44è session de l’Académie du Royaume : des grands penseurs, philosophes et académiciens interrogent la modernité

Des grands penseurs, philosophes et académiciens tentent trois jours durant de cerner les contradictions de la modernité, interroger le présent à la lumière du passé et contrecarrer les amalgames entre renouveau et modernité dans le cadre des travaux de la 44-ème session de l’Académie du Royaume du Maroc, qui s’est ouverte, mardi à Rabat sous le thème « De la modernité aux modernités ».

Interroger la modernité s’avère plus que jamais nécessaire dans la mesure où cette notion soulève des questionnements et induit des recherches au niveau de sa définition et de son impact sur l’évolution des sociétés. En effet, les transformations intellectuelles, sociales et économiques participant à la dynamique du monde et les enjeux contemporains sont aujourd’hui tributaires de la modernité, soulignent les organisateurs dans une note de présentation pour argumenter la pertinence du sujet. Ainsi, la question de la modernité comme un modèle idéal de promotion des individus et des sociétés dans un contexte mondialisé qui crée la confusion dans les esprits en faisant naître des sentiments d’insécurité et de doute est au cœur du débat de cette session avec la participation des membres nationaux et étrangers de l’académie, outres des scientifiques, intellectuels et dirigeants politiques.

S’exprimant dans une allocution d’ouverture de cette session, le secrétaire perpétuel de l’Académie du Royaume du Maroc, Abdejalil Lahjomri, a salué la Haute sollicitude royale et le grand soutien que SM le Roi Mohammed VI accorde à la science, au savoir et à la pensée éclairée, rappelant le Discours royal du 30 juillet 1999 dans lequel le Souverain avait souligné : « Nous souhaitons que le Maroc, sous notre règne, aille de l’avant sur la voie du développement et de la modernité, et qu’il accède au troisième millénaire, doté d’une vision prospective, en parfaite cohabitation et une entente réciproque avec nos partenaires préservant son identité et sa spécificité, sans se refermer sur soi, dans le cadre d’une authenticité reconfirmée et d’une modernité qui ne renie guère nos valeurs sacrées ».

« Le choix du sujet de la modernité aux modernités, à ce moment crucial de notre histoire contemporaine trouve sa justification dans les mutations profondes de la question de l’identité, et la complexité de la perception culturelle, politique, économique et sociale agissante dans le comportement et les pratiques », d’où l’importance de questionner la modernité comme primauté de la raison, de la rationalité et de la démocratie, a-t-il dit. Pour M. Lahjomri, c’est un défi qui est qui est posé actuellement à tous les penseurs, mais également aux décideurs, pour la simple raison que nous sommes devant une société en perpétuelle évolution, une société qui devrait sauvegarder ses valeurs, tout en étant en phase avec d’autres valeurs dites universelles, pour essayer de trouver un équilibre non seulement entre la tradition et la modernité, « mais voire comment l’autre existe chez Moi et comment Moi pourrait être chez l’autre ». La singularité de la modernité est de reposer sur un paradoxe dans la mesure où la modernité a une portée universelle puisqu’elle permet au monde d’évoluer grâce aux découvertes scientifiques mais ces mêmes acquis menacent l’écosystème de planète (manipulations génétiques, pollutions, exploitation effrénée des ressources naturelles.

Dans sa conférence inaugurale sous le titre « Orientalisme et occidentalisme: comparatisme et temporalité de la grande divergence à la grande convergence », le professeur au Collège de France, Henry Laurence a fait savoir que l’orientalisme et l’occidentalisme, c’est-à-dire les savoirs sur la société de l’autre, se sont développés en parallèle, permettant de créer des comparaisons qui, dans certains cas, deviennent des actions.

Pris dans une temporalité longue de la grande divergence du XVIIIe siècle où l’Europe se sépare des autres sociétés à la grande divergence actuelle », affirme-t-il, différentes attitudes contradictoires se succèdent pour aboutir à un conflit des identités à un moment où en réalité le narcissisme de la petite différence dissimule une très probable dissolution de l’exogène.

La session aborde plusieurs domaines de réflexion en lien avec la modernité, comme la religion, la pensée, les dynamiques interculturelles, le droit, la pensée économique, le patrimoine, les effets de la modernité sur la question sociale, etc.

Ainsi, les intervenants proposent une étude de cas autour de faits historiques, de grandes questions comme la nécessité d’une modernité authentique pour la pensée arabo-musulmane, la modernité du Moyen-Orient, la réforme économique au Maroc entre 1956 et 2016, et les femmes marocaines face aux défis de la modernité.

La première journée de la session est dédiée à deux conférences traitant des thématiques « La question de la modernité » et « Modernité, références théoriques et intellectuelles », tandis que la deuxième journée sera consacrée aux thématiques « Représentations de la modernité et de la modernisation (droit et institution) » et « Modernité et patrimoine, interprétations antagonistes ».

La dernière journée intéressera, quant à elle, les thématiques « Modernité, pensée et création », « Modernité, religion et valeurs » et « Les effets de la modernité et la question sociale ».

Créée par dahir le 8 octobre 1977, l’Académie du Royaume du Maroc est dotée de la personnalité morale et de l’autonomie financière, et se distingue par sa vocation multidisciplinaire et la diversité des nationalités de ses membres.

L’Académie est chargée d’encourager la recherche dans les domaines des sciences, de la religion, de la philosophie, de l’éthique, de l’histoire, des beaux arts, des sciences expérimentales, de la médecine, de la diplomatie, des sciences de la guerre, de l’administration, de l’économie, de l’industrie, de l’urbanisme, etc.

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