L’IA va générer 1200 milliards de dollars en Afrique en 2030
L’intelligence artificielle représente un atout majeur pour l’Afrique en termes d’emplois et d’opportunités futur pour un continent de plus en plus jeune. En effet, les recherches montrent que cette technologie a le potentiel de contribuer à hauteur de 15 700 milliards de dollars à l’économie mondiale d’ici 2030, dont 1200 milliards de dollars pourraient être générés en Afrique, ce qui représente une augmentation de 5,6% du Produit Intérieur Brut du continent d’ici 2030. Cependant l’ambition légitime pourrait se heurter à la dure réalité du niveau de développement de la technologie sur le continent.
L’intelligence artificielle comporte des bienfaits transversaux dans des domaines variés, elle permet d’optimiser toutes les tâches réalisées par les humains. Afin de comprendre la révolution que nous vivons actuellement, il est utile de rappeler les différentes révolutions passées et leurs impacts pour l’humanité.
La première révolution économique marque la naissance de l’industrie en Europe (dès le milieu du 18ème siècle), en Amérique et en Asie (vers le milieu du 19ème siècle), fut caractérisé par un changement profond de l’économie grâce à un changement de paradigme dans l’énergie et le transport.
La seconde révolution industrielle, démarre dans la seconde moitié du 19ème siècle, grâce à la maitrise de l’électricité. Cette deuxième étape de l’évolution de l’économie mondiale a été très bénéfique aux Etats-Unis, conjugué au développement du rail ont permis un essor de l’économie américaine la faisant passer au premier rang mondial.
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La troisième révolution industrielle, théorisée par Jeremy Rifkin, démarrée juste après la seconde guerre mondiale, a connu ses premiers effets dans les années 1970, avec la démocratisation de l’informatique suite à l’invention du microprocesseur. Cette révolution a impacté plusieurs secteurs notamment sur la production industrielle (avec une automatisation renforcée), sur la communication (avec l’essor des télécommunications), et sur la finance (avec le renforcement des échanges d’informations grâce à internet). Cette troisième révolution a illustré l’interdisciplinarité et la convergence technologique, le développement et la digitalisation dans tous les secteurs, la mondialisation dans l’économie et la notion de capitalisme distribué. Tous ces éléments conjugués ont convergé vers une digitalisation massive de l’économie et de la société.
La quatrième révolution industrielle décrite selon le président et fondateur du forum économique mondial Klaus Schwab, la 4ème révolution industrielle est basée sur la technologie mais également sur l’amélioration de la vie. Contrairement à Rifkin qui mettait en avant une transformation technologique, Klaus Schwab élargit l’impact de cette révolution technologique à tous les aspects de l’humanité, avec une centralité sur le bien-être humain. On relève le développement fulgurant ces dernières années de l’intelligence artificielle.
L’intelligence artificielle peut devenir un vecteur de création d’emploi pour des jeunes au chômage, à condition de réguler les pratiques des multinationales pour éviter les abus. L’intelligence artificielle constitue le développement des logiciels informatiques exécutant des tâches complexes sans intervention humaine. En Afrique, plusieurs start-ups se spécialisent dans l’intelligence artificielle et proposent leurs services à des multinationales. Ce nouveau secteur en expansion représente une chance pour nombre de jeunes Africains de trouver un travail, mais certains experts redoutent une exploitation de travailleurs mal payés. Collecte de données pour entraîner des logiciels d’intelligence artificielle.
La main-d’œuvre en Afrique n’est pas cher contrairement aux autres régions du monde. C’est une opération « gagnant-gagnant ». Les entreprises se tournent désormais vers les pays de l’Afrique de l’est au dépend de l’Inde pour l’installation des centres téléphoniques. Les pays d’Afrique de l’est tels que le Kenya, le Rwanda, et l’Ouganda présentent de nombreux atouts : une main-d’œuvre moins chère qui parle l’anglais, connexions internet y sont stables, différence horaire avec l’Europe peu importante.
C’est une grande question politique aussi bien pour les responsables africains que pour la communauté internationale. L’Afrique a besoin de ces emplois tout en axant sa politique sur l’amélioration des conditions des travailleurs, veiller ainsi à la sécurité des emplois et aux droits des employés.
Selon les experts, l’intelligence artificielle a des bienfaits pour l’agriculture, ou la santé. La gestion des données, des infrastructures, des terres arables non-exploitées, des ressources en eau. Cependant l’Intelligence Artificielle porte en elle des risques inhérents, la plupart des données générées en Afrique sont stockées par des multinationales hors du continent et ces entreprises pourraient profiter des réglementations insuffisantes dans les pays africains pour procéder à des tests qui échappent à tout contrôle. Il est important d’avoir les bonnes politiques pour réglementer l’utilisation de l’IA et également éviter ses risques, mais l’Afrique ne doit pas attendre que les réglementations soient en place pour adopter la technologie.
L’intelligence artificielle étant une technologie disruptive suit une évolution rapide qui exploite l’intelligence des machines ou des logiciels, transforme toutes les sphères sociales à l’échelle mondiale. Les recherches montrent que cette technologie a le potentiel de contribuer à hauteur de 15 700 milliards de dollars à l’économie mondiale d’ici 2030, dont 1200 milliards de dollars pourraient être générés en Afrique, ce qui représente une augmentation de 5,6% du Produit Intérieur Brut du continent d’ici 2030. Toutes les approches de l’Intelligence artificielle, depuis le développement jusqu’au déploiement jusqu’à l’utilisation, soient dans l’intérêt public.
Les experts recommandent que les gouvernements doivent réglementer et encourager les parties prenantes dans les chaînes de valeur de l’intelligence artificielle, en mettant l’accent sur les petites et moyennes entreprises (PME), afin de favoriser l’innovation et un accès équitable aux technologies de l’Intelligence Artificielle.
La souveraineté numérique de l’Afrique doit constituer la pierre angulaire de la feuille de route du continent vers le numérique. En effet, les gouvernements africains doivent établir des cadres éthiques pour le développement et le déploiement de l’Intelligence Artificielle grâce à la confidentialité des données, à la sécurité, à la transparence et à la responsabilité dans les systèmes de l’Intelligence Artificielle. L’Afrique doit collecter davantage de données pour avoir accès à ses propres données et les gouvernements doivent faciliter les politiques de démocratisation des données.
A l’ère de l’intelligence générative, le défi majeur est de maitriser cette technologie disruptive. C’est toute la souveraineté numérique qui est un enjeu soumis à l’appétit des géants de la tech. En l’absence d’action immédiate, l’intelligence artificielle exacerberait les inégalités déjà croissantes entre pays. Selon les experts, la plus grande menace serait la colonisation par l’Intelligence Artificielle, en effet, les pays africains ont l’obligation de maitriser l’utilisation de l’intelligence artificielle pour maintenir l’espoir de disposer d’une forme de souveraineté numérique, au risque de consommer des solutions imposées par des multinationales. Un pillage généralisé des ressources de l’Afrique, avant tout un pillage des talents, l’Afrique étant un continent de plus en plus jeune, les ressources humaines seraient ainsi formées localement par les multinationales sur leurs propres technologies.
Deuxième paramètre serait le pillage des données. Un pillage qui aurait déjà commencé selon les experts et qui devrait s’accentuer au cours des prochaines années, au point de perdre la souveraineté de nos données. Cette nouvelle forme de colonisation redoutée pourrait prendre la forme d’expérimentations dangereuses et inédites sur le sol africain. Ce qui pourrait être plus dangereux serait que l’Intelligence Artificielle intervienne dans le contexte de la quatrième révolution industrielle. Nous risquons d’avoir une combinaison de systèmes d’intelligences artificielle avec de la biotechnologie ou de la nanotechnologie. L’enjeu majeur des années à venir est de promouvoir l’émancipation technologique des pays du continent, en favorisant l’émergence d’acteurs locaux. Il faut miser dès maintenant sur une intelligence artificielle africaine pouvant répondre au défi de la souveraineté numérique. L’ambition pourrait se heurter à la réalité du niveau de développement de la technologie sur le continent.