IRES : Le Royaume a besoin d’une feuille de route afin de rendre sa diplomatie climatique plus performante
Le Maroc a besoin d’une feuille de route qui définit les orientations générales et les étapes à franchir, afin de rendre sa diplomatie climatique plus performante, selon une étude réalisée par l’Institut royal des études stratégiques (IRES).
Cette feuille de route est nécessaire pour que le Maroc « puisse défendre ses intérêts climatiques stratégiques, tout en continuant à contribuer aux efforts de la communauté internationale », estime cette étude sur « les négociations climatiques et les meilleures pratiques internationales ».
Cette feuille de route pourrait s’articuler autour de trois principaux axes, à savoir une politique nationale globale et intégrée à la hauteur des défis stratégiques du pays, traduite en stratégie de prévention des risques climatiques, à adopter par une loi cadre pour assurer sur le long terme la continuité et l’efficacité dans sa réalisation.
Il s’agit aussi d’une diplomatie climatique « dont le cœur du mandat de négociation est de faire valoir la stratégie nationale précitée, d’œuvrer pour l’adhésion des partenaires et l’engagement des investisseurs potentiels à valoriser les opportunités offertes et de réunir les conditions de succès de la COP22 ».
La feuille de route doit aussi être axée sur une « alliance diplomatique » dont les intérêts stratégiques convergent avec ceux du Maroc et qui offre plus d’opportunités de coopération économique et technologique pour lever les défis climatiques futurs, indique l’étude publiée récemment sur le site électronique de l’IRES.
Le document juge que la mise en œuvre de cette feuille de route est d’autant « urgente » que le Maroc se prépare à accueillir la COP22 qui aura lieu à Marrakech en novembre 2016.
L’étude, qui met en exergue la participation active du Maroc au processus de négociation sur le climat et notamment les Conférences des Parties (COP), regrette que le pays ait déployé jusqu’à un passé récent une approche plus techniciste que politique.
Sur un autre plan, les positions collectives des groupes et alliances auxquelles appartient le Maroc (groupe africain, G77+la Chine et groupe des pays arabes), ne traitent pas suffisamment et de manière ciblée les défis du Maroc, en l’occurrence, faire face à une extrême vulnérabilité climatique, mener des programmes qui sécurisent ses ressources naturelles stratégiques, valorisent ses territoires économiquement et socialement fragiles et favorisent le développement d’une économie verte compétitive, basée sur des modes de production et de consommation durables.
La position déclarée du Maroc au sein de ces conférences consiste à confirmer son engagement pour renforcer le processus de négociation pour un nouvel accord et mode de gestion du climat, basé sur les principes de respect de la responsabilité commune mais différenciée, rappelle l’étude.
Le Royaume prône aussi le droit du développement à tous les pays en insistant sur le rôle des pays développés dans le renforcement des capacités, le transfert des technologies et le financement des mesures d’atténuation et d’adaptation dans les pays en développement.
« Cette position le met en décalage flagrant avec les enjeux majeurs du pays face aux risques climatiques et ses besoins prioritaires en termes d’adaptation et de prévention des risques », avertit le document.
Si cette position fait du Maroc un pays en développement « exemplaire en termes d’atténuation à travers, notamment, son programme ambitieux en matière des énergies renouvelables, il n’en demeure pas moins, qu’en matière de changement climatique, il s’agirait plutôt d’être plus entreprenant pour défendre ses intérêts stratégiques principalement centrés sur la raréfaction, voire la pénurie d’eau dans un futur non lointain et sur les mesures qu’il faudrait prendre pour éviter les conséquences désastreuses du changement climatique », conclut l’étude.
Cette étude s’inscrit dans le cadre du programme de l’IRES sur les relations extérieures du Maroc, consacré, entre autres, à l’examen des questions globales à fortes incidences sur le développement du pays. Elle fait suite aux travaux d’études menés par l’institut sur les impacts des changements climatiques sur le Maroc, selon une approche écosystémique et sécuritaire.