Migration des marocains en Espagne pour compenser un déficit de 26 000 chauffeurs
Depuis le mois de mars, un phénomène inédit secoue le secteur du transport routier au Maroc. En effet, les chauffeurs marocains ont désormais la possibilité d’échanger leur permis de conduire national contre un permis de travail espagnol, une opportunité qui a suscité un vif intérêt. Nombre d’entre eux ont saisi cette chance pour rejoindre des entreprises de transport espagnoles, attirés par la promesse de salaires plus attractifs.
Cette vague de migration professionnelle n’est pas sans conséquence pour les employeurs marocains. Les autorités espagnoles imposent une condition stricte : les chauffeurs ayant acheminé les camions en Espagne doivent impérativement être présents pour leur restitution aux propriétaires marocains. À défaut, les véhicules sont susceptibles d’être confisqués. Cette exigence engendre des complications juridiques et financières majeures pour les entreprises marocaines, qui se retrouvent dans l’incapacité d’utiliser leurs flottes et de répondre aux besoins de leur clientèle.
Dans un élan de simplification administrative, l’Espagne a récemment assoupli les règles d’échange de permis de conduire professionnels avec le Maroc. Désormais, les conducteurs marocains aspirant à convertir leur permis des catégories C, D et E en permis espagnol sont uniquement tenus de réussir un examen pratique sur le territoire espagnol, les épreuves théoriques et pratiques antérieurement requises ayant été abolies.
Cette mesure s’inscrit dans la stratégie du gouvernement espagnol visant à pallier la pénurie de chauffeurs dans le secteur des transports. L’Espagne est confrontée à un besoin criant de quelque 26 000 chauffeurs, principalement pour la conduite de camions et de poids lourds. Les conducteurs marocains, reconnus pour leur professionnalisme et leur respect scrupuleux du code de la route, représentent une ressource précieuse pour combler ce déficit.
L’Association marocaine du transport routier transcontinental (AMTRI) tire la sonnette d’alarme et appelle à une intervention urgente du gouvernement pour résoudre cette crise. Elle met en lumière l’importance vitale du secteur dans la dynamique des exportations marocaines et dénonce le non-respect par les autorités espagnoles des accords commerciaux bilatéraux. L’AMTRI pointe également du doigt les restrictions imposées aux chauffeurs marocains, notamment la limitation à 200 litres d’essence lors de leur entrée en Espagne, ainsi que les longs délais d’attente pour l’obtention d’un visa Schengen.
Le secteur du transport et de la logistique accueille favorablement la décision espagnole, perçue comme une reconnaissance des compétences des professionnels marocains et une ouverture vers l’international. Toutefois, cette évaluation positive n’est pas partagée par les employeurs marocains du transport, qui redoutent un exode massif de leurs chauffeurs vers l’Espagne et d’autres pays européens en quête de main-d’œuvre qualifiée.