Ahdath.info détricote le rôle et le poids des « armées électroniques » du PJD
Sous la signature de son chroniqueur Abderrahman Al Mansi, le site Ahdath.info vient de se fendre d’un article significatif, dont le moins que l’on puisse dire est qu’il tombe à point nommé. Il s’inscrit dans une série consacrée au PJD, à son secrétaire général et, pour ce dernier papier, à cette « armée du web islamiste » que l’opinion publique a commencé à découvrir à la faveur des dernières élections.
« Légionnaires », « phalanges », bataillons de l’Internet, ils ont joué et continuent à jouer un rôle déterminant pour la promotion et la défense des idées du parti islamiste. Le chroniqueur d’Ahdath.info qui intitule sa contribution : « Les bataillons parlent d’eux-mêmes, eux veulent…Benkirane veut, mais lui est-il encore en mesure et capable de ce qu’il veut ? »
L’interrogation interpelle tout esprit lucide. Elle se pose à Benkirane, à son parti, le PJD et à ses partenaires au point de susciter une question subsidiaire : Benkirane est-il en mesure de tenir encore les rênes du PJD, peut-il continuer à nous ressasser la même rhétorique sur son pouvoir à bâtir un « parti démocratique » , de la base au sommet ? Le commandement ne lui échappe-t-il pas ? Notamment au niveau des bases locales ? A moins, s’interroge l’auteur, qu’il ne s’agisse d’une « répartition des tâches et des rôles, une sorte de division du travail ! Car les « bataillons » du Web sont devenus une force critique telle qu’elle s’impose au commandement, en maîtrisant la machine du web du parti.
Et cette garde que l’on qualifierait aussi volontiers de « pasdaran » du PJD nourrit un culte de la personnalité en faisant allégeance à…Erdogan, le chef de l’Etat turc hissé sur le pavois, idolâtré. Sur les réseaux sociaux ( facebook, twitter, instagram) les profils des membres de cette légion islamiste exposent directement la photo d’Erdogan avec la mention à tout la moins curieuse et inquiétante :« Erdogan, Sultan des Musulmans » ! Il convient de rappeler, comme le souligne le commentateur d’Ahdath.info que Abdelilah Benkirane a salué « l’armée électronique » le vendredi 14 octobre 2016 ( sept jours après le scrutin législatif), à l’occasion d’une réunion tenue avec les nouveaux élus du PJD au parlement.
Cet hommage a confirmé pour ceux qui en doutaient encore, le rôle décisif que les « soldats du web » ont joué ces dernières années, en noyautant les réseaux, en instillant la propagande du parti islamiste et en constituant son relais.
Toutefois, souligne le commentateur de Ahdath.info , le samedi 22 octobre, en se réunissant avec les membres du Conseil national du parti, il a clairement critiqué cette armée en qualifiant ses membres « d’adolescents » !
Cette « armée électronique » se constitue de quels vecteurs et de quelles forces ? Ni plus, ni moins que du site « Al Forsane ». Elle a vu le jour le 31 janvier 2013, elle est dirigée par le dénommé Badr al-Hasnaoui.
Au départ, électoralisme anticipé oblige, elle a été créée comme une « armée électronique pour la défense de Benkirane », et s’est ensuite transformée en une « armée électronique pour la lutte contre Attahakoum » ! Ce slogan a été lancé dans le cadre des élections , nourrissant la campagne électorale du 7 octobre dernier. On ne s’étonne pas que l’Union des syndicats des phosphates – noyautée par les islamistes – et qui appuie le directeur général, s’est mobilisée en force pour s’attaquer aux leaders syndicaux comme Amaoui.
Les sites de l’armée électronique visent en fait tous les symboles de la lutte pour la démocratie. La question est de savoir où étaient-ils à l’époque d’Oufkir, de Dlimi et de Basri ? Instrumentalisant à leur manière les combats historiques pour la démocratie, ils n’hésitent pas à revendiquer l’héritage de grandes figures. Certains d’entre eux vont jusqu’à proclamer que le PJD constitue la continuité du Mouvement national et l’héritier des fondateurs , à leur tête Mehdi Ben Barka…
Abdelilah Benkirane affirme qu’il n’a aucune relation avec ces « armées électroniques » ! Or, cette affirmation a été proclamée après le 7 octobre 2016, donc après les élections.
Comment donc ne pas s’interroger sur le fait que ces sites, connus pour défendre avec violence le PJD avant les élections, sont-ils devenus à ses yeux, subitement « étrangers » et « inconnus » après le scrutin du 7 octobre ?
Ces sites de guerre ont lancé des campagnes hostiles contre Aziz Akhannouch et Ahmed Toufik ( ministre des Affaires islamiques), proposant avec insistance à sa place El Othmani ou Abou Zayd…Ils considèrent que le dénommé Omar Sanhaji, membre de la Jeunesse du PJD, a « vendu le match ».
Abderrahman Al Mansi conclut ainsi son analyse en affirmant que « le PJD n’est plus un parti démocratique à cause des dépassements opérés par ses « armées électroniques » que Benkirane ne contrôle plus. Moyennant quoi, il faut s’attendre à toutes les hypothèses…
Il faut se rappeler dans ces conditions, quelques propos qui ont marqué sa campagne électorale : « Benkirane a étouffé les grèves, car les administrations sont devenues disponibles pour vous servir ; Ne jamais voter pour Untel parce qu’il possède un hôtel où l’alcool qui est haram y est servi, mais l’impôt qu’il verse à l’Etat est par contre halal ; Ne jamais voter pour ceux qui ne jeûnent pas… La panoplie est vaste des recommandations et des propos ayant émaillé les sites du PJD…