L’affaire Meriem de Boumia déclenche le débat sur la réforme de la loi sur l’avortement
L’opération chirurgicale mortelle sur une victime de viol de 14 ans, a de nouveau déclenché le débat sur la réforme de la loi sur l’avortement.
Meriem, 14 ans, de Boumia (province de Midelt) est décédée après l’échec d’une tentative d’avortement. L’avortement a eu lieu au début du mois au domicile du jeune homme qui a agressé sexuellement la victime. Selon la chaîne de télévision 2M, la mère de la victime est également impliquée.
Les associations marocaines de défense des droits de l’homme ont décrété, le 20 septembre, une journée de deuil national. « Ce drame est passé presque inaperçu et c’est dégoûtant », a déclaré à l’AFP la militante Sonia Terrab, du collectif de féministes « Outlaws ».
Terrab espère que plus de gens se souviendront du décès de Meriem. Elle a souligné la nécessité de changer la loi « obsolète et archaïque » sur l’avortement pour protéger les femmes.
Afin de rendre plus de femmes éligibles à l’avortement légal, le parquet a soumis en juin une proposition demandant au ministère de la Santé de promulguer une loi organique énumérant les problèmes de santé pouvant conduire à une interruption légale de grossesse.
Le projet de loi traite également des grossesses causées par un viol ou un inceste, ainsi que des malformations graves et des maladies incurables que le fœtus pourrait contracter.
Le dernier grand débat au Maroc remonte à 2015 sur l’assouplissement de la législation sur l’avortement. La cause en était l’augmentation explosive du nombre d’avortements illégaux.
Une commission spéciale d’enquête recommandait en 2015 d’autoriser l’avortement « en cas de force majeure », notamment en cas de viol ou de malformations graves. Rien de concret n’a jamais été fait avec ce conseil.
Selon l’Association marocaine de lutte contre l’avortement illégal (AMLAC), entre 600 et 800 avortements illégaux sont pratiqués quotidiennement au Maroc. Parfois, la chirurgie est effectuée dans des cliniques clandestines qui répondent à certaines normes, mais d’autres fois, elle est effectuée par des « guérisseurs » utilisant des méthodes à domicile sans aucune norme médicale.
L’utilisation de pilules telles que «Artotec» devient également de plus en plus populaire. Le médicament est utilisé dans le traitement des maladies rhumatismales et est en vente en quantités limitées depuis juin 2019 en raison de son utilisation illégale dans les avortements.