Le 14 août Marocain, et le désespoir Algérien

 » Gardez-moi de mes amis, de mes ennemis je m’en charge » (Shakespeare)

Oued Eddahab, connaissez-vous, hormis le nom de l’une des belles provinces du Royaume qu’elle porte ? Nous célébrons, comme chaque année, de plus en plus dans l’indifférence, l’une des dates les plus significatives de notre histoire, que le ou les gouvernements algériens successifs inscrivent dans leur calendrier comme une pierre noire ! Il y a 37 ans, le 14 août 1979, les populations d’Oued Eddahab, dénommée sous la colonisation espagnole « Rio de Oro », avaient décidé de regagner le Royaume du Maroc et de faire allégeance au Roi Hassan II.

Août 1979, le Maroc récupérait ainsi la partie sud de son Sahara, placée sous administration mauritanienne en vertu de l’accord tripartite, signé à Madrid le 14 novembre 1975 entre le Maroc, l’Espagne, puissance occupante et la Mauritanie. Or, si le Maroc avait repris les provinces de Tiris al-Gaharbia ( Lâayoune et Boujdour) en novembre 1975 après la Marche verte, il acceptait sous réserve de voir confier les provinces de l’extrême sud à la Mauritanie, avec l’espoir – là encore – de voir s’édifier un ensemble fédéral , un projet politique, économique et humain. L’Algérie a mordu la poussière et, à peine trois mois après, en février 1976, elle attaqua le Maroc sur ses frontières du sud-est. Ce fut la tristement célèbre bataille d’Amgala au cours de laquelle les Forces Armées Royales ( FAR) rétamèrent les compagnies de l’ALN ( Armée de libération nationale) de l’Algérie qui s’étaient introduites dans le territoire marocain. Les FAR en capturèrent plus de 200 soldats, en flagrant délit d’agression. Le Maroc, à tort et à son corps défendant, n’en fit pas grand cas , parce que c’était la preuve plus que tangible de l’implication directe et avérée de l’Algérie qui a fourvoyé la planète entière en affirmant à tours de bras que le « conflit du Sahara est un problème de décolonisation et qu’elle n’était pas concernée ou impliquée », alors qu’elle est toujours en première ligne, politiquement, diplomatiquement, militairement, financièrement et au niveau d’une furieuse propagande. L’Algérie désespère d’accéder à l’océan atlantique, mais plutôt que d’accepter la proposition du Roi Hassan II consistant à lui offrir un couloir vers la mer afin de faire transiter son gaz et honorer ses contrats avec la compagnie américaine El Paso, signés pour 100 ans en 1975, elle entend et persiste à créer un Etat sahraoui fantoche, d’une part pour en faire son satellite et d’autre part pour encercler le Maroc. On en est là encore, la presse algérienne et ses stipendiés qui ignorent les tenants et aboutissants de l’histoire et du droit, s’acharnent à nous combattre. L’affaire du Sahara, ne l’oublions jamais, est la pire des injustices de notre histoire, parce qu’elle est le fait du soit disant voisin.

 » Gardez-moi de mes amis, de mes ennemis je m’en charge » ( Shakespeare).  Les représentants des populations d’ Oued Eddahab, soit quelque 360 délégués, dûment mandatés avaient fait ce mardi 14 novembre 1979 le déplacement de Dakhla et les autres régions pour se rendre au Palais Royal où les attendait et les accueillait le Roi Hassan II, accompagné des Princes Sidi Mohammed et Moulay Rachid . Irréversiblement, le territoire marocain était réunifié de Tanger à Lagouira, et le Maroc, conforté dans son droit et la légitimité de ses revendications, pouvait donc parachever son intégrité et sa souveraineté nationale. Ce ne sont pas de vains mots.

Voici le texte que j’avais rédigé et publié dans « Le Matin » du 14 août 2006 et que je republie, en le reprenant du site Yabiladi qui l’avait aussi repris du Matin et publié : LE MAROC CÉLÈBRE LE 27 ème ANNIVERSAIRE DU RETOUR DE OUED EDDAHAB « Il y a vingt-sept ans, le 14 août 1979 exactement, survenait en plein été un événement dont la nature inattendue, mais prévisible, allait bouleverser la donne au Sahara. Le théâtre en fut le Palais Royal de Rabat, inondé de lumière et dont l’esplanade était dominée par la silhouette de feu S.M. Hassan II.

360 représentants sahraouis, mandatés par la population de Oued Eddahab, (Rio de Oro) s’étaient déplacés de la province du sud extrême pour faire acte d’allégeance au Roi du Maroc, dans la pure tradition historique. Que le serment d’allégeance (la Beiâa) intervienne en ce mardi 14 août 1979, prêté par les populations des provinces de Oued Eddahab, il constituait en effet un grand tournant, car ces populations étaient, en vertu de l’accord tripartite de Madrid du 14 novembre 1975, censées vivre sous la souveraineté de la Mauritanie. Ces populations avaient donc préféré rejoindre le Maroc par un acte solennel, l’allégeance, d’autant plus symbolique et fort, qu’elles appliquaient elles-mêmes la juridiction, la légitimité historique et, en définitive, se refusaient à être encore séparées de leurs frères du bord. “Dieu a bien voulu exaucer le vœu des populations de Oued Eddahab de retrouver leurs frères et de participer à la réalisation de l’unité du pays”. Le représentant du Conseil de la province de Dakhla (ex-Villa Cisneros) parlait ainsi d’or, il traduisait avec les mots simples et vrais le sentiment partagé, à Rabat mais aussi dans le Sud, tendant vers le regroupement et l’unité. L’émotion était à son comble lorsque ces dignes représentants des tribus d’Oued Eddahab se sont regroupés, habillés en costume traditionnel, l’allure altière et fière, devant le Souverain défunt. Ils avaient décidé de précipiter le mouvement de l’histoire, de franchir eux-mêmes la ligne, en affirmant leur marocanité.

L’accord de Madrid, signé quatre ans auparavant par le Maroc, la Mauritanie et l’Espagne, les avait laissés sur leur faim, confiés à la Mauritanie sœur, certes, mais menacés constamment par les agressions du “polisario”. Le cheikh Ahmed Habib Allah Ould Bouh, Cadi de Dakhla, drapé dans une deraaya bleue, s’était fait le porte-parole des autres pour présenter au Souverain l’acte d’allégeance en ces termes: “Au moment où Dieu a voulu concrétiser les retrouvailles entre les fils de la nation marocaine en réalisant son unité sous la bannière du défenseur de l’unité territoriale, guide de son peuple et réalisateur de ses aspirations, S.M. le Roi Hassan II , Amir Al Mouminine, nous n’avions, nous, tribus de Ouled Dlim, Reguibat, Aït Lahcen , Lâaroussiyine, Izarguiyine, Ouled Cheikh Ma-alaïnine, Ouled Tidarine, Igout, Aït Ba Amrane, les familles Mohamed Salem, Bark Allah, Assikab, Tindagha, Fikart et Amgharane, les habitants de Oued Eddahab, jamais cessé d’être reconnaissants pour la noblesse de ses actes, pour ses efforts tendant à la libération de la patrie, à sa réunification et la prospérité de ses sujets.” Après avoir proclamé, avec émotion, leur allégeance au Souverain, les représentants de Oued Eddahab ont ainsi ajouté : “Nous nous considérons désormais comme les partisans de Amir Al Mouminine, son soutien, ses soldats…”. Le propos n’était pas anodin, tant s’en faut, car il était prononcé du haut du Palais Royal, dans un contexte historique majeur. Et les fils de la province de Oued Eddahab en avaient pris acte, notamment face aux agressions du “polisario », pour ne pas décider d’assumer sous la bannière du Maroc leur propre destin. L’allocution que prononça alors feu S.M. Hassan II s’inscrivait dans la logique de l’histoire qui se faisait, manière de réponse à court et à long termes. “Nous nous faisons un devoir de garantir votre défense et votre sécurité et d’œuvrer sans relâche pour votre bien”. Tout était dit dans ce concentré de mots et de pensée, la vision et la stratégie. Et de fait, les années suivantes, le Maroc déploiera d’intenses et multiples activités politiques, économiques, diplomatiques et militaires, notamment pour assurer la défense des populations des provinces du sud. Jusqu’à nos jours encore, le Sahara est devenu un immense chantier prioritaire dans la vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI qui a repris le flambeau du développement et de la défense de cette province et, surtout, lancé un immense chantier de modernisation. Un signe d’une rare symbolique, mais d’une grande charge émotionnelle, avait alors marqué la cérémonie du Palais Royal, ce mardi 14 août 1979 : tout de suite après l’échange des allocutions, feu S.M. Hassan II procéda à la distribution d’armes, l’un après l’autre, aux représentants des tribus sahraouies venues renouveler le serment d’allégeance au Trône.

Ce geste qui en disait long à cette époque, soulignait une véritable interaction entre le Souverain et les populations de Oued Eddahab, qui ne se sont jamais départies de leur attachement au Royaume. Leur allégeance n’était pas seulement un renouvellement, mais la perpétuation – alors que pointait la menace ennemie – d’un acte, une manière de vote, de référendum qu’elles avaient exprimé et pour lequel elles avaient opté. C’est si vrai que moins d’une année plus tard, feu S.M. Hassan II avait entrepris une grande et importante visite à Dakhla, le 4 mars 1980, au cours de laquelle il a reçu un accueil populaire sans précédent. La cérémonie du 14 août 1979 avait exprimé un choix populaire, spontané et sincère, et celui-ci avait valeur juridique. Il renforçait également la légalité face aux incursions, aux violences et à la déstabilisation auxquelles se livraient le “polisario” et ses commanditaires contre les provinces du sud et contre la Mauritanie, à l’époque fragilisée. Le retour en août 1979, par voie populaire et légale, de la province de Oued Eddahab à la mère patrie, fondé, de surcroît, sur des procédures historiques existantes depuis la nuit des temps entre les populations du sud et les Rois du Maroc, parachevait en quelque sorte, en grande partie, l’intégrité territoriale de notre pays. La réintégration de nos frères d’Oued Eddahab était accueillie partout avec soulagement et suscitait ferveur et émotion. La communauté internationale, soucieuse de préserver la région d’une balkanisation programmée, s’était réjouie d’une aussi franche décision prise par les populations.

Ce que l’accord de Madrid n’avait que partiellement entrepris, la cérémonie du 14 août 1979 allait le réaliser, dans une conjoncture régionale marquée par l’hostilité algérienne envers le Maroc : l’engagement réaffirmé des populations du sud à préserver leur unité derrière le Roi du Maroc, à prendre les armes comme de tradition pour défendre leur marocanité irrévocable. Nous célébrons en ce 14 août 2006 une journée qui est à l’histoire du Maroc ce que l’étape est au parcours, un point de départ nouveau. Les vingt-sept ans écoulés ont, en effet, constitué un long parcours, marqué par plusieurs batailles et de nombreux défis, les uns aussi majeurs que les autres. Ils ont pétri l’unité du pays et de la nation autour du credo monarchique, à travers notamment la Beiâa qui symbolise à jamais le 14 août 1979. »

 

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