4ème sommet européen de crise : Entre solidarité et division l’UE devra choisir

Pour la quatrième fois consécutive depuis le début de la pandémie du nouveau coronavirus en Europe, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne tiennent, ce jeudi, un sommet en visioconférence pour essayer de dégager une réponse commune aux conséquences de la crise sanitaire.

Sommés par l’Italie et l’Espagne, les deux pays les plus touchés par la pandémie, de sauver l’Union de la division, les dirigeants européens devront parvenir à un plan de relance économique.

Les Vingt Sept auront des discussions qui s’annoncent âpres pour compléter le dispositif initial à 540 milliards d’euros avancé par la Commission européenne, les experts estimant les besoins entre 1.000 et 1.500 milliards d’euros pour sortir l’Europe de la récession après la pandémie.

Dans sa lettre d’invitation adressée aux dirigeants européens, le président du Conseil Charles Michel a indiqué que cette crise sanitaire « ne connaît pas de frontières et appelle encore davantage de coordination et d’unité».

«Je suis convaincu qu’il nous faut faire preuve d’encore plus de détermination pour surmonter nos différences », a-t-il souligné.

Mais bien avant l’ouverture du sommet qui débutera à 15h00 (heure de Bruxelles), les divergences font déjà surface notamment entre pays du Nord, inquiets de payer la facture de ceux du Sud, qui eux, appellent à une mutualisation des dettes.

Le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte a ainsi affirmé mardi, « qu’il refuserait des compromis au rabais lors du Conseil européen ». Il estime que « l’UE et la zone euro ne peuvent pas se permettre de répéter les mêmes erreurs commises lors de la crise financière de 2008, quand il n’a pas été possible d’offrir une réponse commune ».

Quant à la cheffe de la diplomatie espagnole, Arancha González Laya, elle souhaite un plan de relance ambitieux car dit elle « soit nous coulons tous, soit nous flottons tous. Elle défend la mise sur la table d’une proposition responsable, qui s’appuie sur les mécanismes existants, faisant référence aux fameux « coronabonds » (mutualisation des obligations de la dette européenne).

M. Michel a appelé dans ce contexte à la mise en place d’un Fonds européen pour la relance sur lequel les pays membres ne sont pas encore parvenus à un accord.

«Je propose que nous convenions d’œuvrer à la mise en place d’un tel fonds dans les meilleurs délais. Il convient qu’il ait une envergure suffisante, qu’il vise les secteurs et zones géographiques européens les plus touchés et qu’il soit consacré à la gestion de cette crise sans précédent », a suggéré le président du Conseil dans sa lettre.

A ce document, le président du Conseil joint une feuille de route sur laquelle les dirigeants européens devraient se prononcer ce jeudi et qui renferme des mesures qui doivent être « collectives » et « déterminées ».

Il s’agit de relancer un marché unique pleinement opérationnel et revitalisé, avec une transition verte et une transformation numérique qui joueront un rôle central et prioritaire dans relance et la modernisation de l’économie européenne.

Selon la feuille de route, l’investissement dans les technologies et les capacités propres et numériques, conjugué à une économie circulaire, contribuera à créer des emplois et de la croissance et aidera également les pays de l’UE à être plus résilients et moins dépendants en diversifiant les chaînes d’approvisionnement clés.

La feuille de route recommande également de garantir l’autonomie stratégique de l’UE à travers une politique industrielle dynamique, un soutien aux PME et aux start-up et un filtrage efficace des investissements directs étrangers.

Le président du Conseil européen a également appelé à investir dans la mise en œuvre d’une infrastructure résiliente pour faire face aux événements imprévus, en particulier dans le secteur de la santé.

La feuille de route a enfin mis l’action sur l’action multilatérale de l’UE pour contribuer à l’élaboration d’une réponse mondiale à la crise, mettant l’accent sur la nécessité de rétablir les flux commerciaux et les voies d’approvisionnement.

L’UE devra également prêter main forte aux pays qui sont dans le besoin, selon la feuille de route, avec une attention particulière accordée au voisinage immédiat.

L’accent devra être mis au partenariat avec l’Afrique, selon M. Michel, invitant à alléger les dettes des pays du continent.

Ce sommet se tient à un moment où tous les indicateurs sont au rouge. Des millions de personnes sont au chômage en raison de l’arrêt des activités dans plusieurs secteurs clés de l’économie européenne.

Avec le confinement de sa population, l’UE devrait enregistrer une chute record de son PIB de 7,1% cette année, selon les prévisions du FMI, alors que la crise qui menace les 19 pays de la zone euro risque d’être la plus grave de l’histoire de la monnaie unique depuis 1999.

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