Octobre 1975, la CIJ ou quand Hassan II déjoue les plans de  Boumediene et de Franco

Par Hassan Alaoui

Nous sommes le lundi 16 octobre 1975 ! La Cour Internationale de justice (CIJ) vient de rendre son avis consultatif sur le Sahara que feu Hassan II lui a demandé. La question était fort simple : Le Sahara est-il un territoire marocain ou non au moment de sa colonisation une première fois en 1884, une seconde et officielle en 1934 ? Y avait-il par conséquent des liens historiques et juridiques entre le Royaume et les populations sahraouies ?

Débattant de longues semaines à La Haye de cette question, la Cour, qui après avoir écouté les arguments du Maroc, avait donc prononcé ce lundi 16 octobre 1975 son jugement : « Non, le Sahara n’était pas terra nullius au moment de son occupation par l’Espagne. Oui, les populations du Sahara étaient attachées aux Rois du Maroc par des liens juridiques et d’allégeance ». Cette sentence à double détente avait conforté le Maroc et, notamment, le Roi Hassan II qui interpellait par cet acte la communauté internationale sur le bien-fondé de notre revendication.

Aux travaux de la Cour de La Haye, entamés en juin 1975 et terminés le 16 octobre de la même année, le Maroc avait dépêché une forte délégation, composés de juristes et d’historiens, dont notamment Mohamed Bennouna, Driss Slaoui, Moulay Ahmed Alaoui et autres. La Mauritanie sa délégation avec des représentants comme Ahmed Baba Miske et l’Algérie – qui se disait seulement « intéressée » mais non concernée par le conflit – son juriste distingué, Mohamed Lebjaoui.

Comme l’écrivait à cette époque Maurice Flory, professeur de droit à l’Université d’Aix-en-Provence-Marseille, « l’affaire du Sahara n’était ni plus ni moins qu’une opération de décolonisation, liée aux revendications territoriales du Maroc et de la Mauritanie », deux Etats voisins, enserrés dans un la même aire géographique, sahélo-atlantique. Sauf que la revendication marocaine sur le territoire saharien date de l’année de l’indépendance, autrement dit de 1956. Le Roi Mohammed V, Libérateur de la nation, suivi par Allal el-Fassi, leader du parti de l’Istiqlal, s’étaient faits les hérauts de la revendication des territoires spoliés du Sahara, en se fondant sur des arguments juridiques – contenus dans plusieurs documents -, historiques, culturels, religieux et humains. Peut-être que Allal el-Fassi exagérait-il ou choquait-il par sa revendication de « tous les territoires qui s’étendaient de l’Oued Drâa jusqu’au fleuve Sénégal », peut-être aussi incarnait-il une ligne dure et intransigeante à une époque où la décolonisation d’une manière générale était menée de la part des puissances coloniales de manière partiale et souvent injuste. L’Espagne de Franco était d’autant plus intraitable, opposée évidemment à la rétrocession du Sahara qu’elle avait occupé manu militari, qu’il avait fallu au Maroc le recours aux Nations unies dès 1956 et finalement en 1975 à la Cour internationale de Justice pour recouvrer son territoire spolié.

L’œuvre de Kasdi Merbah et la police franquiste

Or, le plus étrange est que ni en 1956, ni en 1961 et jusqu’en 1975, l’Algérie était totalement inexistante dans ce dossier maroco-mauritanien pour ne pas dire maroco-marocain. Encore moins ce polisario, fantoche mouvement crée ex-nihilo en mai 1973 à Zouérate – sous l’égide des services secrets hispano-algériens –  par El-Ouali Moustapha Sayed, Bachir Moustapha Sayed, Lahbib Ayoub, Mohamed Abdelaziz, Omar Hadrami, Mahfoud Ali Beiba, Mohamed Lamine Ould Ahmed et Mohamed Lamine Ould Bouhali, tous marocains, étudiants pour la plupart des universités marocaines, récupérés par la suite par la Sécurité militaire algérienne, ancêtre du DRS, alors dirigé pat Kasdi Merbah, lui-même né à Fès et exécutant des basses œuvres de Boumediène, qui sera mystérieusement assassiné en août 1993 quelques mois seulement après le meurtre de Mohamed Boudiaf…

Quand le Maroc revendiquait solennellement le Sahara, l’Algérie de Boumediène se disait simplement intéressée, formule d’autant plus ambiguë qu’elle ne laissait pas de surprendre tous ceux qui savaient pertinemment son double jeu, autrement dit le flagrant mensonge entre ce qu’elle affirmait et le sabotage du Maroc auquel elle se livrait sous cape. Preuve en est le Sommet des pays de la Ligue arabe organisé en 1974 à Rabat au cours duquel, du haut de la tribune, Boumediène prononça son discours en jurant ses grands dieux que l’Algérie soutenait les revendications du Maroc sur son Sahara et, tenez-vous bien, « mettrait ses troupes au service du Royaume pour libérer le territoire marocain du joug colonial espagnol » ! Les enregistrements des discours sont consignés et tout un chacun peut les consulter et les écouter, mesurer à quel point la duplicité algérienne a fourvoyé les uns et les autres, comment de la mensongère déclaration « d’intéressée » elle est vite passée à la posture agressive de « concernée » et, nous dirions « impliquée » même…

Quelques semaines à peine après la Marche verte, les Forces Armées Royales s’étaient trouvé face-à-face avec des éléments de l’armée algérienne à Amgala, capturés en flagrant délit de violation de territoire, d’agression et de violence. La presse internationale en avait été avertie et conviée à témoigner de visu, et la preuve de l’implication algérienne plus que prouvée.

Le Maroc qui , en récupérant son Sahara, pensait construire un avenir commun d’entente et de coopération intermaghrébine, avec comme axe l’unité et la solidarité, s’était découvert donc farouchement combattu par l’Algérie. En septembre 1974, feu Hassan II convoqua une conférence de presse internationale, à la fois pour confirmer la volonté du Royaume de négocier , et couper court aux manœuvres dilatoires  Royaume. Deux questions étaient posées : « 1)- Le Sahara ( Sakiet al-Hamra et Rio de Oro) était-il au moment de sa domination par l’Espagne un territoire sans maître ( terra nullius) de Boumediène et Franco, qui avaient décidé de préparer en douce leur « référendum du peuple sahraoui » et mettre en place un Etat indépendant sur le flanc sud-ouest du Maroc et de la Mauritanie.

Le Maroc soumit donc la demande à l’ONU de surseoir au projet franquiste d’organiser un référendum et l’Assemblée générale vota ainsi le 13 décembre 1974 la fameuse résolution 3292 par laquelle elle demande à la Cour internationale de justice de donner son avis consultatif, eu égard au souhait du M aroc.

Deux questions étaient explicitement posées : « 1)- Le Sahara ( Sakiet al-Hamra et Rio de Oro) était-il au moment de sa domination par l’Espagne un territoire sans maître ( terra nullius) ? Si la réponse à la 1ère question était négative :

2)- Quels étaient les liens juridiques de ce territoire avec le Royaume du Maroc et l’ensemble mauritanien ?

La réponse à ces deux questions est tombée donc le 16 octobre 1975, il y a de cela 42 ans….presque jour pour jour. Le lendemain, conforté dans sa vision prophétique et sa sagesse, convaincu du bien fondé de son droit, le Roi Hassan II annonça l’organisation de la Marche verte pour le 6 novembre suivant, et la participation du peuple marocain dans toutes ses composantes, soit pas moins de 350.000 marcheurs volontaires.

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