Donald Trump, le « spectre du déclin » ou la stratégie du chaos ?

Dossier du mois

Dr. Camille Sari, Professeur d’économie, spécialiste du Maghreb, Président de l’Institut euro-maghrébin d’études et de prospectives

Les dérapages en série : populisme assumé ou folie meurtrière ?

Donald Trump, né le 14 juin 1946 à New York, est issu d’une famille d’entrepreneurs dont il prend la tête en 1971, en transformant Elizabeth Trump & son pour la renommer The Trump Organisation. Il mène, en parallèle, une carrière d’animateur de télévision, dès les années 1980 et devient même l’animateur de l’émission téléréalité The Apprentice, de 2004 à 2015. Il réussit dans l’acquisition, la construction et la gestion de biens immobiliers de prestige dont la célèbre Trump Tower. Ses accointances avec des dirigeants de pays étrangers l’ont aidé à réaliser des opérations immobilières, en dehors des Etats-Unis.

Il s’intéressa à la politique, à partir des années 1980, soutenant alternativement le Parti Républicain et le Parti démocrate, le Parti de la Réforme et de nouveau le Parti Républicain qui le désigna, à la surprise générale, candidat aux élections présidentielles de 2016. Il remporta les primaires républicaines contre la volonté de son Parti et en ayant l’unanimité contre lui dans les rangs de l’establishment de Washington et la presse dans son ensemble.

Son succès est celui du populisme, du protectionnisme, du conservatisme et du climato-scepticisme. Ses liens avec l’extrême droite ne sont plus sujet à caution. En fait son discours antimusulmans, anti-immigration et en proposant de construire un mur tout au long des frontières avec le Mexique et d’interdire l’entrée du territoire américain des ressortissants de certains pays comme l’Irak, la Syrie, la Libye, la Somalie, le Soudan et le Yémen. Dès sa prise de fonction, il signa les décrets controversés visant à restreindre l’entrée de nouveaux immigrés, mesure invalidée par la justice américaine, partiellement et dans certains cas totalement. En une année de présidence, il décide de sortir de l’accord Trans pacifique qui incluait les pays d’Asie, laissant la voie à une reprise en main de la Chine de ce partenariat. Le retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris sur le Climat est une entorse du principe de la continuité de l’Etat et du principe de l’engagement dans la durée quels que soient les gouvernements en place. La dénonciation de l’accord sur le nucléaire iranien et la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël sont en opposition avec les Etats européens et toute la communauté internationale.

Certains mettent ces dérapages sur le compte de l’impréparation d’un homme qui n’a jamais exercé une fonction publique ou militaire et sa méconnaissance des relations internationales. En réalité, Donald Trump est le porte-parole et l’expression incarnée de la frustration des blancs américains d’origine européenne qui ont largué par la mondialisation. Ses tweets menaçant les entreprises qui délocalisent de sanctions commerciales ou tarifaires et sa réforme fiscale visant à encourager les grands groupes américains à rapatrier leurs bénéfices et à relocaliser leurs activités participent du slogan « l’Amérique d’abord ».

L’instabilité des équipes de D.Trump à la Maison Blanche montre que l’homme n’a ni la capacité de gérer une administration publique ni la carrure d’un dirigeant habile, diplomate gérant les conflits de façon pragmatique. Cela explique son qualificatif de « pays de merde » en parlant d’Haïti et de l’Afrique.

L’espoir viendra de la recomposition de pôles de reconstruction d’un nouveau modèle des relations internationales faisant de la place à la Chine, la Russie et l’Union européenne

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