Comment Alger organise le sabotage du plan de règlement de l’ONU au Sahara
Hassan Alaoui
Le premier s’est confié à un organe russe, le second au site « Online Maghreb ». Leur dénominateur commun ? L’attaque ad-hominem orchestrée contre le Maroc. On l’aura compris, il s’agit de Ramtame Lamamra, ministre des Affaires étrangères et de Amar Belani, rhéteur et porte-plume affublé du titre d’émissaire spécial de son gouvernement chargé du Sahara et du Maghreb . A quelques heures d’intervalles seulement, ils ont sorti leurs griffes de potiches effarouchés, le premier pour accuser de nouveau le Maroc de tous les maux auxquels l’Algérie est confrontée, le second pour nous asséner du haut de sa rédhibitoire malhonnêteté que son pays « rejette la proposition du nouvel émissaire de l’ONU au Sahara, Staffan de Mistura de commencer sa mission en organisant de nouveau les tables rondes qui réunissent Maroc, Algérie, Mauritanie et polisario ». Autrement dit les protagonistes du conflit du Sahara.
Alger, tout naturellement et comme l’on s’y attendait , a opposé une fin de non-recevoir à cette initiative , y assortissant même des menaces, notamment de « renverser les tables » – dixit Amar Belani – et de « dénoncer toute résolution déséquilibrée adoptée par le Conseil de sécurité le 31 octobre prochain ». L’un et l’autre, Lamamra et son « envoyé spécial au Sahara et au Maghreb » ont donc joint leurs voix pour cracher dans le bassinet et s’en prendre aux Nations unies, dont ils oublient comme par hasard que c’est Antonio Guterres qui a demandé ces tables rondes sous l’égide de son organisation …L’Algérie voudrait-elle saboter les efforts de l’ONU dans ce dossier qu’elle ne s’y prendrait pas autrement. Elle vient de donner la preuve la plus éclatante de sa volonté de faire capoter – avant même qu’il n’ait eu le temps d’entamer sa mission – le processus que s’apprête à engager le nouvel émissaire dont, paradoxalement, elle n’a cessé d’appeler de tous ses vœux à sa nomination.
Il y a pire, cependant, Alger a participé directement aux deux dernières « tables rondes » de pourparlers organisées à Genève entre 2018 et 2019 par Horst Köhler avant qu’il ne dépose son tablier. Elle a également pris part indirectement aux toutes premières rencontres programmées dix ans auparavant à partir de 2008 à Manhasset, dans la banlieue de New York par Peter van Walsum, alors émissaire de l’ONU au Sahara. Il est tout de même ahurissant qu’aujourd’hui Alger affiche son hostilité à un tel processus qu’elle n’a cessé de réclamer à cors et à cris. Et auquel en tout cas elle a participé plus qu’officiellement.
Les dernières résolutions du Conseil de sécurité ont tour à tour depuis deux années successives et aussi clairement que l’on en puisse exiger, mis en évidence l’implication de l’Algérie dans le conflit du Sahara et, ce faisant, sa grande responsabilité comme partie prenante. Elles ont mis en évidence la nécessité pour elle de se conformer au contenu des résolutions de l’ONU. Ni plus, ni moins. Autant dire qu’elle ne saurait s’y soustraire . L’argument que ses sbires genre Belani répètent à satiété comme la « voix de son maître » que l’affaire du Sahara est un problème de décolonisation est tout simplement le double signe de sa mauvaise foi et de sa volonté de saboter le processus engagé sous les auspices de l’ONU. Quand son « hubris » de Belani nous dit que les « tables rondes », sont devenues inutiles et caduques, son patron , arcbouté sur son dogmatisme, agite pour nous le spectre de la confrontation armée. Comme si le Maroc devait courber l’échine devant ce fleuve de menaces lancées tous les jours depuis bientôt trois mois à l’encontre du peuple marocain.
« La nouvelle résolution dont la première mouture, soit dit au passage, est profondément déséquilibrée, ne fera que consacrer une impasse programmée du processus politique et l’échec anticipé des efforts du nouvel envoyé personnel avant même que ce dernier n’ait pris son service à compter du 1er novembre ». Cette phrase nous en dit long sur les craintes inspirées au gouvernement algérien qui, comme à son habitude depuis 45 ans, accentue ses pressions la veille de chaque réunion du Conseil de sécurité. Et cette fois-ci, cela ne rate pas, Amar Belani sortant déjà son tambour funeste et défaitiste. Il est relayé par Ramtame Lamamra, vieux briscard au discours éculé, qui estime que « le Maroc est allé loin dans son complot pour déstabiliser le front interne de l’Algérie, en recourant à des groupes classés « terroristes » par l’Algérie et en se faisant assisté par Israël ». Toute cette rhétorique sent évidemment le fagot, transpire la démagogie et traduit une posture d’autant plus inquiétante que, manifestement, rien n’y fait dans cette inlassable et épuisante campagne dénigrement du Maroc…