagné », a avancé Abdelilah Benkirane, devant une foule de partisans et de journalistes, comme pour les féliciter de s’être dirigés vers les urnes et manifester – soit par conviction pour certains, ou sympathie pour d’autres -, leur penchant politique. Du moins, c’est ce que des élections saines sont censées traduire !

Toutefois, et en dépit du cadre limpide, pour ainsi faire usage du jugement de l’Intérieur sur les conditions où se sont déroulées ces législatives, il demeure, surtout du côté de certaines gens, un doute sur la bonne marche de ces dernières, ou carrément un rejet du verdict final de la Vox Populi. Et dans ce sens, il existe deux manières de penser la situation : les chiffres ou la réalité. Certains diront que les chiffres traduisent la réalité. Pour ceux-là, il faut croire en la réussite du parti au référentiel « islamiste ». D’autres, sous l’effet d’une forte conviction ou d’une simple tendance ou autres facteurs, verront en les chiffres un élément bien loin de traduire… cette réalité. Cela dit, et malgré cette divergence des perceptions dans l’établissement d’un lien entre les « chiffres » et la « réalité », les deux parties antagonistes subiront le même sort : celui d’être gouvernées par le PJD : et c’est là où niche toute la « réalité »; partisan soit-on, sympathisant, ou détracteur du parti de la « Lampe ».

Si le Maroc se prétend un pays à la « démocratie » unique et « exclusive », il ne faut tout de même pas nier l’une des bases de cette dernière à savoir : croire en les règles du suffrage universel et par conséquent, de ce qui en ressort comme résultat. Contrairement à ce qu’on appelle « suffrage capacitaire », où seuls les intellectuels, diplômés et certains fonctionnaires ont le droit de voter. Heureusement que ce n’est pas le cas dans notre pays, mais malheureusement que c’est à partir de ce constat que certains intervenants dans les médias agissent, sans le faire exprès. Comme si la politique était pour le peuple marocain un phénomène bizarre, qui ne leur appartenait pas ! Ou pour le dire tel quel : comme si le Marocain était naïf en matière de politique, alors qu’il en fait l’essence même car, lui, la vit, mais sans avoir la possibilité d’en parler, chaque jour, à la cadence des « pseudo-intello »…sauf à travers les urnes, tous les cinq ans.

Par ailleurs, il ne faut pas blâmer certains esprits et critiques quant aux faits qui les dérangent. Pourvu que la critique soit constructive et non pour semer la zizanie là où elle ne doit pas être : en démocratie. Système que Raymond Aron définit comme : « l’organisation de la concurrence pacifique en vue de l’exercice du pouvoir. »

Ce qui suppose du parti au pouvoir, pour préserver les conditions de la « concurrence pacifique », de tolérer que les partis dans l’opposition s’expriment, avec la possibilité d’atteindre, à leur tour, le pouvoir par la voie des élections. Et si l’on s’en tient à l’éthique démocratique vue sous cet angle, ces législatives respectent bien la norme.

Maintenant, où réside le problème ? Il faut dire que ce qui entrave la bonne marche de l’exercice démocratique revient à certaines causes dont, d’une part, l’ « organisation du mécontentement » en expliquant aux gouvernés qu’ils sont mal gouvernés portant ainsi atteinte au parti au pouvoir, et souvent sans preuve aucune. Tout en étant le plus neutre possible et comme on le dit, l’ « on ne peut être plus aveugle que celui qui ne veut pas voir ». Le PJD a fait preuve de courage en tirant des archives cette affaire (car elle en est une) de la Caisse de compensation, mais également d’autres projets qui n’ont pas vu le jour à une époque marquée par des flots de paroles sans le moindre acte, mais aussi par le manque d’audace pour ne pas s’attirer les foudres d’une certaine partie du peuple. Ou encore pour éviter certaines disconvenances !

D’autre part, et là est le deuxième élément écartant le côté pacifique indispensable pour une démocratie propre, l’existence de cet « esprit de faction », qui se résume en la tendance des partis politiques à juger des problèmes en fonction de leurs intérêts propres, ce qui entraîne une « politisation de la vie administrative » et un dévoiement de la conscience par l’administration de l’intérêt commun vers les intérêts partisans.

Puis, en dernier lieu, vient la question de la « dissociation du pouvoir politique et de la puissance sociale ». L’idée derrière cet acte étant de créer une sorte de « no man’s land » entre les partis politiques dont les idéologies respectives (souvent de gauche) sont proches des ambitions du peuple, comme le PPS, la FGD ou encore le PI.

Dans le même ordre d’idées, nous pensons que l’exercice des alliances gagnera beaucoup plus à profiter de l’intérêt que porte chacun des partis proches de la voix du peuple et ce, pour une coalition à même de mieux cerner les problèmes et les aspirations de la société.

C’est d’ailleurs, à notre sens, la carte du PJD pour gagner la confiance, et surtout, la sympathie de plusieurs citoyennes et citoyens, autrefois bien mis à l’écart de la « politique » à cause d’un discours qui ne leur parlait pas et ne titillait aucunement leur curiosité envers la « chose politique ». Et c’est là où nous profitons de l’occasion pour évoquer le rôle que joue la « communication politique » dans la promotion de l’image du PJD, même si ce dernier n’a pas – et nous l’avouons – opéré de grandes réalisations au niveau du « social », notamment dans le secteur de l’enseignement où des efforts considérables sont à pourvoir pour subvenir aux multiples besoins de ce secteur totalement mis aux oubliettes.

Mais pour ainsi revenir à la question de la campagne électorale, il faut être convaincu que le « sou » a perdu de son poids du passé. Et c’est déjà un exploit ! Car en quelque sorte, cela permettra au Maroc de gagner davantage en « maturité démocratique » dans laquelle des efforts sont encore à déployer. Nous voyons donc le déclin de la corruption et l’impact de la corruption à travers ces électeurs qui, faisant usage de Facebook, avouent que nonobstant le fait d’avoir été corrompus pour que leurs opinions soient aiguisées, ils ont voté pour le parti pour lequel ils portent un penchant. Un parti qui les écoute ! Et c’est là où nous pouvons dire qu’il est toujours aberrant de dresser des programmes sans avoir l’art et la volonté d’écouter les citoyens ; chose qu’ils attendent avant qu’on ne leur concrétise une quelconque aspiration.

Maintenant, espérons au moins qu’une coalition de raison soit au rendez-vous. Cette dernière ne sera certes pas facile à deviner pour le moment car tout ce que nous pouvons arguer des chiffres que ces législatives nous ont donnés, c’est la difficulté de trancher sur une coalition qui profitera, au meilleur, à un peuple digne de son nom, mais également au « gouvernant ».

Mais bon… en politique, nos ennemis d’hier peuvent devenir les frères d’aujourd’hui…et seule la bonne « foi » suffit parfois ! Et cette fois-ci, aussi bien que la dernière, il s’est avéré que lorsque la « Vox Populi » tranche…les partis suivent. Autrement dit, quels que soient les ingrédients, faites-en sorte que le gâteau soit juste succulent…mais pour le peuple bien sûr.

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