Le jour où Bouteflika voulait ouvrir une ambassade d’Algérie en Israël
L’ancien président de l’Algérie, Abdelaziz Bouteflika, qui a dirigé le pays de 1999 à 2019, avait manifesté à plusieurs reprises sa volonté d’établir des contacts avec Israël. Il avait même promis d’ouvrir une ambassade d’Algérie à Tel-Aviv, selon Jeune Afrique, dans un article publié sur son site, le 24 juillet 2023.
C’est lors des funérailles du feu le Roi Hassan II du Maroc, en juillet 1999, que Bouteflika a fait un geste inédit : il a serré la main du Premier ministre israélien de l’époque, Ehud Barak, et a échangé avec lui pendant plus de sept minutes. Selon Jeune Afrique, il lui aurait exprimé son soutien au processus de paix au Moyen-Orient, à condition qu’Israël reconnaisse les droits des Palestiniens. Il aurait également affirmé son intention d’ouvrir une ambassade d’Algérie à Tel-Aviv, une promesse qui n’a jamais été tenue.
Ce geste a été perçu comme un signe de rapprochement entre l’Algérie et le Maroc, deux pays voisins qui se disputent depuis des décennies sur la question du Sahara. Bouteflika avait d’ailleurs déclaré devant des diplomates algériens qu’il comptait régler ce conflit dans les six mois, mais il n’a pas réussi à concrétiser cette ambition.
Une rencontre secrète à Paris
Bouteflika n’a pas renoncé pour autant à dialoguer avec Israël. Lors d’une de ses visites à Paris au cours de son premier mandat, il a rencontré subrepticement le ministre israélien des Affaires étrangères de l’époque, Shimon Peres. Cette rencontre a été organisée par un chirurgien français d’origine israélienne qui vivait en France. Le contenu de leurs discussions n’a pas été révélé, mais on peut supposer qu’ils ont abordé la situation au Moyen-Orient et les relations entre l’Algérie et Israël.
Bouteflika était connu pour son style de communication raffiné, marqué par l’utilisation d’imparfaits du subjonctif et de formules précieuses. Il avait également une expérience diplomatique, ayant été ministre des Affaires étrangères de 1963 à 1979. Il avait notamment participé aux négociations qui ont abouti aux accords d’Évian en 1962, mettant fin à la guerre d’Algérie.
Un revirement radical
Ces tentatives de rapprochement avec Israël n’ont pas été appréciées par tous les Algériens, qui sont majoritairement attachés à la cause palestinienne. L’Algérie est en effet l’un des pays du monde musulman les plus engagés dans la défense des droits du peuple palestinien. Elle a même participé à deux guerres contre Israël, en 1967 et en 1973, aux côtés des pays arabes.
Face à la pression populaire et aux critiques de l’opposition, Bouteflika a fini par adopter une position plus dure vis-à-vis d’Israël. Il a condamné la normalisation des relations entre Israël et certains pays arabes, comme les Émirats arabes unis et le Bahreïn, sous l’égide des États-Unis. Il a également soutenu la reconnaissance internationale de l’État palestinien, proclamé à Alger en 1988 par Yasser Arafat.
Aujourd’hui, une rencontre entre un président algérien et un dirigeant israélien semble impossible et impensable. Tout comme les négociations entre le Maroc et l’Algérie en vue de régler le différend sur le Sahara.