Mandat … Aspirations et reddition des comptes
Entre un mandat qui arrivera bientôt à son terme et un autre qui survole dans l’horizon, des bilans se dressent, des comptes se rendent, des réalisations se mettent en avant et des tentatives pour redorer le blason. Le gouvernement de Benkirane est venu dans une période où le monde arabe bouillonnait, des révolutions partout, des désagréments. Et nous à notre tour, nous aspirons à un Maroc meilleur, un Maroc avec les slogans du mouvement du 20 février, un Maroc avec une justice sociale et une démocratie. La constitution 2011 constituait bien une réponse aux demandes, sauf que l’application et la mise en œuvre du contenu était la responsabilité du nouveau gouvernement. Certes, cinq ans est peu pour tout réaliser, mais elle est aussi beaucoup pour être pionnier et poser les jalons de l’Etat de droit. Avec l’œil abstrait, nous pouvons dire que rien n’a changé, le changement se remarque au rang de la classe moyenne, des tranches plutôt stables. Les politiques publiques sont censées toucher le plus grand nombre possible de la population, d’ailleurs c’est le raisonnement selon lequel nous sommes un peu calmes en ce qui concerne certaines tranches qui malgré leur souffrance ne constituent pas une masse importante comme c’est le cas des personnes trisomiques. Suivant le même raisonnement, nous questionnons l’état de la grande majorité … est-ce celles pour qui nous élaborons des lois pour la parité par exemple ? C’est beau de chercher la parité, ce mot qui illustre le modernisme et la progression mais il y a une certitude que la grande majorité des femmes marocaines ne savent pas ce que c’est, ce qui est normal, parce que ce mot qui s’utilise ou plutôt en vue d’utilisation dans les institutions, le parlement, les organisations constituées d’hommes et de femmes, ne l’est pas pour autant présent chez les femmes à faibles revenus voire sans revenus, ou bien les veuves et les divorcées, ou encore les ouvrières dans les usines, ou celles qui sont ballotées entre les mains du libéralisme. Le Maroc ne se symbolise pas dans Rabat, Casablanca, ou bien Tanger. Ce ne sont que de grandes villes qui se comptent sur le bout des doigts. Les véritables problématiques sociales se concentrent au delà de ces territoires. Le mariage des mineurs touchent l’urbain comme le rural, mais les statistiques montrent qu’il est accru au monde rural. La pauvreté et ces gens qui tirent le diable par la queue sont plutôt propagés aux zones rurales également … Alors, nous sommes devant deux possibilités, s’intéresser à toutes les minorités même les défavorisées, ou bien se concentrer sur ce qui touche la majorité réellement, une majorité qui ne doit pas être sur Rabat ou Casa pour qu’elle soit nommée majoritaire et ceci dans l’espoir que le prochain gouvernement rectifie le tir sans effacer ou dénier les réalisations requises.
Leila El Ko-rami