2ème round de Genève sur le Sahara : Ramtane Lamamra de quoi est-il le nom ?

Par Hassan Alaoui

Trois mois et quinze jours sont passés entre le premier et le deuxième round des pourparlers préliminaires sur le Sahara, organisés à Genève sous l’égide des Nations unies, conformément à la Résolution pertinente 2440, adoptée le 31 octobre 2018 à la quasi unanimité par le Conseil de sécurité.

La délégation marocaine, présidée par Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale est  composée de MM. Omar Hilale, Représentant Permanent du Royaume du Maroc auprès des Nations Unies à New York, Sidi Hamdi Ould Errachid, Président de la région Laâyoune-Sakia El Hamra, Yenja El Khattat, Président de la région Dakhla-Oued Eddahab, et Mme. Fatima El Adli, acteur associatif et membre du Conseil municipal de la ville de Smara.

D’emblée, on relèvera que si le Maroc n’a pas modifié la liste de sa délégation, l’Algérie a procédé en revanche à un changement significatif de la sienne  : sa délégation sera conduite , en effet, par Ramtane Lamamra et non par Abdelkader Messahel, pourtant non seulement saisi du dossier depuis des années, mais connaisseur patenté de ses enjeux. Ensuite pourrait-on dire, la présence de Ramtane Lamamra aux discussions de Genève constitue un élément significatif qui nous interpelle. Celui qui vient d’être nommé Vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères d’Algérie il y a quelques jours incarne en effet le fidèle des fidèles de Bouteflika ; mais aussi le responsable algérien de haut niveau le plus antimarocain.

→ Lire aussi : Sahara marocain : une délégation marocaine se rend à Genève

Ses prises de position sur le Sahara marocain sont connues, marquées au sceau d’une hostilité viscérale qui n’en démord point. Au sein de l’Union africaine, il laisse l’image d’un conspirateur et d’un manœuvrier qui a tout mis en œuvre pour combattre le retour du Maroc dans cette institution. En vain, bien entendu…Dans la même veine que son prédécesseur, il défendra la même technique fourbe d’enfumage du dossier du Sahara, avec toutefois cette assurance provocatrice que nous lui connaissons et la langue de bois des Apparatchiks  de l’armée et du FLN algérien qu’il affectionne. Autant dire que Horst Köhler, émissaire spécial des Nations unies pour le règlement du problème du Sahara, sera confronté – puis que c’est la première fois qu’il va le rencontrer dans le cadre de ce dossier – à un machiavélisme poussé jusqu’à la caricature.

Ramtane Lamamra n’en démordra jamais de son tropisme complotiste, quand bien même il feindrait de se réjouir du retour du Maroc à l’organisation panafricaine. Ni de sa hargneuse attitude envers notre pays. Il a une propension à tout mélanger délibérément, procédant d’un amalgame réducteur. Comme beaucoup de responsables algériens formant le clan du pouvoir et nourris depuis 1962 à cette culture de l’antimarocanisme, il entretient le mythe de l’encerclement de l’Algérie, pays qui possède des frontières avec pas moins de 6 Etats ( Le Maroc, la Mauritanie, le Mali, le Niger, la Libye et la Tunisie). Après sa rencontre à Moscou avec son homologue russe Sergueï Lavrov , le chef de la diplomatie russe a mis en garde, lors d’une conférence de presse commune, « toute ingérence extérieure » dans les événements qui secouent l’Algérie , marqués par le soulèvement de la jeunesse algérienne.

Cette phrase, en effet, censée répondre à une interrogation anodine d’un journaliste sur la similitude des événements entre ce qui s’est passé en Syrie, en Libye et à présent en Algérie, ne saurait passer dans l’oreille d’un sourd. Elle suggère en effet que Ramtane Lamamra en a bel et bien discuté avec son homologue russe. Elle explique également que les dirigeants algériens , obsédés par la paranoïa de l’encerclement, évoquent à coup sûr l’imaginaire « ingérence » extérieure. Pas moins que le général Gaïd Salah, Lamamra ne cesse d’en nourrir le fantasme.

La question se pose désormais : le 2ème round des échanges de Genève sur la question du Sahara marocain constituera-t-il une rupture du passé ou perdurera-t-il dans l’amphigouri linguistique et les simulacres que le pouvoir algérien lui imprime depuis des lustres ?  Avancera-t-on , reculera-t-on ?

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