Entamer les consultations avec les partis représentés au parlement est une nouvelle donne qui élargit les perspectives de formation du gouvernement
La déclaration du chef du gouvernement désigné, Saâd Eddine El Othmani, d’entamer les consultations pour la formation du gouvernement avec l’ensemble des partis représentés au parlement, constitue une nouvelle donne qui ne manquera pas d’élargir les perspectives devant la formation de la prochaine majorité gouvernementale.
Cette initiative a été prise, moins de 48 heures, après la désignation par SM le Roi Mohammed VI de M. El Othmani, chef du gouvernement, et quelques heures seulement après la tenue d’une session extraordinaire du Conseil national du Parti de la Justice et du Développement (PJD), qui a exprimé sa haute considération du souci de SM le Roi de consacrer le choix démocratique.
Le conseil national du PJD a souligné l’impérieuse nécessité d’accélérer la formation du gouvernement, conformément aux Orientations royales, en relevant que le prochain gouvernement, qui doit bénéficier de la confiance du Souverain, doit être fort, harmonieux et efficient, dans le respect des dispositions de la constitution, du choix démocratique et de la volonté populaire exprimée lors des dernières législatives.
Il est fort probable que ces consultations puissent ouvrir une nouvelle page avec les partis politiques et apaiser les tensions consécutives au rejet par des acteurs politiques de l’offre que leur avait présentée M. Abdelilah Benkirane, ancien chef du gouvernement désigné, limitant la participation au gouvernement aux partis de l’ancienne coalition gouvernementale.
Cette hypothèse prend plus de poids notamment suite à la réaction positive des partis politiques ayant accueilli favorablement la désignation de M. El Othmani, dont le parti Authenticité et modernité (PAM), qui a choisi de se positionner dans l’opposition immédiatement après l’annonce des résultats du scrutin du 7 octobre dernier, et qui, dans cette nouvelle étape, sera la première formation politique à être reçue par le chef de gouvernement désigné eu égard aux résultats des législatives l’ayant placé à la 2ème position.
Cette donne constitue en soi un signe important du grand changement de l’approche que suivra M. El Othmani dans ses consultations avec les différents partis.
Dans ce cadre, le secrétaire général du PAM, Ilyas Omari, a exprimé au chef de gouvernement désigné ses vœux de réussite dans la mission dont il a été investi et le souhait de le voir accélérer la formation de l’exécutif afin d’éviter tout retard au coût élevé pour le pays.
Concernant la participation au prochain gouvernement, M. Omari a souligné que la position de son parti dépendra de l’attitude politique de M. El Othmani, relevant que les organes décisionnels du parti prendront une décision à ce sujet.
La décision annoncée par M. El Othmani met « pratiquement » un terme à la rupture politique avec le PAM, concrétisée clairement par son prédécesseur M. Benkirane.
Il a ainsi renouvelé les liens avec le Parti de l’Istiqlal (3è rang avec 46 sièges), dont la participation au gouvernement avait constitué une entrave aux anciennes négociations.
S’agissant de la lecture politique de la nouvelle méthodologie de négociations, adoptée par le nouveau Chef du gouvernement désigné, le professeur universitaire et président du Centre marocain des Etudes stratégiques, Tarik Atlati, a mis l’accent sur la différence entre les approches et celle de la personnalité chargée de gérer les négociations gouvernementales.
« M. El Othmani veut donner l’impression qu’il est le Chef de gouvernement de tous et qui place l’intérêt national suprême en priorité », a expliqué M. Atlati dans une déclaration à la MAP.
Le succès de la décision de M. El Othmani, a-t-il relevé, dépend du degré de facilitation du PJD des conditions de négociations avec les autres partis politiques pour interagir avec un « esprit positif » avec l’autorisation accordée par le Conseil national du PJD au secrétariat général concernant les négociations.