Les devises face au Covid-19, faut-il s’inquiéter ?
L’encours des réserves internationales nettes s’est établi à plus de 240 MMDH, progressant de 6,3%, en glissement annuel. Le Covid-19 commence à être fortement présent au Maroc et avec la fermeture des frontières et l’arrêt de l’activité de certains secteurs, les flux des devises risquent d’être impactés. Dans ce cas, la vigilance reste de mise. Certes, les choses sont stables, jusqu’à maintenant, mais comment la situation évoluera dans les mois à venir ?
Dans sa note, Bank Al-Maghrib (BAM) a indiqué que le dirham s’est déprécié de 0,58% par rapport à l’euro et de 2,06% vis-à-vis du dollar, au cours de la période 19 – 25 mars. Par ailleurs, Bank Al-Maghrib a injecté un montant de 95,1 milliards de DH sous forme d’avance à 7 jours sur appel d’offres. Tenant compte d’un montant de 2,3 MMDH accordé dans le cadre du programme de soutien au financement des TPME et d’un montant de 4,1 MMDH servi sous forme de « swap de change », le volume total des interventions est ressorti à 101,5 milliards de DH.
En revanche, parmi les secteurs qui faisaient rentrer plus de devises, le tourisme, enregistrant plus de 78 MMDH, mais malheureusement ce secteur a été tué par les dernières mesures barrières, en pleine haute saison, suivi des exportations automobiles (77,1 MMDH), puis les Transferts MRE (64,9 MMDH), les exportations agricoles et agroalimentaires (60,8 MMDH), les IDE aussi avec 18 MMDH. Tous ces secteurs sont à l’arrêt, ce qui a impacté la sécurité des réserves.
Selon les recommandations des institutions financières internationales, notamment le FMI, il faut flexibiliser le taux de change. Dans ce contexte, le Maroc a entamé la deuxième phase flexibilité du dirham, le 9 mars 2020, il a élargi la bande de fluctuation du dirham, de ± 2,5% à ± 5%. S’ajoutant à cela, l’utilisation de l’épargne de l’or. La crise actuelle pourrait encourager le pays à investir dans l’or. Rappelons que dans les réserves de change, la part de l’or représente 3,5%, soit 22 tonnes, et l’or détenu chez les particuliers se situerait entre 1000 et 1200 tonnes.
Par ailleurs, la chute du baril pourrait également freiner l’aggravation de la situation au Maroc, face au déséquilibre de la demande et de l’offre excessive du pétrole, mais ce n’est pas le cas chez les pays de l’OPEP. La chute des cours du baril de plus de 45% en 2020 devrait avoir, également un impact important sur les pays du Golfe, principaux exportateurs du pétrole. De leur côté, les analystes de KPLER ont constaté que« Les réserves actuelles de pétrole brut à terre et dans les navires dépassent le précédent pic atteint début 2017 », « et ces stocks continuent de croître ».
La situation au Maroc est toujours stabilisée, d’après la note de l’Agence de notation américaine Fitch Rating sur l’économie marocaine, « le Maroc dispose des capacités pour gérer les pressions accrues, et a montré, d’ailleurs, sa volonté d’ajuster la flexibilité du régime de change ».
Les analystes d l’Agence ont indiqué également que l’adaptabilité du Maroc est soutenue par un accord avec le FMI, lié à la ligne de précaution et de liquidité (LPL) pour un montant de 3 milliards de dollars. Une ligne qui n’est pas encore utilisée. Alors, est-ce que le Maroc va utiliser cette LPL ? Sinon, comment la situation évoluera durant les mois prochains ?
Ainsi, un point d’interrogation sur les IDE, qui étaient en baisse de 46,8% en 2019, et avec l’apparition de ce nouveau virus, les taux risquent toujours d’y avoir des chevauchements.