Immigration clandestine : Alger teste un coup de pression supplémentaire sur Madrid

L’immigration clandestine, déjà un drame social pour certains pays, est aujourd’hui une arme diplomatique utilisée par l’Algérie contre L’Espagne, dans son hypothétique rêve de faire fléchir Madrid de sa décision sur la reconnaissance espagnole sur la marocanité du Sahara. Cependant, le nombre de migrants qui a traversé la Méditerranée depuis la reprise des relations diplomatiques entre Rabat et Madrid a fortement baissé. Mais les îles Canaries restent perméables.

Le nombre de migrants arrivant aux îles Canaries en provenance du Maroc a augmenté de plus de 50% en mai, par rapport à l’année dernière, a rapporté le ministère espagnol de l’Intérieur. En mai, 8268 migrants et 181 bateaux ont été enregistrés.

Le nombre de migrants qui font la traversée depuis le Maroc est trois fois plus élevé que le nombre de ceux qui font la traversée de l’Algérie vers les îles Baléares. La péninsule, en revanche, a connu une baisse de 35% du nombre d’arrivées en mai.

Au total, plus de 12 500 migrants en situation irrégulière sont arrivés en Espagne au cours des cinq premiers mois de 2022, soit 15,8% de plus qu’à la même période un an plus tôt. Selon la police espagnole, en 2021, environ 40% des migrants sont arrivés du Maroc, 30% d’Algérie et les 30% restants ont été attribués à des pays subsahariens.

Le Maroc et l’Espagne ont convenu en mars de rétablir leurs relations diplomatiques. Après une première baisse du nombre d’arrivées, ce nombre a augmenté mensuellement par la suite, passant à 431 en mars, 697 en avril et 1 644 en mai.

Le nombre a progressivement augmenté au cours des trois derniers mois, mais reste inférieur au nombre des deux premiers mois, lorsque plus de 7 400 migrants sont arrivés, soit une augmentation de 73% par rapport à la même période de l’année précédente.

« Ni le Maroc, ni l’Algérie, ni aucun pays d’autre n’a pour l’instant de moyen pour ralentir ou arrêter complètement le flux de bateaux », a noté le ministère espagnol, soulignant que la coopération avec les deux pays avait empêché environ 40% des tentatives de migration en 2021.

Coup de pression de l’Algérie

Dans une nouvelle tournure de la crise avec l’Espagne, l’Algérie a suspendu un traité d’amitié vieux de 20 ans avec l’Espagne, invoquant la « violation de ses obligations juridiques, morales et politiques » à l’égard du territoire du Sahara. L’Algérie a également déclaré un gel du commerce bilatéral, affectant potentiellement environ 2 milliards d’euros d’exportations espagnoles par an. Mais la crise entre Madrid et Alger n’est pas économique, l’Algérie en rajoute avec une pression migratoire, car le sujet est une des principales préoccupations pour l’Espagne. En mai, le chef de la police espagnole chargé des contrôles aux frontières à Tenerife, Juan Luis Pérez Martín, a déclaré que « la principale incertitude porte sur la façon dont l’Algérie réagit.»

Au total, 11 330 Algériens ont atteint le territoire espagnol en 2021, selon les chiffres de la police espagnole. Jusqu’à présent cette année, seuls 1 250 sont arrivés, bien que l’Algérie n’a pas officiellement communiqué sur le nombre de migrants partis de ses côtes.

Le ministre espagnol de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, est resté catégorique sur le fait que l’immigration ne serait pas affectée par la nouvelle crise, affirmant que la coopération bilatérale « est absolument permanente ».

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