Algérie-Maroc/gouvernance: Les performances du Makhzen face à une république en déliquescence
Par Taieb Dekkar*
Depuis plusieurs années déjà, nos frères algériens, qu’ils soient officiels, universitaires ou journalistes, choisissent de nous appeler par le nom de Makhzen.
Ce qui, dans leur esprit, parait péjoratif, est pour nous une source de fierté, tant ce mot, désigne une forme de gouvernance ancienne, propre à notre pays, qui subsiste jusqu’à ce jour. Ce qui renvoie en fait, dans la terminologie juridique d’aujourd’hui, à l’Etat, et ce qui signifie par ailleurs, que cette institution de l’Etat marocain existe depuis des siècles. Par opposition à certains pays et Etats, nés depuis quelques décennies.
Nos frères algériens y voient sans doute de l’archaïsme. Cependant, ils ne savent pas que le protectorat français au Maroc, n’a pas cherché à démanteler les structures d’organisation de l’Etat marocain ( le Makhzen) et a conservé ces structures qui prenaient en charge certains volets spécifiques de la vie des marocains, dans la gestion desquels il ne pouvait pas suppléer l’administration traditionnelle marocaine, notamment les mariages, qui étaient et qui sont jusqu’à ce jour, contractés sous l’égide des Adouls, une notion inexistante en Algérie, où nos frères célèbrent des mariages civils à la Mairie, comme dans les pays occidentaux, à cause de la longue colonisation française, mais aussi de l’absence de structures administratives anciennes solides et puissantes. Le mariage au Maroc est contracté dans une ambiance religieuse.
Certains hommes politiques algériens, comme d’ailleurs des journalistes, partant de ces clichés sur Le Makhzen, nous offrent leur modèle de gouvernance en substitution, en d’autres termes, un modèle en totale déliquescence, qui acculerait les marocains, à de longues files fréquentes, épuisantes et stressantes, pour se procurer des pommes de terre, des cartons de lait, de l’huile de table ou de la viande de poulet, que des algériens n’ont pas mangée depuis des mois.
Si dans cette situation, nos frères algériens tirent fierté de ce système «républicain, démocratique et populaire », qu’ils sachent tout de même que les marocains ne leur envieront jamais cette vie «paradisiaque». Les marocains peuvent emporter chez eux, s’ils le souhaitent, des containers entiers de pommes de terre, de fruits, d’huile, de lait, et il en restera toujours assez dans les grandes surfaces et les magasins.
Les marocains n’ont pas connu de rationnement depuis la deuxième guerre mondiale et les dernières coupures d’électricité dans la capitale Rabat, remontent à 15 ans. Les tâches fondamentales du Makhzen et des élus locaux sont bien évidemment de subvenir aux besoins des populations et d’assurer l’approvisionnement régulier et continu du marché.
Qu’ils sachent aussi que l’essentiel de nos besoins alimentaires sont produits au Maroc, grâce aux performances reconnues du Makhzen.
Certes, le Makhzen ne s’est pas donné de titres flatteurs de «république démocratique et populaire » mais il se fait une priorité d’approvisionner le marché marocain, en cas de besoin. Le Royaume assure son autosuffisance dans plusieurs domaines, notamment le lait, les pommes de terre, l’huile, les fruits et légumes, y compris les bananes locales.
« Votre modèle, vous le gardez pour vous », chers amis algériens. Le Maroc parle moins et travaille plus. Les résultats sont là.
Adopter « une république, démocratique et populaire » ne veut finalement rien dire, quand nous voyons les souffrances des populations au quotidien en Algérie, y compris, parfois, pour remplir le réservoir de sa voiture dans un pays pétrolier et gazier.
Pire, vous nous proposez votre modèle, alors qu’il a fait faillite depuis longtemps.
*journaliste et écrivain